Interview commencée en Janvier 2016, celle-ci ne sera pas déroulée sans encombre. Un bébé ainsi qu'un diplôme plus tard, nous y voilà. L'entretien avec celui qui a causé mon inscription sur Gameblog. Nous sommes quelques mois avant ce fameux 1er Aout 2013 qui a vu mon pseudo rejoindre la joyeuse contrée de lurons Gamebloguiens et je navigue tranquillement en sous-marin dans les profondeurs des forums newesques du site. Et j'y vois le très perspicace sopor sévir. Il m'énerve parce qu'il a raison. Il a raison parce qu'il m'énerve. Peu importe. Je décide de m'inscrire et de prendre le parti de mon développeur/éditeur/constructeur favoris d'époque. Sony pour le prénom. Playstation est son nom. Je conteste chaque mot que je juge de travers comme le petit fanboy que je suis et puis je me calme peu à peu. Je m'assagie et mets de l'eau dans mon vin. Même si entre nous, je ne carbure qu'à la coke. Mais chut. bref, sopor, c'est un petit peu l'ange blanc sur l'épaule gauche quand joniwan (oui, c'est gratuit) tient plus du diablotin rouge qui tente de me tirer vers des pentes glissantes. Si vous cherchez le responsable de ma mue, de mon émancipation de fanboy à trolleur professionnel (quand je vous parlais de diplôme, c'était pas des bannanes, d'ailleurs, les bannanes n'octroient aucun diplôme, enfin bref, vous me faites perdre le fil là, resaisissez-vous bon sang de bonsoir), n'allez pas bien loin, il vient d'entrer dans le confessionnal. Je vous écoute mon fils.

 


 

TRAME

 

 I                Professeur sopor et le masque à rats               2/8

 

 II            Professeur sopor et la boite de céréal               9/8

 

 III             Professeur sopor et l'appel du barge             16/8

 

 IV             Professeur sopor et l'étrange neves             23/8

  

Le Gameplay, sinon rien.

 

 IV      Professeur sopor VS Phoenix Neves

 

Quel rôle as tu au sein du "collectif" upcast ? A t'il évolué ? Sera t'il amené à l'être ?
Nous avons tous le même rôle, pour le noyau dur comme pour les invités. C’est participatif selon ton envie et ta disponibilité entre les deux semaines de podcast. On travaille avec un Google Doc et chacun est libre de proposer un débat ou d’ajouter des news. Je suis sans doute celui qui parle le plus car je suis souvent le seul à proposer débats et news côté JV, suivant davantage l’actualité que les autres. Pour la partie Divertissement, je pense que c’est équilibré.

Etonnement, UpCast a peu évolué en 3 ans. On a enlevé la partie Technologie, faute de temps (à la fois de préparation et de longueur du podcast) et faute d’envie. Pour la partie Conseils on est passé d’un truc long et préparé à un tour de canapé court et improvisé (la plupart du temps). Je me souviens encore du UpCast 1 où j’ai parlé d’Evil Within et de Mikami pendant 30 ou 40 minutes !

D’un point de vue personnel, je n’ai jamais été host du podcast (celui qui présente et lance les sujets), je laisse ça à Greg ou à Stan quand il est là. Ils font ça très bien. L’évolution que je souhaiterais pour une saison 4 (en plus d’autres nouveaux participants) c’est que le podcast ressemble à une longue conversation, moins découpée que ce qu’on fait actuellement. C’est très scolaire, très rangé, avec du monologue de news. Je pense qu’on est prêt aujourd’hui pour un format de 2h, toujours sur l’actu, avec beaucoup plus d’interaction sur les news de chacun. Après, c’est juste des envies personnelles, on n’en a pas encore parlé entre nous.

Peux-tu nous dire un mot sur les autres participants ?

Je connais Greg depuis le milieu des années 2000. On bossait au même endroit. C’est quelqu’un de très ouvert sur plein de sujets geek, culture ou pop culture. Ce que j’aime c’est son humilité, c’est une qualité qui ressort à l’écoute je trouve. C’est important quand tu débats et que tu ne considères pas la pratique comme un affrontement.

