Plongera, plongera pas ? Selon la position officielle de Nintendo, le marché iOS/Android est comparable au Styx. Préférez océan rouge dans la terminologie de son PDG, c’est-à-dire un marché ultra-concurrentiel où seul compte la saignée de ses adversaires. Avec ces conditions de marché aussi extrêmes, le géant japonais a vite fait le choix de s’en détourner en dépit de la pression croissante d’observateurs financiers convaincus de son intérêt. Mais une récente mise à jour d’une disposition d’ouverture aux produits nomades pourvus d’un écran et brevetée il y a plus de dix ans interroge sur une possible inflexion du fabricant.
 
Elle porte l’immatriculation 8.157.654, fut déposée en octobre 2003 puis aussitôt oubliée. Pourtant, cette déposition juridique préfigurait soit du redéploiement par émulation des précieuses licences de Nintendo en faveur des “seconds écrans” (et des écrans individuels des compagnies de transport), soit d’une revendication de propriété intellectuelle si un puissant de l’électronique (ou une jeune pousse) s’aventurait à exploiter le patrimoine ludique du fabricant sans autorisation préalable. En effet, les innovations technologiques produisent parfois des flous juridiques dont profitent opportunément certaines sociétés, l’émulateur PSone Bleem! pour Dreamcast en est l’illustration. C’est à l’épreuve de batailles d’avocats que les plaignants recouvrent leur droit de propriété intellectuelle. Le comportement de Nintendo se voulait donc préventif.
 
Le 23 juin de cette année, la firme de Tokyo a réaménagé ce brevet. Il n’a été porté au public que récemment (hier pour être précis). Cette temporisation a été certainement décidée par l’actualité brûlante de l’été dernier durant laquelle Nintendo était dans l’oeil du cyclone médiatico-financier. Ce communiqué aurait ajouté de l’huile sur le feu alors que le fabricant cherchait l’apaisement. Ce brevet consiste à émuler les consoles portables d’ancienne gamme (GB, GBC, GBA) en direction de dispositifs électroniques avec entre autres mise à jour visuelle.
 
Il est très tentant de donner une coloration tendancieuse en raison du contexte sulfureux dans lequel évolue Nintendo. Rien n’indique que cette republication définit un paramètre juridique solide protégeant à nouveau le fabricant d’entreprises peu scrupuleuses déambulant en roue libre au sein du marché iOS/Android. L’inverse est aussi vrai.