Sa tête est mise à prix, la légitimité de sa croisade lui est violemment contestée. Anita Sarkeesian a mis les pieds dans le plat en s’attaquant sans ménagement à un des multiples travers qui rongent l’industrie des loisirs interactifs, la représentation caricaturale de la femme dans le jeu vidéo. D’autres avant elles ont essuyé railleries sur leur supposée culture vidéoludique qui justifierait leur place parmi la communauté des joueurs à dominante masculine.
 
À cette nouvelle atteinte à son intégrité de joueuse, Anita a choisi d’évoquer dans les colonnes du quotidien New York Times un souvenir d’enfance, Nintendo, la figure tutélaire de tout un chacun pour mieux dénoncer le profond enracinement des comportements misogynes. Alors qu’elle n’était qu’une fillette, elle raconte comment devant le refus de ses parents de lui acheter un(e) Gameboy, la petite Anita fera face sans en avoir encore conscience à un positionnement marketing discriminant. « Ma mère pensait que ce jouet était destiné prioritairement aux garçons. Pourrais-je vraiment lui en vouloir ? C’était écrit noir sur blanc : Game Boy. »
 
En dépit de son âge tendre, la force de conviction d’Anita eu raison des a priori de sa mère, la première console portable de Nintendo fut sienne. Avant de se rendre compte que la forte propension du catalogue Gameboy s’orientait ouvertement vers l’exacerbation de l’émoi masculin. « J’aime toujours jouer de temps à autre, toutefois je me suis constamment sentie mal à l’aise avec le sexisme qui imprègne viscéralement la culture vidéoludique. »
 
Le lancement de la Wii réconciliera cette infatigable militante avec le média, citant des expériences ludiques telles que Mario Kart, de Blob comme « enrichissantes ». Certains titres PC trouvent également grâce à ses yeux dont notamment Half-Life 2, Mirror’s Edge ou Spore. Selon Anita, la Wii aurait aidé à redéfinir le jeu, très loin du stéréotype « jeu de tir à la première personne taillé pour jeunes hommes. » Mais au lieu de se satisfaire de l’expansion de l’industrie, « certains » qu’elle ne nomme pas ont critiqué ce nouveau segment de marché lui reprochant sa facilité, sa féminité pour en définitive « ne peut être inscrit dans la catégorie jeu vidéo. »