Je connais moins Stan, personnellement. C’est le frère de Greg donc je l’avais déjà vu 2-3 fois avant que UpCast soit lancé. Je suis déçu qu’il ne soit plus dans le noyau dur car c’était un host parfait. J’aime bien son calme, ça fonctionne très bien à l’écoute je trouve. Et il a souvent la bonne hauteur sur les sujets, la bonne distance.

Je ne connaissais pas Dim avant le podcast. C’est un ami de Greg et Stan quand ils habitaient l’est de la France. Il est arrivé un peu après le début d’Upcast surtout pour parler comics, super-héros et Star Wars (je caricature). La seule réticence que j’avais au départ c’était l’enregistrement via Skype car c’est plus dur pour tisser une complicité qui s’entende à l’écoute. Mais aujourd’hui je trouve que l’alchimie fonctionne vraiment bien. Il est très enthousiaste.

D’ailleurs, dans un podcast, c’est le plus dur à obtenir l’alchimie. Ça ne s’obtient qu’avec le temps. Il faut un équilibre entre blagues entre soi, complicité et respect de la parole de l’autre.

On a aussi quelques participants ponctuels comme Yao ou Elohim.

Je trouve que ta voix passe bien à la radio, t'en as déjà fait ou bien ?

Non, à part être fan de radio depuis que je suis petit et gros consommateur de podcasts aujourd’hui, je n’avais pas d’expérience du média. Quand tu le fais avec des gens que tu ne connais, c’est plus facile. Quand je suis invité sur hautbasgauchedroite, je suis plus sur la réserve. Y a un peu plus de stress aussi, même si aujourd’hui, lors d’un enregistrement, j’en ai presque plus du tout. Au début d’UpCast, j’avais parfois des blancs, des trous de mémoire ; c’est pour ça que j’écris toutes mes news et les débats, pour avoir un support, une ligne directrice en cas d’absence.

J’essaie aussi de me réécouter pour gommer les tics de langage (les en fait, finalement, vraiment), tous ces mots sur lesquels tu te reposes pour donner du poids à ton discours et qui sont souvent superflus.

"Art Vidéoludique", donc vous considérez les jeux vidéo comme une forme d'art ?

La formule c’est plutôt Arts ludiques car à la base on ne voulait pas se cantonner au JV mais également parler jeux de plateau et jeux de rôle mais finalement on l’a jamais fait et on a gardé Arts Ludiques pour parler seulement JV. Après, on n’est pas trop fan du terme jeu vidéo.

Et sinon, oui rien n’empêche de considérer le JV comme un art. Comme je l’ai peut-être dit plus haut, je situe le JV entre la performance sportive et la performance artistique. La particularité du JV c’est que le joueur est actif donc il produit quelque chose, une performance comme on le voit avec l’esport ou les speedrun ; et en même temps, comme un film, le JV peut s’analyser pour lui-même, en tant qu’œuvre qui exprime une idée du monde. Le JV est actif / passif ce qui le rend difficile à classer ou à comparer.

Au fait, je suis d'accord avec toi, j'avais un appriori négatif sur Anne Hattaway (sans jamais avoir vu un de ses films - ou plutôt si j'avais vu le Diable s'habille en Prada mais le rôle ne devait pas refleter une once de son talent), mais depuis que j'ai vu TheDarkKnightRises - c'est-à-dire, y a moins de 3 mois - j'aimerais aussi la voir dans plus de film taillé pour elle (que ce soit en perso principal ou secondaire)

Je te rejoins complètement. Elle est très bien même dans de mauvais films, ce qui est souvent un gage de qualité. Mais jusqu’à présent c’est une actrice qui attend son grand film. Brokeback Mountain de Ang Lee ou Rachel se marie de Jonathan Demme (Le Silence des Agneaux) sont de bons films mais soit elle a un rôle secondaire soit le film n’a pas marqué plus que ça.

