Un parfum de déroute flotte de manière persistante autour de Nintendo. Au sortir de la bulle Wii, les faiblesses du fabricant apparaissent plus nettement aux yeux des analystes financiers et observateurs industriels. Selon ces derniers, la Wii U ne s’imprime pas dans le rythme effréné de ce nouveau cycle technologique. Elle peine à percer sur les marchés stratégiques en premier lieu desquels les États-Unis, suivies de près par la locomotive européenne, l’Angleterre.
 
L'hiver en pente douce ?
 
Or, Nintendo est considérée comme une valeur dite exportatrice, dans la mesure où elle réalise traditionnellement plus de 80% de ses ventes à l’étranger. Pour l’exercice 2012, la répartition régionale des ventes est la suivante. Amériques : 37,2%; Europe : 26,7%; Reste du monde (hors Japon) : 3,2%. Additionnées entre elles, ses parts de marché (pdm) réalisées à l’international ont fondu comme neige au soleil depuis le pic de 2008. En effet, sa pdm tutoyait les 90% (87%) tandis qu’en 2012, celle-ci peine à atteindre les 67,1%. Identique décrochage pour l’exercice fiscal de 2013 (sa pdm perd moins de deux points, à 65,7%). Au cours des six premiers mois de l’exercice fiscal 2014 (qui a commencé en avril 2013), Nintendo s’est résignée à sabrer ses prévisions de ventes (matériels comme logiciels).
 
Un consensus mou ?
 
L’avertissement sur résultats qui ne dit pas son nom consolide le consensus des analystes exprimant de forts doutes dans la capacité de Nintendo à dégager un chiffre d’affaires supérieur à 100 milliards de yens. Le bénéfice d’exploitation scruté à la loupe par la communauté financière est également révélateur de la bonne santé de la société. Cet agrégat était le seul motif de satisfaction des investisseurs lors du troisième trimestre 2013 (Q3), le plus redouté, car il a représenté jusqu’à 50% des profits réalisés sur l’année. Celui de 2014 est attendu dans le vert.
 
Les voeux de 2014
 
Au regard de ce déprimant tableau, des agences d’études financières émettent des recommandations à destination des investisseurs, actionnaires ainsi qu’aux décideurs et dirigeants de... Nintendo. Si l’année fiscale 2014 est une nouvelle fois synonyme d’enlisement financier, alors le président Satoru Iwata devra prendre ses responsabilités. Les plus remuants d’entre eux appellent l’homme fort de Nintendo à la démission voire poussent le fabricant à créer des passerelles entre son écosystème propriétaire et les smartphones. Ainsi, le cabinet Jefferies Group estime que la société japonaise à 90%-100% de chance de publier des résultats décevants, évalue à 75% la probabilité qu’elle changera de stratégie produit mais juge à 25% l’hypothèse d’une démission/éviction d’Iwata de son poste suprême. Sans oublier l’arrêt de la Wii U...
 
Pompier pyromane
 
Face à cette fronde, Nintendo a organisé une conférence téléphonique le 20 décembre dernier afin d’éteindre le début d’incendie. Très peu d’informations ont filtré, mais la dernière sortie du PDG de NoA répond publiquement aux attentes des analystes au sujet du marché porteur des smartphones. Selon ses déclarations, Fils-Aimé démontre que Nintendo n’est pas paralysée par ses positions établies. Elle étudie de manière sérieuse la création de têtes de pont avec ce créneau pour le moment apprécié du fabricant comme simple relai marketing.
 
Iwata dans l'oeil du cyclone
 
Nonobstant le caractère rassurant de ce message qui leur est adressé par média interposé, la communauté financière gardera les yeux rivés sur le résultat opérationnel dégagé après la grande bataille de Noël. En cas de désappointement, leur travail de sape (fréquentes recommandations négatives, déclarations assassines de Patcher) redoublera de vigueur jusqu’à avoir la peau de son président.