Très à cheval sur ses acquis l’amenant souvent à s’approprier sur le tard les formidables progrès technologiques qui dynamisent l’industrie du jeu vidéo, Nintendo fait montre d’une identique apathie lorsqu’il s’agit de se saisir des faits de société. Son refus strict d’intégrer les relations homosexuelles dans la simulation sociale Tomodachi Life atteste d’un conservatisme moral absolu, reflet d’une régulation moralisatrice passéiste pour ses détracteurs. 
 
Dans l’intention de se dédouaner, le constructeur a évoqué la nature « fantasque et excentrique » du jeu, éloignée du réel. Un combat d’arrière-garde selon des “pétitionnistes” très remontés, ce qui n’a pas empêché au titre de briller dans les classements internationaux.
 
Cette polémique a visiblement laissé des traces dans l’esprit bien-pensant de la branche marketing de Nintendo, garant des préceptes moraux et colorés des jeux qu’elle est chargée d’habiller comme de l’image de marque du fabricant. Au garde-à-vous des stratèges en com’ eux-mêmes adeptes du story-telling, les producteurs enrobent souvent les réalités de développement d’un jeu afin de le présenter sous un angle consensuel. C’est le cas de Captain Toad : Treasure Tracker prévu pour début 2015 en France et ce mois-ci au Japon.
 
D’après le chef de projet Koichi Hayashida, le personnage vedette de ce titre comme d’autres icônes de la marque a été créé « sans décider du genre auquel ils appartiennent, même si leur apparence le laisse deviner. » Et pour prouver ses dires, celui-ci mentionne qu’à l’intérieur du manuel original de Super Mario Bros. 2 (NES/1988), l’avatar Birdo est représenté comme une fille persuadée d’être... un garçon.
 
À sa décharge, les épisodes suivants ne feront plus allusion à cette interrogation. Cette anecdote suffira-t-elle à rassurer les théoriciens du genre sur l'esprit d'ouverture de Nintendo ?