Emma Stone, un peu moins (forcément très bonne dans La couleur des Sentiments), dans le genre petite blonde, je préfère Carey Mulligan (question de gout)

J’aime bien Emma Stone, son côté girl next door, sa voix chaude, une certaine légèreté dans son jeu. En plus, c’est une bonne actrice de comédies. Elle en a fait pas mal, des moyennes (Easy Girl) comme des réussies (Crazy Stupid Love). Elle était aussi convaincante chez Woody Allen, dans un registre différent mais toujours léger.

Carey Mulligan, elle a un peu volé la carrière ou les rôles de Michelle Williams (ex Dawson), le côté petite blonde fragile. Je me souviens surtout d’elle dans Drive et Shame où elle est excellente.

A quand la version filmé d'upcast ?

Honnêtement, je ne vois pas ce que ça apporterait, surtout sur 3h de podcast ! Faudrait changer de format et que la vidéo serve à souligner un propos. Ce que j’aime dans le podcast audio, c’est la possibilité de l’écouter partout en faisant tout autre chose. Et puis c’est un coût important et du montage obligatoire.

Quand est-ce que vous me convier en tant que GUEST VIP à un Upcast ?

Tout le monde, ou presque, est le bienvenu. Il suffit juste de coller à l’esprit du podcast et d’aimer le jus de pommes Paquito (la base !)

"ChatonPute", tu ne trouves pas ça un peu grossier voire vulgaire ?

(ndlN, chatonputte est une commentatrice assidue des podcast de la bande à sopor, ces oeuvres d'art ont fait l'objet d'une réquisition par le Comité lors de l'assemblée annuelle des Rawajpoutalah Awards 2016 qui s'est tenu en 2016 donc)

Carrément. On retient d’ailleurs plus Pute que Chaton je trouve. Dans Marylin Manson tu retiens quoi toi ?

Quel fan de musique es-tu ?

Il me semble avoir déjà répondu à une question similaire (en 5.1, 5.2, 5.,3) mais c’était une autre époque où nous étions jeunes (tu n’étais pas encore majeur il me semble ?) et différents. Don’t act.

Je suis un boulimique de musique. Hormis le reggae, j’ai cherché à creuser tous les styles de musique depuis que j’ai 13 ans. J’écoute de la musique continuellement, au travail, dans la rue, chez moi. Depuis un peu plus d’un an je n’achète plus de CD (question de place et de platine en panne), je suis passé complètement sur Spotify. Mais l’objet me manque donc je vais me mettre aux vinyles.

Comme pour le JV actuellement, j’ai parfois des périodes où mes envies de musiques sont en berne, où je trouve tout mauvais, où comme disait Mallarmé « La chair est triste, hélas, et j’ai lu tous les livres ».

Comment te tiens tu au courant des dernières actu' et sorties entourant la culture (surtout la musique) ?

Suivre les bons comptes sur Twitter. Pour la musique, tu as les recos Spotify, les playlists des magazines, des sites comme Pitchfork qui chroniquent beaucoup de disques, Hype Machine qui demandent beaucoup de temps disponible mais qui permet d’écouter plein de nouveaux groupes. Et tu peux aller sur la playlist de UpCast (UpCast Musique sous mon nom sopor78). 10h de musique depuis début 2016. Sur 2017, tu dois avoir déjà 50 morceaux (les 50 derniers).

Il faut de la curiosité : tu as les podcasts (ciné, musique…) et aussi les liens entre les artistes et les genres : écouter un groupe garage aujourd’hui ça peut te faire remonter loin dans l’histoire de la musique.

"Burning fight, l'excellent BTA de contre-façon", sopor

Qu'est-ce que t'as à dire sur la Switch ?

Je fais partie de ceux qui doutaient de son succès après le premier trailer (de novembre je crois). Un trailer parfait pour présenter le concept d’usage de la Switch mais qui, je trouvais, tapait à côté de la cible qui fait traditionnellement le succès de Nintendo. Là on voyait, pour caricaturer, du hipster, du CSP+, qui voyage, qui fait des barbecues sur les toits des lofts. Loin des enfants et des familles.

