Nintendo est très à cheval sur la protection de ses droits d’auteur. Si d’aucuns s’arrogent la part de rêve qu’elle a patiemment installé dans les foyers du monde entier sans son consentement, le rappel à l’ordre peut être douloureux. Que l’ont soit Youtuber starifié ou... ancien employé de Nintendo ! C’est l’amère expérience que vient de vivre Marcus Lindblom, un fervent admirateur du jeu Earthbound commercialisé sur Super Nintendo il y a près de 20 ans et produit par un certain Satoru Iwata...
 
 
L’homme n’est pas totalement étranger à ce jeu, il a été responsable de sa localisation nord-américaine. La réédition de ce titre sur la plate-forme de téléchargement de la Wii U, le pousse à prendre la plume afin de coucher sur papier glacé sa dévorante passion ainsi que des anecdotes sur son travail de traduction. Alors, il fait appel à la générosité publique depuis Kickstarter afin de financer son projet de livre sur Earthbound, et n’oublie pas d’aviser Nintendo « par courtoisie professionnelle », souligne-t-il lors d’une interview accordé à Polygon.com.
 
Se doutait-il que ce scrupule allait réduire à néant son projet ? En effet, Nintendo alerté des intentions de Marcus lui a adressé une missive rappelant que quitter définitivement les locaux de la société ne signifie pas pour autant recouvrer sa liberté de parole pour vendre à qui mieux mieux ses souvenirs professionnels. Aussi lointaine soit-elle et même en cas de rupture unilatérale de contrat de travail, la signature d’un NDA (clause de confidentialité) reste toujours valide. « Je dois beaucoup à Nintendo [...] ils m’ont ouvert les portes de cette industrie », résume-t-il dignement. Manifestement, la colère refoulée le dispute à la prévenance « de ne pas faire de vague avec mon ancien employeur. »
 
 
Marcus Lindblom a rejoint l’ex numéro un mondial du jeu vidéo en 1990. Quatre ans plus tard, il est chargé de traduire Earthbound. Son assimilation exemplaire de la culture d’entreprise et de la langue japonaise avait été remarquée par ses supérieurs. Ces prérequis étaient nécessaires pour retranscrire de la façon la plus juste les nombreux particularismes linguistiques du Japon dont regorge le jeu. « Les développeurs souhaitaient que j’américanise l’humour japonais », glisse-t-il. La traduction mot à mot n’était pas de leur goût, Marcus a donc joui d’une « grande liberté [...] après toutes ces années, les joueurs continuent de penser que c’était bien amené. »
 
L’homme se défend d’avoir eu l’intention de gagner de l’argent sur le dos de Nintendo : « Je voulais juste couvrir les frais de productions et de publication [...] je pensais que dans un sens, je le devais aux fans » glisse-t-il. Aussi, le courroux du fabricant est difficilement compréhensible pour lui. Il rejette l’idée que Nintendo a quelque chose à cacher, une controverse sur la teneur caustique des dialogues par exemple. Marcus oriente davantage son interrogation sur la préservation absolue, voire maladive, du secret professionnel.
 
Il fait la promesse de respecter le choix de Nintendo sans toutefois s’interdire de rassasier la curiosité de la communauté de fans d’Earthbound très active sur Internet.