Hello tous,

Comme je vous l'avais dit, je me suis fendu d'un article présentant un peu Game Story et ses enjeux. Je vous le mets ci-dessous, il est tiré du site web dna.fr, à l'adresse https://www.dna.fr/reflets/actu.

 

 

Paris Exposition Game Story

Level up

 

Créée à l'initiative de la Réunion des Musées de France et de son président Jean-Paul Cluzel, en partenariat avec l'association MO5.com, l'exposition Game Story a tout d'un jalon important dans l'histoire des jeux vidéo. En prenant place au coeur du Grand Palais, l'un des sites muséals les plus prestigieux de France, la pratique vidéoludique s'offre une visibilité et une mise en valeur qui lui faisait encore défaut jusqu'ici. Surtout, elle se voit reconnu un véritable statut patrimonial. Ce n'est pas trop tôt : au terme de 40 ans d'existence et malgré des a priori tenaces, les jeux vidéo ont intégré le quotidien de la moitié des foyers français (soit 28 millions de joueurs identifiés, selon le SELL). Ils y constituent depuis longtemps, au même titre que le cinéma, la musique ou la littérature, un vecteur de culture à part entière.

Game Story n'est pas la première initiative du genre. L'an dernier notamment, Muséo Games avait ouvert la voie en installant la culture vidéoludique au musée des Arts et Métiers, avant de faire escale jusqu'à récemment au musée EDF Electropolis de Mulhouse. Philippe Dubois, l'un des commissaires de l'exposition « Game Story » et président de l'association MO5.com, précise même que l'événement du Grand Palais représente en réalité pour l'association « notre 94 e exposition de jeux vidéo ouverte au grand public ».

Mais l'enjeu, cette fois, est d'une toute autre nature : en invitant le grand public à partir sur les traces des quarante années d'existence de ce loisir, avec le soutien de partenaires prestigieux dont le ministère de la Culture, Game Story veut plus que jamais faire acte d'ouverture, entend inviter les non-joueurs à comprendre, et apprécier, ce qui fait la richesse des loisirs numériques. « Même si les gamers ont évidemment de quoi être satisfaits de leur visite, c'est aux non-joueurs que Game Story veut d'abord s'adresser, explique Philippe Dubois. A l'image de la démarche de reconnaissance du cinéma en son temps, nous voulons faire en sorte que la culture vidéoludique soit identifiée, connue et acceptée par ceux qui ne jouent pas ». Ou pas encore, l'enjeu de Game Story tenant aussi à amener ses visiteurs à franchir le pas.

L'exposition tient sur 600 mètres carrés. Beaucoup et peu à la fois. Il a donc fallu faire des choix, et ce sont 80 jeux au total qui ont été sélectionnés, en fonction de leurs facilité de prise en main et de leur statut de jalon dans l'épopée vidéoludique, dans une ludothèque qui serait estimée entre 150 à 200 000 titres créés depuis 1972. On y peut jouer à Pong, d'Atari, qui a popularisé le loisir auprès du grand public, mais aussi croiser, pad en main, les icônes du jeu vidéo passées dans l'inconscient collectif. Mario, Sonic, Link, Lara Croft sont au rendez-vous. « Notre idée, c'était de montrer que tout le monde est imprégné de cette culture, même sans le savoir forcément ». C'est aussi l'opportunité de découvrir le matériel sur lequel ces titres mythiques ont tourné. Atari VCS 2600, Magnavox, NES, Megadrive, Playstation, Neo Geo... Les années 1980 et 1990 ont été riches de ces supports passés à la postérité.

L'exposition, didactique, dresse également des ponts avec les autres modes d'expression culturelle. S'attarde sur la manière dont les modes cinématographiques ont d'abord inspiré les créateurs, avant d'évoquer le renversement des tendances qui s'est opéré lorsque les jeux ont commencé à devenir médium culturel dominant, à donner des idées au septième art, voire à s'inviter -à l'image de Lara Croft chez Citroën- jusque dans le monde de la publicité.

En s'aventurant sur les terres de la modernité, Game Story aborde, enfin, la diversification de la pratique qui s'est opérée depuis dix ans. Elle s'invite dans le monde des univers persistants, à l'image de World of Warcraft, qui séduit des adeptes par millions. Elle postule, surtout, que la Wii de Nintendo a été une étape majeure en introduisant très largement la pratique vidéoludique dans les foyers français, séduisant par le biais de la détection de mouvements. Un concept depuis lors repris par Sony, avec son PS Move sur PS3, et par Microsoft et Kinect, qui affranchi les joueurs Xbox 360 de la manette. L'exposition permet de s'essayer au jeu Child of Eden, qui tourne avec cette technologie. Une expérience fédératrice, apte à séduire hommes et femmes, désormais quasiment à égalité dans la pratique vidéoludique. Et une conclusion en forme de points de suspension, comme pour rappeler que l'histoire des jeux vidéo se construit au rythme d'une véritable créativité. Un art ? Sans doute. Aujourd'hui, il n'est en tout cas plus incongru de le postuler...

 

"Nous sommes arrivés au bout d'un modèle"

Pour Philippe Dubois, l'exposition Game Story constitue « ce qui peut se faire de mieux dans le cadre d'un événement monté par des bénévoles.

On est arrivé au bout du modèle. Cela signifie aussi qu'il faut à présent se poser des questions sur la manière dont nous voulons conserver, et mettre en valeur ce patrimoine de manière professionnelle ». L'association MO5.com milite depuis sa naissance, en 2003, pour la création d'un musée des jeux vidéo, une piste de travail qui serait désormais à l'étude au sein du Ministère de la culture, selon le président de l'association. Elle possède une collection de consoles, ordinateurs et jeux qui serait la plus importante d'Europe. « Mais nous avons besoin de locaux pérennes pour stocker notre collection, voire pour y installer un espace d'animation grand public, milite Philippe Dubois. Si on obtenait ça, on serait aptes et suffisamment passionnés pour ouvrir un musée national de la culture numérique ».