Au sortir de l'E3 2011, Nintendo avait bien saisit les reproches formulées par les observateurs et analystes en faisant la promesse d'y remédier. Le mot d'ordre de l'état-major du fabricant était donc clarification de la communication autour de la Wii U. La vieille de l'édition 2012 du mondial du jeu vidéo et pendant le déroulement de ce salon ont donné l'occasion à Nintendo de se racheter.
 
En scindant sa stratégie de communication dans l'intervalle de deux événements (Nintendo Direct et E3), le constructeur pensait éclaircir les esprits sur la compréhension du concept avant gardiste de la Wii U. Las, la prestation hésitante des différents décideurs n'a fait qu'ajouter à la confusion ambiante et questionne inévitablement le niveau de préparation de Nintendo à quelques tous petits mois seulement du lancement international de son nouveau format.
 
Officiellement, les hautes sphères décisionnelles de Nintendo sont satisfaites des retombées médiatiques de l'E3. Lieu d'échange d'informations absolument unique, les précieuses remontées collectées et synthétisées apportent généralement leur concours à la finalisation d'un projet. Celui de la Wii U n'est visiblement pas terminé, mêmes les spécifications matérielles de sa fiche technique ne sont pas arrêtées. Que faut-il en déduire ? Absolument rien pour Charlie Scibetta, directeur du département communication externe. Ce dernier aura la lourde de tâche d'expliquer en des termes ad hoc "l'intérêt de la Wii U" en concédant "la difficulté de la tâche" qui attend Nintendo.
 
Il ne faut pas pour autant céder à la dramatisation de l'enjeu. Le constructeur sait qu'il évolue à contrecourant d'un consensus provenant de la multiplication de nouveaux acteurs (analystes et petits développeurs) ne cherchant qu'à capter une partie de la valeur financière de cette bulle "casual" à laquelle Nintendo tente de se détacher : "nous nous sommes rendus compte de la frivolité du comportement d'achat du marché grand public, déclarait Iwata lors de la traditionnelle conférence financière précédant la présentation de son exercice fiscal 2012. Il convient de rééquilibrer notre offre sans favoriser un segment de marché au détriment d'un autre." Une stratégie produit rappelée par Scibetta "la Wii U a la capacité de fédérer tous les publics", le seul challenge "expliquer, convaincre."
 
La tournée d'été de Nintendo of America aura justement pour objectif d'aller au devant des joueurs et de la famille afin d'apprécier ce qu'un seul jeu d'éditeur-tiers (Ubi Soft/Rayman Legends) aura mis en évidence en dehors de Nintendo "le gameplay asymétrique". Cette façon un peu étrange de donner les pleins pouvoirs à un joueur dans une session à plusieurs libère des potentialités ludiques d'une grande richesse. A condition de proposer "des jeux sur-mesure" ce qui exige du constructeur une complète refonte de son relationnel dépassant l'accointance avec les éditeurs et studios pour lesquels désormais "nous apportons beaucoup de soutien" jure Scibetta.
 
L'ennui, c'est que ce crédo sémantique se heurte à une réalité difficilement contestable. La conférence de mardi valait autant pour ses précisions que pour ses silences. Les détails sur le portail Miiverse ont été nombreux cependant des titres pensés en natif pour le jeu en ligne (Gosth Recon) n'ont pas appuyé les beaux discours en raison de leur absence. Enfin, les observateurs ont regretté qu'une onde de choc ludique de la taille d'une grande franchise de l'écurie Nintendo n'est pas venue conclure une conférence jugée précipitée et déséquilibrée. Il se murmure que le nouveau joyau de Retro Studio parti pour être le clou du spectacle a été supprimé de la représentation à la toute dernière minute. Les raisons seraient liées à une préparation trop vite expédiée, jugée contre-productive en cas de révélation.
 
Ces manquements ont diminué mécaniquement l'impact ainsi que la compréhension du message de Nintendo. Mais ce faux démarrage ne préfigure en rien d'une quelconque déroute. Fort de son concept innovant, le fabricant laisse peu de prise à des concurrents condamnés à bricoler des erzats dans leur coin. Par effet de ricochet, il n'est pas surprenant que Nintendo éprouve des difficultés à éveiller le désir auprès du public. Le rouleau compresseur marketing du numéro un mondial aura pour charge d'exciter l'appétence des joueurs avant la commercialisation de la Wii U. Une broutille.
 
(Avec Nintenboy).