Coutumier des formules à l'emporte-pièce qui font les choux gras de la presse en ligne anglo-saxonnes, David Cage (Heavy Rain/PS3) récidive. L'homme, en plus de se persuader d'être l'incarnation absolue du jeu cinématographique, une forme noble et artistique du jeu vidéo que peu de personne à par lui est capable de prétendre, nous gratifie avec sa rhétorique flamboyante, de sa vision de l'avenir vidéoludique. Esprit mou comme une guimauve, es-tu là ?
 
"Il suffira de penser à ce que vous voulez faire sur l'écran pour que votre personnage s'exécute" professe-t-il avec la puissance évocatrice et auto-réalisatrice qu'on lui connaît. Ainsi, le responsable du studio Qantic Dream envisage les consoles de demain entièrement contrôlées par la pensée du joueur. Les travaux de scientifiques en laboratoire sur des personnes mal voyantes offrent une inspiration étincelante à ce génie incompris de la narration interactive. Toutefois, Cage tient très vite à nous rassurer : "la révolution vidéoludique se fera par la richesse du contenu". Ce surdoué auto-proclamé s'ennui des jeux de tir basés "sur la violence". Il appelle de ses voeux à un sursaut de l'industrie en faveur de jeux "capables d'aborder des thématiques plus matures".
 
Habité par cette clairvoyance que tous les grands créatifs de l'industrie lui envient, D. Cage se pose là, comme le chantre d'une forme moderne de game play, faisant du joueur "un acteur plutôt qu'un spectateur passif". Il est vrai qu'Heavy Rain avait élevé à des sommets insoupçonnés l'engagement du joueur à l'intérieur d'une histoire alambiquée.
 
A l'image d'un trop ambitieux Hideo Kojima (qui saura, l'espère-t-on très vite nous faire oublier MGS4), D. Cage est l'idiot utile d'une discipline nécessitant rigueur et humilité. Fanfaronner à longueur d'interviews que le jeu vidéo doit être repensé pour évoluer, c'est s'exclure toujours un peu plus de l'intelligence de son métier : l'interactivité.