Yop tous,

On commence doucement à arriver au bout des photos que je voulais vous présenter suite à mon trip en Californie et au Nevada. Etape un peu exceptionnelle aujourd'hui, puisque je vais vous parler d'un site qui reste un peu à part dans mon périple: la fameuse vallée de la mort, à la frontière entre les deux Etats. Et c'est avec une bagnole pas franchement en forme que j'ai traversé ce haut lieu de la pratique du sauna en extérieur aux Etats-Unis. Frissons garantis.

Petite mise en situation, pour commencer. La vallée de la mort ne porte pas son nom pour rien. Situé à l'Est de la Sierra Nevada, ce désert a pour particularité d'abriter, en son coeur, le point le plus bas de tous les Etats-Unis. En fait, quand vous évoluez dans la vallée de la mort, vous êtes quasiment tout le temps sous le niveau de la mer, jusqu'à - 85m sous ce niveau pour être précis. Une situation exceptionnelle et paradoxale, puisque les chaînes de montagnes voisines sont au contraire gigantesques, culminant avec le mont Whitney à plus de 4000 mètres. Enfin bref, ce qu'il faut retenir, c'est que ce phénomène géographique n'est pas sans conséquences sur la température. Il n'est pas exceptionnel d'y dépasser le 50°C, le record de température aux USA y ayant même été enregistré en 2007, avec un pic à 56.7°C à Furnace Creek, l'unique bourgade qui a réussi à s'installer dans ce four naturel. On parle de température à l'ombre, hein. Pas de bol d'ailleurs, parce que de l'ombre, dans la vallée de la mort, il n'y en a pas.

Donc voilà, c'est vers ce petit paradis pour serpents à sonnettes et autres bébêtes à la peau dure que nous nous sommes joyeusement élancés au départ de Las Vegas, par un beau jour à 3 heures du matin. Je vous pose le contexte: cela faisait quelques jours déjà que je m'inquiétais d'une fâcheuse propension de ma Jeep de location à faire patiner son embrayage, et j'avais tendance à émettre quelques doutes sur la fiabilité des freins de cette heureuse bagnole. Mais bon, rien de dramatique, a priori, d'autant que les choses semblaient être revenues à la normale en passant les vitesses en mode manuel. Ni une, ni deux, nous avons donc filé vers le Nord Ouest pour rallier l'entrée de ce parc naturel, le plus grand des Etats-Unis.

La végétation n'était déjà pas bien gaillarde sur le chemin, mais très vite, elle a purement et simplement disparu du paysage. Premier signe de l'arrivée à destination, en fait.

Mais à partir de là, en contrepartie, ce ne sont que des paysages sublimes. Déserts de pierre, phénomènes géologiques incroyables comme les formations de Zabriskie Point (la photo en panoramique postée voici peu sur mon blog, c'est là), les mers de sel, les cratères volcaniques... Où que l'on pose le regard, c'est incroyable. Nous, nous sommes arrivés un peu avant 7h du matin. Il faisait déjà 40°C. Il y a un intérêt à venir tôt, d'ailleurs, outre le fait de profiter d'une température encore supportable -surtout en août-: la vallée de la mort attire les touristes, plus tard dans la journée. A l'aube, avec un peu de chance, on peut y profiter du silence le plus absolu. C'est la première fois de ma vie que j'ai pu ressentir une telle sensation. Pas de vent, pas de bruit lié à la présence humaine, pas de vie animale évidente... S'il y en avait, on entendrait une mouche voler à 100 mètres à la ronde.

Nous avons passé un peu plus de quatre heures dans le parc, avant de le fuir en raison de la chaleur insupportable. Nous avons vu ce que nous pouvions, et fait une petite randonnée dans le désert de sable qui fait, en un point précis de la vallée, furieusement ressembler les lieux aux dunes du Sahara.

J'en reviens à la voiture. Le truc à savoir, quand vous traversez les 60km de largeur que fait la vallée de la mort en venant de Vegas, c'est qu'une montagne vous attend de l'autre côté. Et pas la petite colline rigolote qu'on grimpe en cinquième, non: les pentes sont raides, les lacets nombreux. Et puis après, forcément, ça descend. Alors imaginez la tension dans la bagnole quand 1. vous ne savez pas si vous allez réussir à gravir cette foutue montagne et si la bagnole va tenir, alors qu'il n'y a franchement pas foule sur la route, 2. vous vous rendez compte que les freins, finalement, sont très, très légers UNE FOIS que vous êtes dans la descente et que, bien sûr, vous êtes bien obligés d'avancer si vous voulez voir le bout du calvaire, et 3. vous avez une copilote limite hystérique qui passe ses nerfs sur vous, comme si votre propre propension à ne pas vous sentir en confiance au volant ne suffisait pas en ce moment précis. Ce fut épique.

On a survécu, finalement. Et aujourd'hui, on en rit. Mais j'en viens à ma leçon du jour: si vous prenez une bagnole de location, testez illico tout ce que vous pouvez, quitte à demander un échange si vous repérez un problème. Ca vous évitera pas mal de désagréments...

Lone Pine, point de sortie de la vallée de la mort. Ce saloon aura été notre oasis...

La route traverse la vallée. La chaleur est telle que la chaussée est craquelée en plusieurs points.

Juste avant d'entrer dans la vallée, derniers signes de civilisation. L'aube approchait, on a pris quelques clichés...