Le reveal de janvier était très japonais (un marché assez facile pour la Switch) et je pensais que Nintendo enverrait davantage de grosses cartouches au lancement (Zelda et Mario Odyssey par exemple). Donc on pouvait se dire : pourquoi les gens achèteraient la Switch et ses jeux WiiU alors qu’ils ont justement boudé la WiiU ?

Je ne sais pas si la Switch est déjà un succès mais Nintendo a réussi à créer une hype en livrant un produit désirable. L’écran, les Joy Con qui se clipsent et se déclipsent… un produit technologique transformable qui s’adapte aux usages du joueur et en crée. La Switch c’est une console de salon, une portable et aussi une console transportable, ce dont on parle moins. Tu as tous les usages et les configurations possibles et à l’utilisation ça marche très bien. Tu passes très facilement d’un usage à l’autre. C’est sa force et Nintendo le met bien en avant, plus que le motion gaming, accessoire. C’est une console que les gens ont tout de suite identifiée. C’est important car ça t’évite le travail de com et de marketing qui consiste à expliquer ton concept. C’est là l’échec de la WiiU : si les gens ne comprennent pas d’entrée, c’est terminé.

Comme pour la PS2 ou la PS4, la Switch se vend davantage pour ce qu’elle est que pour ses jeux et finalement peu importe que ce soit des jeux WiiU puisque la plupart des joueurs est passée à côté. Ce n’est pas très encourageant pour la nouveauté (comme pour la PS4 à sa sortie) mais ça crée un cercle vertueux autour de la console. A voir si Nintendo va réussir à maintenir la dynamique et si les tiers vont retenter l’aventure Nintendo. Pour 2017, le planning est sélectif mais intelligent : Zelda, MK8, Arms, Splatoon 2 et Mario Odyssey (et sans doute Smash), soit les plus grosses licences Nintendo en an 1. Et je vois difficilement Nintendo passer à côté d’un Animal Crossing et d’un Pokemon pour 2018. J’attends aussi de voir quel sort Nintendo réserve à la 3DS et si la Switch va prendre sa place (que ce soit avec la version actuelle ou bien via une Switch recarrossée et sans dock). Ca a toujours été ma condition au succès massif de la Switch.

D’un point de vue plus personnel, c’est paradoxal car je l’utilise à 90% dockée et c’est le côté portable qui me l’a vendue. J’ai un amour pour les portables, plus pour l’objet que pour son utilisation. Il y a un affect particulier. J’ai de grands souvenirs de jeu sur Gameboy, Neo Geo Pocket et PC Engine GT. C’était le fantasme d’avoir son écran à soi.

Un avis sur les Amiibo ?

Pas grand-chose. Pour le JV, ça a très peu d’utilité. C’est du sous sous DLC (c’est dire). Je trouvais ça sympa dans Mario Party 10 car tu te retrouvais avec un simili jeu de plateau. Côté qualité, c’est variable : les plus ronds sont les plus réussis (Toad, Kirby), Yoshi en laine est adorable et certains visages sont grossiers. C’est plus de la collection au final qui montre la force des licences de Nintendo.

Les modèles utilisés par Nintendo pour Splatoon et Sony pour #Driveclub sont-ils viables ?

Splatoon et DriveClub sont 2 cas différents. DriveClub est un jeu qui est sorti mauvais et que le studio a amélioré par des ajouts mais surtout des modifications profondes. DriveClub aujourd’hui ce n’est plus le même jeu qu’à sa sortie. C’est l’exemple d’un jeu sorti précipitamment, incomplet, bancal que le studio a réussi à sauver. Mais ce n’est pas un exemple de réussite car Sony a fermé le studio et surtout la première mauvaise impression et les ratés de communication (la partie offerte pour les abonnées PS+) ont donné une mauvaise image du jeu.

