Voilà voilà, amis blogueurs,

Il est un peu plus de minuit et demi, je sors du cinéma où  était projeté le quatrième volet de la série "Pirates des caraïbes", sous-titré "La fontaine de jouvence". En 3D, ce qui n'apporte définitivement rien de plus à l'affaire, si ce n'est la promesse d'une migraine carabinée. Mais bon, passons et venons-en à ce qui m'amène à tâter du clavier en cette heure tardive: un premier avis sur ce qui risque fort de constituer l'un des blockbusters les plus fédérateurs de l'année.

Quelques mots pour cadrer l'histoire, d'abord. Jack Sparrow serait à Londres pour enrôler un équipage afin de partir à la recherche de la fontaine de jouvence. Enfin, c'est ce que dit la rumeur. Parce que Jack, lui, soutient mordicus que non. Enfin, c'est ce qu'il dit, lui. Et c'est ce qu'il répète au roi d'Angleterre, visiblement intéressé par l'affaire, avant d'envoyer valdinguer son vaisselier et la bonne trentaine de soldats chargés de le surveiller. Ceci, pour partir à la recherche de la fontaine de jouvence un peu contre son gré, mais pas tout-à-fait. Il est en forme le capitaine, cette année.

Vous l'aurez compris, le nouveau Pirates des Caraïbes est un grand moment de rigolade. On y retrouve avec plaisir l'égocentrisme crasse du capitaine, le goût des entourloupes et des faux semblants qui ont fait le succès du personnage incarné par Johnny Depp. Mais tout le casting est à l'avenant, tant le jeu du "ni vu ni connu je t'embrouille" est devenu un véritable sport national dans ce quatrième volet. En parlant des forces en présence, d'ailleurs... A ma gauche, il y a Barbossa, roublard au dernier degré. A ma droite je trouve la très très jolie Angelica (Pénélope Cruz), un véritable petit Sparrow au féminin aussi douée à l'épée que manipulatrice. Et entre les deux, il y a le redoutable Barbe-Noire, pirate un peu sorcier et surtout franchement très vicelard. Une vraie gueule d'atmosphère, le gaillard.

Rob Marshal, à la réalisation, déroule un scénario plus posé et plus clair que celui du troisième volet, ce qui n'est pas un mal. Mais il amène aussi sa patte personnelle à l'aventure, ce qui ne se fait pas toujours sans heurt. Le film, qui gîte dangereusement du côté de la comédie potache, enchaîne ainsi bons mots, situations cocasses et séquences d'action débridées. Avec le bon goût certes de ne jamais lasser, mais il oublie de se poser de temps à autre pour explorer ses personnages et les relations -souvent amour-haine- qui les unissent. Il en résulte un divertissement de très haut vol, jouissif au possible, mais qui sonne un peu creux à l'arrivée.

Surtout, il y a une trahison. Verbinsky, en charge des trois premiers volets, avait forgé un élément vital de la mythologie Sparrow: le capitaine, qui peut certes à l'occasion faire rire, ne devait à aucun moment constituer une figure comique en lui-même. Une règle transgressée par Rob Marshall, ce qui a pour effet pervers de ternir l'aura du personnage et de réduire sa dimension épique. Sans doute le moins pardonnable, et ce qui achève de convaincre du fait que  "La fontaine de jouvence" n'a définitivement pas l'envergure de ses prédécesseurs.

Il s'en trouvera pour le regretter, et j'en fais partie. Pour autant, Pirates des Caraïbes reste un excellent moment à passer. On y rit beaucoup et de bon coeur, et le film ménage quelques jolis moments de frisson et de poésie, qui vont d'ailleurs parfois de paire. Surtout, ne lâchez la très mignonne petite histoire de sirènes annexe, qui offre quelques-une de ses plus belles séquences au film. Elle aurait gagné à être plus approfondie...

Dernier petit détail, parce que je vais à présent me coucher: oui, il y a bien une scène supplémentaire à découvrir après le générique de fin. Mais dont les enjeux restent un peu limités. On pourra se passer d'attendre dix minutes pour la découvrir.