Le jeu du puzzle de Kojima

La conférence d'Hideo Kojima au GDC valait autant pour ses précisions que ses silences. Il s'est donc volontairement plié au jeu de l'interview avec le site Gametrailers.com pour clarifier certains points. La confusion maladroitement entretenue par le créatif s'est retournée contre son auteur, entraînant même Konami dans l'intox marketing. Metal Gear Solid V est donc bien la synthèse de Ground Zeroes et Phantom Pain. Il justifie sans réellement convaincre, le bien-fondé de sa démarche : "nous avons souhaité préparer quelque chose pour désennuyer la communauté".

 

Bien que ce crédo sémantique soit encombré, Kojima teste, expérimente "l'espace social" qu'il considère comme un domaine d'interactions d'avenir avec les joueurs. Lors de la présentation de la PlayStation 4, ce dernier avait en effet déclaré dans les colonnes de Edge, être très intéressé par la batterie d'applications amenée à construire cette précieuse sphère sociale tant vantée par l'armée de haut décisionnaires dépêchée par Sony. Enfin, la tête pensante de KojiPro avance comme autre raison cuisiner les méninges des passionnés, dans le but d'évaluer la réception du Fox Engine "sans mentionner l'identité de Metal Gear Solid".

 

Une supercherie assez grossière rapidement déjouée par les fans du monde entier : "nous savions dès le départ que ce ne serait pas un secret, nous voulions que nos fans en prennent conscience". La psychologie - très torturée - d'Hideo Kojima se reflète à travers son oeuvre construite depuis un quart de siècle. Militant et témoin de son temps, il cherche à donner les clefs intellectuelles au joueur dans le but de déjouer cette forme d'asservissement invariablement dénoncée par le game designer. Cette entourloupe cousue de fil blanc en est directement le prolongement.

 

Avec l'essor des réseaux sociaux, le maillage liberticide s'étend au delà du périmètre de la console de jeux vidéo. L'occasion pour Kojima de tisser de nouveaux liens avec le joueur tout en l'avertissant du nouveau danger menaçant sa liberté de conscience.