Splatoon c’est clairement un choix de Nintendo pour faire vivre le jeu sur la durée. Le cœur du jeu (son idée, son gameplay) était là dès le départ et était bon. Ensuite, ils ont juste ajouté des maps, des armes, des modes de jeu pour rester visible et faire parler du titre. C’est le principe aujourd’hui de beaucoup de jeux : rendre le joueur captif et lui donner du biscuit au fur et à mesure. Pour un jeu en ligne c’est un très bon modèle. Ils reproduisent d’ailleurs ce schéma pour Arms avec des mises à jour gratuites après la sortie du jeu. C’est l’idée de relancer constamment l’intérêt du jeu et donc des joueurs.

Pourquoi personne ne se coupe la parole dans vos podcasts ?

Parce que nous sommes des gens bien élevés. Je vois pas trop l’intérêt de se couper la parole : c’est pénible lors de l’enregistrement et c’est pénible à l’écoute. Sans doute que parfois il faudrait que les échanges soient plus animés, c’est ce dont je parlais plus haut. Faire davantage dans la conversation que dans le monologue. C’est un des problèmes quand tu fais un podcast avec la moitié des intervenants par Skype : c’est difficile de prendre la parole sans interrompre l’autre car on ne se voit pas et il y a toujours un léger décalage son. L’idéal c’est d’être en face à face, comme on l’a souvent fait au tout début d’UpCast quand on était 3, Stan, Greg et moi. UpCast a aussi longtemps été un podcast qu’on enregistrait le dimanche matin, dans une ambiance posée et amicale, pas vraiment propice à l’affrontement ou au débat véhément.

Le Sopor que je connais - ou que j'ai connu, je ne sais plus comment dire - accordes(ais) trop d'importance au gameplay, au level-design, au gamedesign d'un jeu pour s'intéresser à ces gimmicks qu'on nomme casque de réalité virtuelle ...

Depuis l’arrivée de la 3D (celle avec les polygones) dans le JV, on a eu peu de révolution, d’effet wahou ou de sentiment que le JV avait encore une marge de progression technologique importante. La VR pour moi c’est l’effet wahou le plus important depuis cette période et c’est une technologie qui a une marge de progression énorme. Si ce n’est pas rangé au placard, d’ici 2 générations de casque ça va juste être dingue. Logique de s’y intéresser quand tu es fan de JV ou amateur de technologie, qu’on soit sceptique ou pas sur son succès.

La VR c’est une autre représentation du monde virtuel que construisent les JV, différent de la « platitude » et de la petite taille d’un écran TV. Ça ne casse pas fondamentalement et systématiquement les règles de level design ou le gameplay d’un jeu. Ça peut les renouveler, tu peux les penser différemment si besoin, mais de nombreux jeux le prouvent, tu peux tout à fait faire un jeu équivalent en VR et sur TV. Resident Evil VII en est l’exemple parfait.

Pour les jeux spécifiques à la VR, c’est aux devs de penser un game design différent. Ça ne veut pas dire : faire du level design ou du gameplay au rabais. Ça veut dire : penser différemment et trouver de nouvelles approches. Le Batman VR de Rocksteady fait ça très bien dans le genre jeu d’enquête, en automatisant les déplacements par exemple.

Doit on écrire la rubrique nécrologique de DanstonUWiiU ? Ou vous préparez DanstesboulesNX ?

Je ne suis pas le mieux placé pour parler de Dans ton U étant donné que je suis de moins en moins sur le forum et que je n’écris pas pour le blog. Le forum existe toujours, hors de Gameblog, et le blog, sur GB, également (y a eu un test de MK8 Deluxe dernièrement). Je ne connais pas les projets de la team, peut-être qu’ils vont fermer le blog sur GB et en ouvrir un autre ailleurs, non lié à un site JV.

Pour un nouveau nom, à l’époque du nom de code NX, c’était NXsamère je crois. Avec Switch, c’est plus compliqué.

Tu fais quoi dans la vie ? Ton métier a un rapport avec la sémiologie ?

