Avoir une fille à la maison, c'est plutôt sympa.

Vous ne comprenez sans doute pas la raison d'être de cette introduction, mais j'y viens tout de suite. Avoir une fille à la maison, ça ne veut pas seulement dire que vous allez être chouchouté, dorloté, caliné du soir au matin. Ca veut dire aussi que, que de temps à autre, la fille en question s'introduit dans votre antre (sisi, là où vous planquez votre collection de figurines de demoiselles dénudées, votre PC et vos consoles) pour pousser un cri de colère et de dépit. Chez moi, hier, ça a donné à peu près ça: "Tu va me RANGER ce b... et faire le tri de ce que tu veux garder! Le reste, ça file au grenier".

Le b... en question, ce sont mes cartons et valises remplis de jeux vidéo. Alors, je vous passe la petite larme quand j'ai découvert que ce petit trésor ne suscitait pas chez ma douce la même émotion que chez moi, pour en venir à ce qui nous intéresse aujourd'hui: à fouiller dans mon b..., j'ai retrouvé quelques perles vidéoludiques que j'avais eu tendance à oublier au fil des années. Dont un 1080 Snowboarding N64 encore dans sa boîte, bien conservé et toujours OK pour une petite partie de time attack stressante à souhait.

Le résultat, c'est que la N64 est elle aussi sortie de sa boîte et qu'elle s'est installée à côté de la TV du salon. Oui, gros, gros yeux de ma douce quand elle s'est rendue compte du bilan final de son opération commando: les cartons traînent maintenant éventrés dans mon bureau, et une quatrième console a retrouvé mes faveurs dès qu'elle a le dos tourné. Et puis, je suis content, parce que ça m'a donné une idée: vous causer de ce 1080 Snowboarding qui reste l'un de mes meilleurs moments de joueur depuis l'avènement de la 3D. Quand je vous disais qu'avoir une fille à la maison, c'était sympa...

Je me souviens du jour où j'ai découvert 1080. A l'époque, mon frangin et moi avions en tête de nous acheter à deux un jeu sur N64, dont j'ai oublié le nom d'ailleurs. Toujours est-il qu'en arrivant chez notre dealer vidéoludique habituel, une livraison venait de tomber, à savoir la bombe qui fait l'objet de cette bafouille. Mais  ce 1080 Snowboarding, à l'époque, on n'en avait guère entendu parler. Quelques magazines en avaient bien tartiné quelques pages, mais on ignorait quasiment tout du gameplay. Nous, nous étions jeunes, et pas franchement friqués. On n'avait pas le droit de se planter.

La curiosité a pris le dessus. J'ai cogné mon frangin qui ne voulait pas prendre le jeu pour un motif fallacieux, et nous avons alors d'un -presque- commun accord décidé d'acquérir le divin objet. Pour ne jamais le regretter: 1080, c'est un véritable graal vidéoludique. C'est surtout, à mon sens, le seul jeu de snowboard à avoir réellement su retranscrire la sensation de glisse, la texture collante de la poudreuse, la perte d'adhérence sur la glace. C'est cela à l'époque qui rendait le jeu si addictif. Sa réalisation, franchement réussie, passait quasiment au second plan. C'est ce qui confère à 1080 une durabilité qui fait de lui un titre convaincant et incontournable encore aujourd'hui.

1080 Snowboarding propose pourtant un contenu assez chiche. Les modes ont beau diverger, l'on se retrouve toujours face à l'une des huit pistes que propose le titre. Huit, ça inclut le Half Pipe et le Big Air, mais aussi la monumentale course Deadly Fall, que l'on débloque en finissant le jeu. Un petit goût de hors piste et de liberté absolue...

Mais ce qui est remarquable, c'est la physique du jeu. Le surfeur doit constamment gérer son angle de chute par rapport à la pente, et le titre intègre la possibilité de plier les genoux pour amortir les réceptions -et pour accélérer quand s'en présente l'occasion. Vous l'aurez compris, la marge de progression est donc énorme. D'où le fait que c'est dans son mode Time Attack que 1080 puise son immortalité.

Grapiller une seconde, puis un dixième de seconde. Tout le plaisir de 1080 est ici. Une mauvaise trajectoire, un appui un peu hésitant, une petite erreur de réception... Rien n'est anodin dans ce jeu à la maniabilité diabolique. L'on se motive donc, course après course, pour tenter de réussir une course parfaite. Car la perfection n'est pas inaccessible, ici: le jeu est à ce point précis que c'est toujours le joueur qui commet une faute, jamais le moteur physique. Pas pour rien qu'il continue à me faire frissonner plus de 13 ans après sa sortie.

Enfin, il y a ce goût pour le spectaculaire. 1080 ne fait pas seulement les yeux doux aux fanas de vitesse et de belles courbes, il se paye également le luxe de proposer l'une des jouabilités les plus convaincantes en terme de gestiond es acrobaties. Grabs et spins sont implémentés, le jeu permet de réaliser pas moins d'une trentaine de figures différentes. Et pour ce faire, il ose faire preuve de technicité, ce que les jeux de snowboard modernes ont oublié. Vous voulez sortir un 540, un 720, voire un 1080? Il vous faudra multiplier les associations de boutons et de manipulations du stick du genre demi-cercle à la Street Fighter. Cela peut sembler incongru, mais je vous le dis tout de go: sortir un high-score sur le half-pipe avec ce type de gameplay confine à une extase que tout joueur devrait avoir ressentie une fois dans sa vie.

1080 Snowboarding, à mon avis, fait partie des quelques ovnis qui ont croisé le chemin de la N64. Au même titre que Goldeneye, il a marqué son époque. Aujourd'hui, il reste possible de le trouver en occasion pour quelques euros. Je ne saurais que trop vous conseiller de lui consacrer votre intérêt, si ce n'est déjà fait. Moi, je retourne à ma glisse ^^. Ah, et laissez tomber sa suite, sortie sur Gamecube. elle ne vaut pas tripette...