Au même titre que les Nintendo Direct, les Iwata Ask sont devenus le passage obligé pour aiguiller avec un sens pédagogique approprié, les joueurs avident d'informations sur la Wii U et la 3DS. Ces tours de table très didactiques cachent en réalité une volonté de maîtriser de bout en bout une communication devenue stratégique pour Nintendo. Les journalistes, imprévisibles par nature, sont priés d'écouter. Ce qui n'empêche pas de trouver un intérêt - même infime - dans ce jeu de question et réponse parfaitement mis en scène et pour lequel chaque mot aura été soigneusement choisi.
 
Pour ce thème, des ingénieurs du pôle R&D qu'on imagine castés ont été convoqués pour livrer leur expertise sur les différents challenges que leur a posés le dispositif du GamePad, véritable star system de la console, bien davantage que la console elle-même. Le principal souci pour les têtes pensantes de Nintendo aura été de résorber à portion congrue le temps de latence de la manette. Contrainte inhérente au format sans fil surtout lorsqu'ils sont très sollicités pour répondre à des séquences soutenues de gameplay. La conduite de ce tour de table revient naturellement à Iwata : "nous avons relevé un défi que personnes d'autres n'avaient jusqu'ici réussi" se félicite le président de Nintendo.
 
 
Une lecture vidéo classique (film...) n'exige pas un flux constant de données, la moindre interruption peut être jugulée par la mémoire tampon du GamePad, précise l'homme fort du géant japonais mais "lorsque Mario doit effectuer un saut, s'il ne s'exécute pas après avoir appuyé sur le bouton" l'expérience de jeu est ruinée. Soucieux de contenir les coûts de production de son dispositif, les ingénieurs ont donc travaillé sous une double contrainte : travailler avec une technologie peu disposée à la gestion vidéo en flux tendu, dégoter des trésors d'imagination pour atteindre les objectifs fixés. Le département Nintendo Product Development aura trouvé une solution simple au demeurant : "nous avons réduit la taille des images durant le transfert" déclare Kuniaki Ito.
 
Les avantages ont été multiples. Quantité de mémoire réduite, consommation d'énergie en baisse, le GamePad peu donc être présenté comme le véritable chef d'orchestre de la Wii U, la console est reléguée en simple exécutant. Michel Ancel s'était d'ailleurs ému dans les colonnes du magazine Nintendo Power du temps de réponse quasi-infime de la manette à écran : "elle peut être envisagée comme un réel élément de game design". Une brèche est ouverte.
 
 
Une prouesse technique qui pose tout de même question. Nintendo surf en effet sur le phénomène d'hybridation, une tendance forte touchant les produits high tech. Le GamePad dispute maintenant la vedette au format de poche, la 3DS. Son autonomie volontairement bridée place la nouvelle console de Nintendo en système intermédiaire bien que la remarque risquée d'Iwata semble aller dans le sens de la convergence : "le GamePad possède toutes les caractéristiques d'une console portable." Tout l'art du département marketing de Nintendo sera de poser un arbitrage clair dans l'esprit du public afin de prévenir tout risque d'amalgame.