J’ai fait de longues études, par goût et par fainéantise : lettres, philosophie, communication et sémiologie. Je suis entré dans le monde du travail assez tard, vers 28-29 ans. Quand je bossais dans un cabinet d’études, je faisais parfois des études sémiologiques pour des clients, une sémiologie quanti et quali, appliquée aux supports de communication de l’entreprise. Tu prends un corpus de publications et tu étudies les liens entre les signes, leur présence, leur manifestation… Tu étudies le message produit et l’effet qu’il pourrait avoir sur le lecteur. C’est assez ouvert et large, tu peux incorporer beaucoup de choses dans la sémiologie : l’étude des couleurs, les registres de langue, les éléments photographiques…

Aujourd’hui, je bosse dans la communication, plus du tout dans l’analyse des supports mais dans leur création. C’est plus confortable d’être chez l’annonceur qu’en agence, d’être client plutôt que prestataire.

Bon, quand-est ce que tu te mets sur Pokémon Moon (ou Soleil, c'est toi qui voit après-tout) ?

Je suis complètement passé à côté du phénomène Pokemon alors que c’est ma génération et que j’étais dans le bon milieu (le JV) pour tomber dedans. Ça ne m’a jamais intéressé et je n’ai jamais joué à un seul épisode de ma vie. J’ai juste regardé ma fille jouer à Pokemon Lune et elle m’en parle souvent vu qu’elle regarde le dessin animé et qu’elle passe du temps à lire les Pokédex et autres encyclopédies.

T'est-il déjà arrivé de jouer "salement" pour surmonter une difficulté abusive à un point d'un jeu ? Exploites tu les failles d'un jeu en ne jouant pas à la loyal pour te défaire de situations que tu peines à maîtriser autrement ?

Même si je suis un joueur qui joue le jeu et qui persévère (ne pas y arriver dans un jeu me motive à continuer), ça m’est arrivé pour les deux cas qui concernent un joueur de JV : jeu mal équilibré et manque de skill ou de logique du joueur.

Beaucoup de jeux dans les difficultés supérieures sont mal construits : les devs rendent juste les ennemis plus puissants et le joueur plus faible. C’est pour ça que je vanterai toujours la construction des jeux de Kamiya : le joueur progresse, devient plus fort et les différents niveaux de difficulté du jeu sont là pour tester ses progrès et sa maîtrise. Je me souviens particulièrement de Ratchet & Clank Quest for booty un stand alone sorti juste après le très bon Tools for Destruction. Je commence le jeu et je me dis tiens je vais l’attaquer en difficile. Grave erreur. Le jeu triche constamment, les ennemis tapent démesurément fort, te one shoot n’importe comment, si bien que je suis obligé de jouer salement, en me planquant, en ressortant en taper un pour repartir à un autre endroit. J’ai fini le jeu mais quel sale souvenir. J’ai pas non plus aimé le mode difficile de Wind Waker, totalement abusé et si je n’aime pas trop le jeu (je l’ai fait sur WiiU) c’est sûrement dû à cette difficulté aux antipodes de ce que cet épisode vend (du rêve, du voyage).

Après il y a les jeux où je m’avoue vaincu car c’est au-dessus de mon skill ou de ma logique. Dans les FPS je vise très mal, donc dans un jeu comme Bioshock (un de mes titres préférés de ces dernières années), je galère, donc j’abuse un peu le système pour pouvoir progresser. Même chose dans les FPS avec auto regen, c’est un peu un sport quotidien. Autre exemple : Braid. Je trouve le jeu de Blow brillant sauf que je n’ai aucune logique et hormis le début, j’ai fait le jeu avec une soluce vidéo car je ne trouvais pas la solution. Ça avait beau être évident une fois que je connaissais la soluce, je me disais wahou c’est fort mais bon le jeu perdait tout son intérêt à être fait comme ça.

Qu'est-ce que tu penses de ces jeux qui singent l'original ? SpeedFreaks, Crash Team Racing, LBP Karting, PlayStation All-Stars Battle Royal, Captain Toad, etc. Que des jeux Sony en plus !!

C’est quelque chose qui se faisait beaucoup dans les années 80-90, notamment en arcade. Il y a eu des tonnes de clones. J’ai beau adoré SNK : Fatal Fury est un clone de Street Fighter et Burning Fight de Final Fight. Les smup se copiaient aussi beaucoup entre eux. Il n’y a pas de mal à réutiliser de bonnes idées si elles sont digérées et bien intégrées ; beaucoup de grands jeux le font.

