L'affaire est entendue. En reproduisant le même paradigme, Nintendo se coupe une nouvelle fois de la standardisation technologique qui arrange bien les affaires des éditeurs mais pas le constructeur à la recherche de critères de différenciation. L'article fleuve de Kotaku.com regarde par le petit bout de la lorgnette la Wii U, déjà condamnée selon l'auteur de cette charge à sens unique.
 
Encore absente des étalages des magasins, la nouvelle console de Nintendo serait marquée par une obsolescence précoce, comme prise entre le marteau et l'enclume. "Dès que les prochains formats nouvelle génération seront disponibles, la Wii U sera dépassée [...] ses performances seront similaires à celles d'un iPad" témoigne sous le sceau déloyal de l'anonymat un développeur. Pire, Nintendo ne disposera pas assez de marge de manoeuvre pour faire illusion devant la toute puissance des PlayStation Orbis et Xbox Durango.
 
L'auteur admet qu'il est difficile d'apprécier les capacités graphiques de la Wii U. Celle-ci compenserait certaines faiblesses (processeur central) par d'autres facteurs (mémoire vive, processeur graphique) brouillant la grille de lecture d'un tableau comparatif entre elle et les 360/PS3. Cependant, la Wii U affiche déjà une certaine aisance visuelle, notamment avec la démonstration d'Assassin's Creed 3 projetée à l'E3. Cette supériorité serait toute relative, la dernière version de l'Unreal Engine 3 dopée à DirectX 11 serait bien trop copieuse pour le nouveau format de Nintendo, affirment des développeurs alors qu'il en serait tout autre pour les consoles next gen de Microsoft et Sony.
 
Selon les sources de Kotaku, c'est une volonté délibérée du numéro un sortant, en quelque sorte un renoncement. Nintendo aurait choisi un étalon technologie qui prendrait la forme d'un compromis entre la version optimisée de l'UE3 bridée à DirectX 9. La raison avancée est la faiblesse du processeur central, incapable de suivre le jeu d'instructions de Microsoft. Afin de proposer une console silencieuse à faible consommation d'énergie, le géant japonais aurait modéré la vitesse de calculs du CPU de la Wii U.
 
Dans ces conditions techniques, la version 4 du moteur 3D vedette du studio Epic est exclue. Reggie Fils-Aimé avait pesté contre l'idée que la Wii soit en dehors des phénomènes de masse (succès planétaire de Call of Duty), celui-ci semble à peu de chose près avoir été écouté par son état-major : "certains titres n'ont pas fonctionné sur Wii parce que l'éditeur ne souhaitait pas retravailler son jeu en définition standard alors qu'il a dépensé beaucoup d'argent dans une version haute-définition. C'est un coût supplémentaire que l'éditeur n'était pas disposé à concéder" soupirait le responsable de Nintendo of America.
 
Des développeurs désabusés par une Wii U évoluant dans le registre de l'innovation conceptuelle, des journalistes se faisant bêtement l'écho des intérêts terre à terre des éditeurs. Ce contexte de défiance irrationnelle posant un défi à la capacité créative de la communauté des développeurs fait grincer des dents. Ce pilier du jeu vidéo apparaît comme un empêcheur de tourner en rond, à une industrie aveuglée par le culte absolu du tout technologique. Nintendo possède un recul précieux sur cette question alors que le plafond technique se rapproche pour les nouvelles consoles concurrentes très dépendantes du bond visuel significatif, seul argument de vente.