La PlayStation Vita aura beau être au centre de toutes critiques relancées par son étrange absence des comptes de résultats publiés dernièrement par Sony, le géant japonais continue de ne rien voir. Un aveuglement qui étonne à l'aube de l'intronisation de Kaz Hirai que l'on dit porteur d'une nouvelle approche. << Nous le ferons au moment opportun >> assure sans convaincre le directeur financier, Masaru Kato.

Bien qu'elle ait légèrement repris des couleurs selon le dernier relevé statistique de Media Create (elle dépasse très légèrement la PSP), la dégringolade des ventes qui touche la console de poche de Sony depuis sa commercialisation est l'expression d'une grande difficulté de la PS Vita à rencontrer son public. << Je pense que nous avons eu un excellent départ >> insiste Masaru Kato qui se refuse à voir le brutal décrochage de ces dernières semaines. Face au modèle précédent mais aussi à la peine dans son face à face avec la 3DS qui s'envole dans le classement hebdomadaire des ventes de Media Create.

Lors d'une interview accordée au point.fr, le président de PlayStation France avait appelé à ne pas céder à la panique : << il faut relativiser les choses et garder son calme. Les jeux disponibles au lancement ne correspondent pas à la typologie du public japonais. >> Sa seule faiblesse viendrait de l'absence de killer app : << si Monster Hunter avait été là dès la sortie [...] l'histoire aurait été différente >> avant d'être gentiment recadré par sa hiérarchie prévenant une mauvaise interprétation de ses propos : << Philippe Cardon ne se serait permis d'annoncer ou de confirmer la sortie d'un jeu à la place de son éditeur. >> Toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire. Mais il y a en a d'autres.

Son prix est une énigme que Nintendo avait rapidement corrigé quelques semaines après la sortie de la 3DS. Le dépoussiérage tarifaire de son offre 3G à quelques jours de son lancement couplé à la volonté de réduire le prix d'achat des jeux dématérialisés est un pas dans ce sens cependant, il pourrait être insuffisant. L'inhabituelle distribution de bons points à l'adresse de la portable de Nintendo que le président de SCE s'est empressé de féliciter conforterait << le positionnement jeu vidéo stricto sensu d'une console >> aux potentialités bien plus évoluées, en l'occurrence la PS Vita. Mais le marché ne l'entend pas de cette oreille et se refuse l'achat d'un produit dont les multiples fonctionnalités ne sont pas clairement identifiées. Le message est brouillé, Sony s'obstine à présenter son format de poche comme une console de jeu ultra-puissante, justifiant à elle seule son positionnement tarifaire bien plus élevé qu'une 3DS.

Il est surprenant que Sony n'ait pas tiré les leçons des mêmes erreurs qui ont entaché la commercialisation de la PlayStation 3. Le géant de l'électronique dispose il est vrai de peu de marge de manoeuvre. Kaz Hirai a l'intention de faire de la marque PlayStation le moteur financier du groupe dont les fruits bénéficieront au redressement d'activités déficitaires, la télévision en tête.