Bien que la conférence DICE de Las Vegas n'a pas encore répondu aux attentes fiévreuses des joueurs en mal de nouvelles sensations, les journalistes du magazine en ligne 1up.com ont promené leur micro dans les allées bondées de ce congrès de développeurs afin de recueillir auprès des grandes figures de l'industrie du jeu vidéo, leurs attentes en matière de bond technologique.
 
Brian Reynolds de Zynga n'exprime pas de soif de puissance particulière si ce n'est << vous savez, si elles font de jolis graphismes, très bien, mais je ne me sens pas nécessairement attiré par de beaux visuels en haute résolution. J'ai envie que les choses se fassent plus rapidement. >> Grand amateur du jeu Skyrim, il peste contre les temps de chargement sur 360 trop longs à son goût. Moins terre à terre, Marc Merrill de Riot Games spécialisé dans la réalisation de jeux PC imagine les prochaines consoles comme une << machine virtuelle >> disponible partout et qui se décline au pluriel.
 
Epic Games, la pierre angulaire de cette génération de consoles avec son moteur 3D vedette UE3 fait de la technologie avancée son leitmotiv. Son représentant Mike Capps récite son argumentaire éculé à la virgule près : << un décuplement technologique. C'est tout à fait possible. Nous l'avons démontré l'année dernière au GDC. >> La course à l'armement est donc à la portée des constructeurs : << j'espère que les fabricants vont franchir le pas >> pour nous éblouir. Loin de tout ce tremblement, Randy Pitchford de Gearbox Software joue sur le relationnel client, pardon joueur : << je veux une relation directe et immédiate [...] chacun doit être connecté en permanence. >> Il souhaite abolir les distances entre le joueur et le développeur, une sorte de dialogue permanent qu'on imagine volontiers jubilatoire.
 
Infinity Ward qu'on ne présente plus affiche des aspirations matérialistes identiques à celles d'Epic Games. Qui s'en plaindrait ? Il cherche avant tout à étancher sa soif de puissance dans tous les compartiments d'un jeu : << je veux que la physique se loge partout où elle fait sens déclare l'insatiable Robert Bowling. Je veux être sevré d'effets spéciaux sans me soucier de la stabilité de la fluidité >> qu'il exige sans compromis malgré la lourdeur de ce cahier des charges. Un travail sans contraintes, des consoles respectueuses de l'imagination débordante des développeurs : << je revendique une liberté totale dans la création d'un monde interactif. >>
 
Retour sur le plancher des vaches avec Michael Condrey de Sledgehammer à la verve plus poétique : << je rêve d'une parfaite intégration des réseaux sociaux. Que tout soit concentré dans une seule boîte. Actuellement, je peux faire des choses sur mon iPad et mon iPhone. Il m'est permis d'effectuer certaines tâches sur ma box. Mais je brûle d'avoir la possibilité de rassembler mes appareils connectés dans un seul format. >> Matthew Lee Johnston de Popcap rejoint les souhaits de son homologue : << faire évoluer le jeu en continu et l'améliorer en fonction des commentaires des joueurs >> à l'aide d'une connectivité permanente avec les joueurs.
 
David Jaffe, l'ingérable, qui n'en finit plus de quitter ses employeurs en plein process (aïe, Twisted Metal !) exprime sa lassitude de la lourdeur << des préambules qui mettent trop de temps à s'installer à chaque fois que je lance une partie. Le boot, la mise en place du dashboard ou du XMB, le chargement du jeu, le défilement des logos. >> Connu pour ne pas avoir sa langue dans sa poche (sa violente charge contre le fanboyisme dont l'épicentre est Neogaf est dans toutes les mémoires), il peste contre les complications inutiles qui gâchent le plaisir de jouer. Il convoite l'idée de se séparer de son jeu pour se consacrer aux impondérables d'un bon père de famille (comme s'occuper de ses enfants) et d'y revenir instantanément. Autre développeur célèbre pour ses déclarations à l'emporte pièce (rappelez-vous ses critiques acerbes sur Tekken), Tomonobu Itagaki, de Valhalla Game Studios ne jure que par la puissance ou presque : << je me répète mais je désir un surcroît de virilité (c'est de moi ^^) et un dispositif autorisant la console à se connecter aux social games plus facilement. >>
 
Todd Howard de Bethesda semble satisfait de cette génération : << les nouvelles consoles sont au coin de la rue, c'est indéniable, et c'est le genre de chose que nous n'ignorons pas, nous nous y préparons. Mais je pense que les plates-formes actuelles ont un tel succès que beaucoup de joueurs sont ravis. >> Ils ne veulent pas nécessairement en changer. Todd n'envisage pas de sonner la fin de la récréation, de déclarer le game over des 360 et PS3 tant qu'un public majoritaire continuera à plébisciter ces formats.