C’est la nouvelle sensation technologique de cette fin d’année proposée par Nintendo. Enrobés sous une innocente forme de plastique à l’effigie des plus célèbres icônes du fabricant, les Amiibo deviennent bien malgré eux l’objet d’un intense jeu de poker menteur. À ma droite, des spéculateurs en herbe à l’affut du moindre effet de rareté à exploiter pour se remplir les poches. À l’opposé, un constructeur obligé de peser ses déclarations officielles afin de couper court à cette répugnante cupidité qui lui gâche un peu cette période de fin d’année cruciale pour l’équilibre de son exercice fiscal...
 
À l’origine, une simple malfaçon a mis le feu aux poudres. Cette figurine de Samus Aran, pourvue accidentellement de deux canons à ses avant-bras s’est arrachée au prix délirant de 2500 $ (2000 €). Un cas isolé qui aurait pu prêter à sourire s’il n’avait été rapidement suivi de la même effervescence spéculative tournant autour d’une autre anomalie de production privant la princesse Peach de ses jambes infinissables. Les enchères sur Ebay se sont clôturées à 25 000 $ soit 20 000 €. Aberrant !
 
Le succès commercial de ces statuettes de plastique est certain, mais pas homogène. Avec une palette de trente modèles environ, le marché a procédé à des arbitrages en faveur des avatars les plus connus. Si bien que Nintendo adapte son réassortiment, délaissant des personnages comme l’entraîneuse Wii Fit ou encore le villageois d'Animal Crossing déjà en rupture de stock un peu partout dans le monde. « Compte tenu d’espace de vente limité dans les rayons des magasins, des figurines ne retourneront pas sur le marché dès les stocks écoulés », déclarait pétri d’une naïveté déconcertante un porte-parole du fabricant dans les colonnes du site Wired.com.
 
Au nom de cette optimisation de l’espace de vente, le prix des figurines concerné par ces ajustements a commencé à entrer en effervescence pour se maintenir autour de 70$ (56€ environ). Devant cette inflation galopante échappant au contrôle de Nintendo, ordre est donné de revenir sur les déclarations irréfléchies prononcées la veille : « Certains Amiibo souffrant d’une rupture de stock seront réapprovisionnés ». L’effet est immédiat, la fièvre spéculative retombe à des niveaux moindres. Les envieux en auront pour leur frais.
 
Le monde du jeu vidéo vit parfois de ce genre de dérive suffisamment nocive pour que les constructeurs l’intègrent désormais dans leur communication officielle.