Microsoft est en pleine opération de reconquête. Son image écornée après un E3 2013 raté à l’applaudimètre a visiblement pesé sur le rush des ventes de fin d’année. Les stratèges en communications du géant américain sont donc sur les dents. La diffusion tous azimuts de communiqués de presse impersonnels ne suffit plus à déminer un contexte délicat. Ces derniers poussent les cadres emblématiques à s’exercer à de véritables danses du ventre afin de balayer définitivement la défiance persistante des joueurs.
 
Premier acte de cette séance d’expiation, dire du bien de ses adversaires. Le rictus en sus.
 
Cheveux permanentés, verbe percutant, le président de Microsoft Studios Phil Spencer possède l’ossature du parfait corporate. Un vernis world company détestable pour le consommateur se définissant avant tout comme un fan d’une marque. L’homme s’essaie donc à ce simulacre en troquant ses accents guerriers pour un vocabulaire châtié où tout n’est qu’amour et respect pour son prochain. Phil Spencer réserve la primauté de ce traitement de faveur calculé à Nintendo, le “moins-disant” de cette nouvelle génération.
 
<< L’argument immanquable à leur sujet est qu’il possède des studios au talent fantastique. >>
 
Voici le propos élogieux venant immédiatement à l’esprit du dirigeant lorsque les journalistes du magazine OXM l’interrogent sur les atouts du fabricant japonais. D’autres compliments lui emboîtent rapidement le pas : << ses consoles de jeux vidéo sont dévouées à leurs propriétés intellectuelles >> avant de prévenir << sans mauvais esprit. >> Sous entendu Nintendo privilégie ses propres titres au détriment des éditeurs. Chassez le naturel, il revient au galop.
 
Cette ressource immatérielle, Microsoft a cherché à se l’approprier, Spencer ne s’en cache pas le moins du monde : << à l’évidence, l’historique de la franchise Killer Instinct n’appartient pas à la Xbox mais à Rare [...] Nintendo a engrangé un énorme succès avec cette licence. >>
 
Derrière cette commedia dell’arte se dissimule la prédation de Microsoft dont l’appétit pour certains jeux de Nintendo ne se dément pas.
 
 une place l'attend aux feux de l'amour