Yves Guillemot est un homme de cirque. La présentation de ses résultats financiers semestriels a été prétexte à un incroyable numéro de contorsionniste devant un parterre d'actionnaires et d'investisseurs sur les dents. La question de la hausse incessante des coûts de développement obsède la communauté financière si bien que des éditeurs comme Ubi Soft s'adonnent à un saupoudrage sémantique afin d'entretenir l'opacité sur cette réalité qui s'impose à eux.
 
"Pendant les deux premières années, la production simultanée de jeux haute définition et nouvelle génération nous permet de contenir l'inflation des coûts de développement" argumente l'homme fort d'Ubi Soft. Cette mutualisation du processus de production de deux consoles de cycle distinct a pour effet vertueux de dégager des gains de productivité immédiatement réaffectés à l'investissement. Toutefois, cette solution miracle serait limitée dans le temps "la troisième année sera incertaine" car la courbe d'apprentissage atteindra son maximum "lorsque nous tirerons pleinement parti des capacités des consoles".
 
Guillemot nuance son propos : "il ne faut pas perdre de vue que les recettes par produit augmentent". Même si intérieurement cette perspective ne l'enchante guère "la durée de vie de ce prochain cycle sera plus long que le précédent". La maximisation du contenu additionnel sera donc l'arme privilégiée afin de rentabiliser les frais de développement pharaoniques mais également la raréfaction des jeux triple "A" dans le catalogue de l'éditeur est rigoureusement envisagée.
 
Autre phénomène passé sous silence, la consolidation du marché. Les éditeurs seront contraints au mariage de raison afin de faire face à l'envolée des coûts. Les actionnaires, on peut les comprendre, ne souhaitent pas voir diluer leur dividende dans des opérations de rapprochement avec d'autres éditeurs...