A peine un an après avoir commercialisé la 3DS, Nintendo envoie un très mauvais signal au marché en ajustant pour la troisième fois sa console portable. Les deux précédents réajustements tarifaires et cosmétiques n'auront pas suffit, le fabricant se lance dans une réactualisation en profondeur de son format de poche non sans susciter des interrogations sur la bonne gouvernance du fabricant. Un dysfonctionnement de plus dans la communication de Nintendo ?
 
Le secret éventé par le quotidien économique Nikkei durant l'E3 avait forcé Nintendo a décaler son annonce. Le constructeur veut rester maître de son agenda et entend le faire savoir en privilégiant désormais son propre canal d'information, le Nintendo Direct. Jugée moins ambitieuse sur un plan purement technique que la PS Vita, la 3DS se distingue par un catalogue de jeux toujours plus innovant. Qualifiée d'élitiste, la politique de prix du numéro un mondial avait été fortement revue à la baisse. Deux faiblesses que Nintendo a su corriger à temps afin de redresser des ventes atones.
 
 
Le numéro un mondial avait alors imaginé un plan de compensation destiné aux acheteurs de la première heure afin de tuer dans l'oeuf une grogne déjà perceptible. Las, les joueurs ne seront pas au bout de leur peine. Sous la pression des éditeurs de poids (Capcom en tête), le géant japonais imagine un accessoire supplémentaire dans le but de palier l'absence de second stick analogique, indispensable à la bonne jouabilité de certains titres dont notamment Resident Evil Révélation. Le joueur encaissera le coût/coup porté à son porte-monnaie. Les grandes vacances scolaires sont traditionnellement favorables aux consoles portables, le fabricant profitera donc de cette vague porteuse pour dévoiler un nouveau modèle de 3DS au confort visuel plus marqué que le format précédent. Avec un prix de 45 à 50 euros plus chers, elle concentre en elle les motifs d'une nouvelle insatisfaction.
 
La 3DS XL n'incorpore pas de second stick et n'est plus compatible avec le périphérique indispensable à certains jeux. Le joueur devra donc acheter la mise à jour de l'accessoire en plus de ce nouveau format s'il souhaite recréer les conditions de jeu. De plus, son acquisition est d'ores et déjà rendue obsolète avec ce nouveau modèle.
 
 
Ce faux pas est réfléchi, Nintendo navigue en pleine logique comptable. Après un sévère avertissement sur ses résultats (première perte en 30 ans d'activité dans les loisirs interactifs), le constructeur s'est donné pour objectif de rentabiliser sa branche "console portable" sur un an afin de redresser rapidement ses comptes, plombés par une Wii en déclin et un investissement conséquent nécessaire à la promotion de la Wii U.
 
La réactualisation de la 3DS a pour dessein d'accélerer le retour à la profitabilité. C'est dans ce contexte trouble que Nintendo évolue, dévoilant une propension à l'aventurisme (la XL, une Wii U marquée par un flou artistique) et une certaine forme de crispation à l'égard des médias qui ne jouent pas le jeu.