Hello tous,

Aujourd'hui, petite balade dans l'univers d'Ico et Shadow of the Colosseus, deux classiques que j'avais envie de chroniquer à l'occasion de leur apparition sur PS3 en version HD et reliftée. Un constat, d'emblée: la magie opère toujours...

Le test est tiré du site https://www.dna.fr/loisirs/jeux-videos, où vous trouverez d'autres petites choses à lire sur les jeux vidéo. Et peut-être bientôt à voir...

 

Aventure

 

Ico, colosses et icônes du jeu vidéo [24.10.2011]

En ressuscitant Ico et Shadow of the Colosseus sur PS3, Sony offre aux joueurs la chance de découvrir, ou redécouvrir, deux sublimes classiques de la ludothèque PS2 qu'aucun joueur ne devrait ignorer. Car rien n'a changé: rassemblées cette fois dans un pack collector, passées en haute définition et visuellement affinées, les deux oeuvres de Fumito Ueda ont décidément tout d'un rêve éveillé.

La notion d'art peut-elle être invoquée dans un loisir à vocation industrielle? La question, qui se pose chaque jour davantage dans le monde des jeux vidéo, divise, et ce jusque dans les rangs de ceux par qui le débat arrive. Quitte à générer des paradoxes: concepteur à part dans l'histoire des loisirs numériques, Fumito Ueda a ainsi toujours refusé d'être considéré comme un artiste. Pourtant, ses deux premières réalisations, Ico et Shadow of the Colosseus (sur Playstation 2), font désormais partie d'un patrimoine culturel partagé par des millions de joueurs à travers le monde. Une expérience, des références, des émotions témoignant d'une véritable ambition sur la forme autant que sur le fond, c'est incontestable. Ces jeux sont importants. En s'offrant aujourd'hui dans une version remise au goût du jour, en haute définition, ils confirment à eux seuls ce que les enfants de la manette savent depuis déjà quelques années: les loisirs numériques peuvent bel et bien se définir comme un authentique acte de création. Un instant de poésie et d'inspiration.

Histoire d'une main tendue

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Ico a révélé en 2001 le talent de Fumito Ueda. Un véritable acte de création, inspiré et plein d'émotion. 

Ico a vu le jour en 2001 sur PS2, au terme de quasiment cinq années de développement. Fumito Ueda a dit à l'époque avoir voulu réaliser le jeu auquel il aimerait jouer, ni plus, ni moins. Une démarche éminemment personnelle, donc, dans un produit destiné à être distribué à grande échelle. Sans doute faut-il y chercher les raisons qui font d'Ico un jeu à part. Si les mécaniques traditionnelles en oeuvre dans le loisir vidéoludique sont respectées -à commencer par la notion de progression par l'échec-, le titre se vit avant tout comme une expérience sensorielle, comme une invitation au rêve et une sollicitation de l'imagination.

Ico est un enfant doté de cornes, voué à être enfermé dans un sarcophage en raison de sa difformité. Mais là n'est point sa destinée. Mené vers sa dernière demeure, un gigantesque château, l'enfant finit par croiser la route d'une demoiselle à l'allure éthérée. Yorda est emprisonnée, Ico la libère et décide de la sauver. Point de départ presque banal, de fait, pour une oeuvre qui n'a rien de commun. En prenant sa protégée par la main, Ico affronte certes ennemis et pièges mortels selon les codes usuels d'un jeu de plate-forme. Mais les visions du créateur Ueda confèrent à cette épopée une identité visuelle forte. La relation unissant Ico à Yorda, également, incite le joueur à se poser sans cesse la question de l'altruisme. Pas question de progresser sans tendre une main bienveillante à la fragile jeune femme en péril. Il en résulte des mécanismes de jeux complexes, subtils, mais aussi une dimension humaniste qui transfigure l'expérience ludique, qui vient démontrer combien le médium vidéoludique peut, bien employé, se faire porteur de message et de sens. Une force qui était déjà celle du jeu sorti sur Playstation 2, et qui aujourd'hui se trouve renforcée par un travail de mise à jour rondement mené sur PS3. Les textures, plus belles, la refonte des environnements en haute définition soulignent plus que jamais l'incroyable travail esthétique réalisé par Fumito Ueda. Il serait dommage de se priver d'une telle découverte, rien que pour cela.

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Shadow of the Colosseus était trop ambitieux, techniquement parlant, pour la PS2. La PS3 lui va à ravir. 

 

Mort, courage, sacrifice

Shadow of the Colosseus a pour sa part débarqué en Europe au courant de l'année 2006. Autre style, autre histoire -quoique-, mais même prouesse. La filiation avec Ico est assez évidente: ici encore, c'est un univers onirique qu'Ueda a mis en scène. Cette fois cependant, le message change: un jeune homme, Wanda, prend les armes pour rendre vie à une douce et belle jeune femme, Mono. Le héros parcourt de vastes espaces sur son fougueux destrier, à la recherche de seize colosses qu'il lui faudra vaincre pour mener à bien sa quête. Mais si l'expérience est enchanteresse, si chaque rencontre est un poème, une interrogation sur le sens de l'existence, le jeu se pose comme source de multiples paradoxes. Tuer pour donner la vie? Combattre par amour? En filigrane, Ueda explore la notion de destinée, et s'interroge sur ce que sont prêts à faire ceux qui en refusent les parfois funestes projets. Il en résulte un jeu majeur, qui se construit comme une course sans fin vers un objectif -la réunion de deux êtres- qui se dérobe à chaque fois que l'on en vient à penser qu'on l'atteint.

La Playstation 2 souffrait de ses limites techniques pour réussir à offrir une expérience totalement satisfaisante au fil de Shadow of the colosseus. La PS3, elle, parvient bien plus aisément à rendre justice à cette création: l'affichage est enfin fluide, la haute définition met à l'honneur le superbe travail accompli sur les décors et les colosses. Ici encore, donc, on ne saurait que trop conseiller à tous ceux qui ne connaissent pas le travail d'Ueda de se laisser tenter: il y a matière à (re)découvrir un classique majeur de la culture vidéoludique, l'un de ces quelques titres qui ont donné ses lettres de noblesse à un loisir par trop mésestimé. Comme Ico, Shadow of the Colosseus a de plus cette capacité à séduire aussi bien l'enfant que l'adulte, à susciter même, pourquoi pas, leur émerveillement partagé. Tel un bouleversant conte de fées.

En attendant The Last Guardian

Ico et Shadow of the Colosseus sont disponibles depuis quelques jours dans un petit coffret collector proposant les deux oeuvres à petit prix. Sans doute s'agit-il de l'acquisition la plus judicieuse de ce mois d'octobre, pourtant riche de productions de très belle qualité. Ce sera, surtout, l'occasion rêvée de se préparer au prochain jeu de Fumito Ueda, intitulé The Last Guardian (PS3). Aussi prometteur que ses prédécesseurs, celui-ci devrait s'offrir courant 2012 aux joueurs. Nul besoin de préciser qu'il s'agit d'ores et déjà de l'une des sorties les plus attendues de la prochaine année.