S’il fallait répertorier les anticipations pessimistes d’analystes depuis le lancement de la NES, Nintendo aurait mis la clef sous la porte une bonne centaine de fois. Ces nombreux ratés n’ont pas modéré leur zèle, car les bougres, ils insistent ! Le démarrage tout en douceur de la Wii U compliqué (?) par la commercialisation de la PS4 et de la Xbox One leur donne de la voix pour entonner leur refrain favori.
 
Plutôt que d’aligner des contre-arguments déjà remâchés ici ou là, et même partout ailleurs, pourquoi ne pas faire un saut dans le temps pour nous amuser de ces hommes de paille ?
 
Les années 90 sont présentées comme la décennie de tous les dangers pour ce géant d’acier, car la domination sans partage du marché nord-américain (plus de 90% de parts de marché confisqué à ses concurrents avec la NES) s’apprête à être véritablement contestée par la console nouvelle génération de Sega, voire fragilisée en raison du creux économique qui touche les États-Unis. Hier comme aujourd’hui, ce qui compte c’est d’avancer l’argument massue, l’incontestable, le prêt à penser (ou copier/coller) destiné au plus grand nombre. Dans cette vidéo, la présentatrice de ce reportage énonce << un consensus de plus de 22 analystes >> s’accordant sur les difficultés montagneuses qui attendent le géant japonais : << saturation de son marché, concurrence plus aigüe, récession. >>
 
Cheveux gras, raie au milieu Sean McGowan est un très sérieux analyste de la jadis “Toy Industry” à la dialectique posée, mais irréfléchie : << de mon point de vue, le secteur jeu vidéo amorce une phase de déclin [...] l’ensemble des foyers américains est déjà équipé d’une NES [...] les achats de jeux vont ralentir. >> Et à Nintendo de subir enfin la compétition féroce venue elle aussi du pays du Levant : << la Genesis est une console 16bits plus puissante, capable de produire de superbes animations, de proposer des expériences plus profondes, plus amusantes >> s’engorguillait Tom Kalinske, président de Sega of America. Du grain à moudre, les observateurs industriels n’en manquent pas. Et quand bien même, un porte-parole de Nintendo s’explique au micro de la journaliste, c’est pour mieux valider leur thèse : << nous remarquons que 40% des joueurs sont des adultes de plus de 18 ans [...] le public s’est aussi féminisé [...] nous repositionnons notre campagne publicitaire vers ces segments émergents >>. Le fabricant change son fusil d’épaule, les analystes l’interprètent comme une fuite en avant.
 
Le prix de la NES ainsi que ses jeux sont en outre pointés du doigt, plongeants les parents dans une situation délicate : << la cherté de la console grève le budget jeux >>. À cela, les prévisionnistes de tous poils mettent en balance << la loyauté à la marque Nintendo >> des foyers américains si le fabricant est déterminé à lancer un successeur à son format vieillissant, << et surtout à quel moment [...] les réponses à ces questions définiront le jeu vidéo de demain. >>
 
Puis vient le debrief. La journaliste rappelle au chef éditorial de la chaîne qui lui donne la réplique que << derrière les écrans animés >> qui font bip-bip << se cachent des intérêts colossaux >>. L'idiot regarde le doigt...