Le problème des jeux que tu cites c’est qu’ils sont des copies d’un genre qui n’a qu’un seul représentant : Mario kart et Smash. Qui sont l’alpha et l’omega de ce que j’ai finalement du mal à nommer un genre. Quand SNK fait KOF, le jeu s’inscrit dans une tradition longue de dizaines de jeux. Là, tu sens que c’est de la copie carbone pour avoir son MK et son Smash : c’est davantage une décision marketing que créative.

Après quand c’est le même auteur qui singe ses propres créations, ça ne me pose aucun souci car pour moi un artiste ressasse les mêmes thèmes, obéit aux mêmes lubies, a des redondances, des caractéristiques particulières qui le définissent. The last Guardian recrachent Ico en modifiant quelques données fondamentales.

Quelle est la scène qui t'as le plus marqué/surpris Leveldesignement/Gameplayiquement parlant ? (pour donner l'exemple, moi, ce fut Resistance 2 et ce passage où avec ton coéquipier, tu parcours le toit d'un building en snipant à tir croisé obligatoire les ennemis s'approchant en face de l'un et l'autre simultanément ou là, juste aujourd'hui, Driver San Francisco qui te fait conduire la voiture proie depuis le point de vue du conducteur de la voiture chasseur) ?

Je vais citer des exemples récents, ce sera plus parlant. La première fois que tu sors du Plateau de Breath of the Wild (et tu peux déjà le voir si tu observes les alentours depuis le Plateau) : tu as ce sentiment d’immensité, des distances entre les lieux et en même temps la qualité du level design, l’échelle utilisée font que tout semble à porter de course de Link. Il y a un travail dingue sur l’épure des éléments à l’écran (ceux qui parlent de vide dans Breath of the Wild ne comprennent rien à ce qu’est un bon level design). Ken Levine parlait à propos du jeu de « main invisible » : le jeu te suggère où aller simplement par son level design. Il y a des choses que tu vois au loin et d’autres qui sont purement effacées.

Autre force de game design qui met en valeur le level design : les tours. On a beaucoup dit que c’était piqué aux tours des jeux Ubi. Sauf qu’ici le principe est totalement retourné : allumer une tour t’autorise non pas à voir les points d’intérêts qui composent la zone mais à pouvoir cartographier la zone en question. Explorer ce n’est pas suivre des points imposés mais choisir des points d’intérêt par l’observation d’une carte. Breath of the Wild fait du joueur un cartographe, par l’observation depuis un point en hauteur, par les tours qui dévoilent la carte et par le remplissage de cette carte. Potentiellement, tout lieu de Breath of the Wild peut avoir un intérêt là où les autres mondes ouverts sélectionnent des lieux pour les joueurs et les flèchent. A l’extérieur de ces zones, il n’y a pas d’intérêt, ce sont juste des zones de transit, de grands aéroports pour aller d’un point A à un point B.

Aujourd’hui, les game et level design qui m’intéressent le plus sont ceux des mondes ouverts car leur nature même rend complexe leur mise en œuvre pour satisfaire convenablement le joueur. Un monde ouvert combine gameplay classique et émergent, narration linéaire et émergente, liberté et prise par la main du joueur… Le monde ouvert ce n’est pas un genre c’est une construction.

Par exemple, The Witness est un modèle de construction dans un monde ouvert, alors que c’est un puzzle game dans son core gameplay. Blow a eu l’intelligence de choisir une île donc de réduire la taille afin que tous les éléments rencontrés par le joueur puissent faire sens entre eux. C’est quasiment Les Correspondances de Baudelaire en JV (« La Nature est un temple où de vivants piliers / Laissent parfois sortir de confuses paroles…). Le début du jeu m’a complètement soufflé : comment amener le joueur d’un puzzle à l’autre ? Catherine le faisait par le scénario : les puzzles étaient les manifestations et les créations des angoisses, des traumas et du questionnement du personnage principal, déchiré entre deux femmes et surtout entre deux situations de vie. The Witness trace des liens physiques entre les puzzles : ce sont des écrans présents physiquement sur l’île, câblés entre eux jusqu’à un certain point. Le joueur tire le fil de la pelote : un puzzle résolu et le câble s’allume pour dire au joueur : suis le câble jusqu’au prochain écran. Et au final : les câbles ouvrent des portes, dévoilent des mécanismes. Ils sont le sang de l’île.

