Christoph Hartmann, le tout puissant responsable du très en vue 2K Games fait montre d'un appétit démesuré pour la technologie et réclame une rupture radicale avec le concept dominant des jeux HD. Pour ce dernier, le photoréalisme aura toutes les chances d'assainir le marché en l'ouvrant vers des genres de jeux plus innovants.
 
L'industrie serait prisonnière de ses propres limites techniques, c'est pour cette raison qu'elle verse avec outrance dans le jeu de tir à la première personne : "Reproduire l'expérience de Mission Impossible dans un jeu est facile, l'émotion dans le film Brokeback Mountain l'est moins" affirme Hartmann. Saisir et transmettre l'émotion aussi fort, aussi loin que se l'autorise le cinéma hollywoodien ouvrirait la voie vers d'autres chemins créatifs moins escarpés et encombrés que le fps de base. Plus contestable, sortir de cette impasse équivaudrait également à atteindre le niveau maximal de puissance qu'une console de jeux vidéo serait à même d'offrir.
 
L'industrie est baignée par cette part de rêve devenue le moteur créatif des développeurs. Mais le pragmatisme des éditeurs frappés par une aversion au risque de plus en plus élevée prime sur l'imaginaire. Il est étonnant où désolant de constater l'extrême prégnance de la haute technologie et de la créativité dans ce discours quand d'autres sociétés (Nintendo anyone ?) font fi de tout déterminisme technologique pour laisser exploser à l'écran des univers toujours plus imaginatifs.