Yop les gars et les filles,

Petite rencontre avec le sympathique Cédric Mimouni, chef produit Xbox chez Microsoff France, qui m'a fait  le plaisir de répondre à quelques questions concernant la stratégie de la société pour la Xbox One à l'horizon 2016. Ci-dessous les propos bruts: il n'est pas inintéressant de constater que la bataille des exclusivités semble partie pour reprendre de plus belle...

Pendant un bon moment, la Xbox One a un peu cherché ses exclus, et maintenant elles sont là. C'est une offensive de la console face à ses concurrentes ?
Cette année, c'est un des moments les plus importants de notre histoire, sur cette console, puisque c'est l'illustration de la nouvelle stratégie Xbox. A savoir: des énormes exclusivités, une technologie qui évolue et un service Xbox Live qui avance. Ca se traduit d'abord par le catalogue de jeux, le plus gros de l'histoire Xbox: on n'a jamais eu autant d'exclusivités sur une période aussi courte. On va avoir quinze exclusivités sur la période allant de l'été à la fin de l'année, et on ne parle pas d'un catalogue qui sort dans trois ans. C'est la première fois de notre histoire qu'on a Gears of War, Halo, Tomb Raider, Forza Motorsport sur la même période. On veut avoir le plus gros catalogue de jeux de notre histoire, et c'est d'ailleurs pour ça qu'on ajoute la rétrocompatibilité. Avec la mise à jour du 12 novembre, ça fonctionne. Si tu as un jeu 360 qui fait partie de la liste des jeux rétrocompatibles, tu le prends, tu le lances et ça tourne. C'est de l'émulation et tu rajoutes toutes les features Xbox One en prime. On va aussi avoir une nouvelle interface qui mettra au premier plan l'aspect social.
Ca a toujours été la force de Xbox, cet aspect social.
Exactement. Et si tu regardes l'histoire de la Xbox 360, la Xbox One suit le même process. La machine évolue, son interface aussi, les innovations donnent plus de valeur au hardware. C'est pareil avec notre service live, qu'on enrichit à travers les jeux. Regarde Halo, qui a été un des pionniers du service de jeu en ligne. Tout le service Live va emmener ce vent positif autour de Halo.
Pourquoi avoir attendu deux ans pour en arriver là ?
Le lancement d'une console, c'est un énorme chantier. Des choix ont été faits, et puis on a évolué. Prends par exemple la rétrocompatibilité: au début, la solution n'avait pas été trouvée. Puis avec le temps, les ingénieurs ont trouvé la solution par le biais de l'émulation et aujourd'hui elle est dispo. On l'a vu dans nos études: la rétrocompatibilité, c'est quelque chose que les joueurs voulaient, alors on leur a donné.
Il y a aussi une sorte de mea culpa dans cette oreille prêtée aux joueurs, non ? Microsoft avait quand même lancé sa machine en annonçant des jeux dématérialisés, et par là même la disparition de l'occasion... Ca avait été très mal perçu.
Inutile de revenir sur le passé, ça fait partie de notre histoire. Je pense que la grande force de Microsoft, ça a été de réagir, de se poser des questions et de répondre aux attentes des fans. C'était très innovant, je pense, peut-être un peu trop rapide, mais très innovant. Il y a encore des éléments qui aujourd'hui resteraient pertinents, mais voilà, c'est fait. Ce qui compte, c'est qu'on a remis la priorité aux jeux, aux gamers. On a remis la priorité aux interactions avec nos fans grâce à l'interface. Notre console est en train de montrer ce pour quoi elle a été construite.

Agrandir sur la console
l'expérience Windows

 
Ce message positif est un peu parasité par l'arrivée des jeux Xbox One sur PC. On ne comprend pas trop comment ça va s'organiser. Et est-ce que ça n'interroge pas l'existence même de la console ?
Je crois plutôt que Windows 10 va élargir l'expérience Xbox One. Sur toutes les tablettes et PC équipées Windows 10, il y aura désormais une application embarquée Xbox où tu seras directement connecté à ta console et tu pourras streamer les jeux. Si quelqu'un regarde la TV, tu peux jouer quand même ! De plus, les jeux, quand ils seront disponibles sur Xbox One et sur PC, tu pourras y jouer en cross play. On va faire converger les deux communautés, qui pour l'instant sont plutôt séparées. Cette coexistence sur deux plateformes, moi, je ne vois pas ça comme une concurrence, mais comme une augmentation des opportunités pour les joueurs. Il faut aussi prendre en compte le fait que tous les jeux Xbox One ne seront pas portés sur PC. Certains titres ont leur ADN sur console, et ils y resteront. C'est l'un des intérêts de l'expérience Xbox One : tu agrandis sur ta console l'expérience Windows.
Windows 10 est gratuit, donc appelé à entrer dans de nombreux foyers. C'est une bonne stratégie, de favoriser cette interconnexion entre les supports ?
La force de la Xbox , c'est d'être dans un groupe où la technologie fait partie de la construction d'entreprise. C'est le pilier fondateur de Microsoft: un PC dans chaque domicile. La console vient compléter cette expérience. Et maintenant, tu vas avoir cette complémentarité d'expériences. Et tout ça, en faisant un focus sur l'expérience gamer.
C'est donc aussi un repositionnement de la console, plus gamer ?
L'entertainment n'est pas abandonné. Mais on voit que nos fans choisissent la Xbox One pour ses jeux: ce n'est donc pas un redressement, mais un développement de cette composante, et on donne en plus l'entertainment. Maintenant, c'est vrai qu'au début, au niveau de la communication, on avait un peu poussé sur l'aspect entertainment. A l'époque de la sortie, on avait élaboré une stratégie en deux temps: l'annonce, puis l'E3. En fait, l'E3 devait être consacré aux jeux, tandis que l'annonce était censée parler d'entertainment, de l'aspect all-in-one de la machine. Mais les gens se sont bloqués sur la première partie.
La Xbox a toujours été une console pour gamers, et ce qu'on retrouve, là, c'est l'ADN de la marque.
Et la concurrence ?
Ces dernières années, je pense qu'on a amené plus de choses à l'industrie. Et quand on parle de sorties, on parle de sorties maintenant. La stratégie d'investir sur des partenaires leur appartient: ces jeux sont aussi sur Xbox One. Nous, on mise sur nos exclusivités propres.
Et ça va continuer sur cette dynamique ?
Oui, Phil Spencer a annoncé qu'on allait se focaliser sur nos jeux first party. En 2016, on aura Quantum Break, Scalebound, Crackdown, Gears of War IV... Et ce n'est que ce qu'on a annoncé pour le moment !
Bref, tout ça, c'est pour reprendre position au niveau des ventes en cette fin d'année ?
Exactement. On a eu des signaux très encourageants. On a eu un premier trimestre 2015 très positif en termes de ventes et on s'attend à une accélération de ce mouvement positif grâce aux jeux et aux packs qu'on est en train d'apporter. Clairement, en France, on est challengers, derrière Sony. Mais on aime bien, ça nous permet d'être audacieux.