Je me souviens de cette brusque levée de scepticisme de la presse spécialisée et des joueurs lorsque Sony a débarqué avec sa nouvelle console, la PlayStation. Tout le monde ne donnait pas chère de leur peau. Pensez-vous, arriver avec une console sans mascotte sur un marché dominé par la personnification à outrance des Sonic et Mario, c'est assurément se priver d'un porte bonheur indispensable pour se faire une place au soleil. Au lieu de cela, Sony Computer poussait médiatiquement Ken Kutaragi, un brillant ingénieur au regard froid et à la mine débonnaire afin de l'associer à l'image '"technologique" de la PSX.
 
Le géant japonais avait des idées bien arrêtées sur cette industrie. Il sifflait la fin d'un songe. Fini les enfantillages et héros de cours de récré, place à un univers 3D moderne, mature et autrement plus entrainant que cette "archaïque" 2D incarnée par Sega et Nintendo. On en riait tellement de l'attitude pompeuse de Sony, tranchant avec le discours de vérité d'un Super Mario World 2 ou Sonic 3 que rien ne me semblait possible.
 
Sony n'allait assurément pas bousculer d'un iota, les duellistes Sega et Nintendo. Erreur. Sony a méthodiquement planifié sa stratégie d'assassinat industriel en commençant par se payer le plus fragile, la firme au hérisson. En abordant la pagination du making of de la SegaSaturn avec le regard froid et dépassionné qu'autorise l'âge mûre, j'ai pensé à mettre en scène cette mascotte non officielle, le coyote Crash Bandicoot. Plus sexy qu'un Kutaragi n'est-il pas ?
 
Bien que non retenu par Sony, ce faire-valoir a contribué à la croissance de la PlayStation sur le segment de marché des jeunes enfants. Pour l'occasion, et rebondir sur les 20 ans de Sonic, voici un montage ironique d'une capitulation qui n'avait fait rire personne à l'époque. Sony s'était payé la tête de Sega, un événement impensable qui avait plongé dans le désarroi bon nombre de joueurs. Joyeux anniversaire Sonic.