On a parlé de la PS4 Pro et de la Scorpio, technophile jusqu'au bout ou t'en as rien à carré de cette smartphonification de l'industrie vidéoludique ?

J’ai une PS4 Pro et j’aurai sûrement une Scopio. C’est juste du remplacement de machine par une plus puissante. Mais honnêtement, je suis sceptique sur ces machines de mi génération et le paradoxe c’est que je trouvais la PS4 et la One en déca de ce qu’on pouvait attendre question puissance. J’ai pas de TV UHD / 4K donc la Pro c’était pour moi une attente liée à l’optimisation des jeux 1080p pour avoir un meilleure framerate et des éléments graphiques plus poussés et bien sûr à la VR. Le constat est mitigé : en VR c’est un peu plus net, moins flou mais le casque limite toujours le rendu, forcément. Un petit mieux mais pas dingue. Pour le 1080p, les éditeurs ne jouent pas tous le jeu et c’est au cas par cas.

C’est donc une question complexe entre la puissance des machines, la mise en avant de nouvelles technologies (4K et UHD), les finances des joueurs, la durée de vie estimée d’une gen… Faut-il casser les générations avec des machines remplacées plus rapidement ou même de différente puissance à la sortie (on peut imaginer 3 modèles de PS5 par exemple) ou bien raccourcir la durée des générations (4 ans max) pour coller à l’évolution technologique ? Je n’ai pas la réponse mais je ne trouve pas pour l’instant que ces machines mi génération apportent des réponses concluantes.

Une excitation particulière pour l'édition 2017 de l'E3 qui s’annonce dans 10 jours ? Ça reste le rendez-vous de l'année à cocher sur son calendrier en tant que passionné ou ça ne te fait rien ?

Toujours excité par l’E3. Je pose ma journée pour suivre les conférences dans la nuit. Mais tu sais en amour, le meilleur moment c’est quand tu montes l’escalier ; l’E3 c’est un peu ça, l’avant est souvent plus intéressant que le pendant. J’aime la période avant E3, les dernières heures avant les confs, les rumeurs un peu bidons, les espoirs de voir des jeux géniaux ou même des claques inattendues. Mais bon l’industrie est un peu plus pragmatique que ça et les rêves ou les confs soit disant idéales (Sony 2015 avec Last Guardian, FFVII Remake et Shenmue 3) ça peut vite virer à la débandade.

Le PSG n’a pas gagné le championnat. La parole est à la défense. Je t'écoute.

Ça a été une saison compliquée et délicate. Mais la tâche sur le tableau, celle qui en cache l’intégralité ou presque, c’est le match retour contre le Barça. Tu peux faire 1000 analyses, il n’y en a pas une qui tient debout pour expliquer comment une équipe prend 3 buts en 8 minutes, en touchant 4 fois la balle avec 3 coups d’envoi… Ça a été un ascenseur émotionnel assez dingue : passer de la joie de coller 4-0 au Barça dans l’un des plus beaux matchs de l’histoire du club au cauchemar d’une élimination, surtout après le but du 3-1.

Après sur le tableau global, en essayant, si c’est possible, de voir derrière cette tâche, c’est une saison nationale décevante mais pas catastrophique : 2 coupes et une 2ème place derrière un Monaco impressionnant qui tape 95 points, le bilan est tout sauf infâmant. Tu peux perdre contre meilleur sur une saison. C’est ce qui s’est passé avec Monaco. Bravo à eux. Il n’était pas écrit qu’on gagnerait le titre pendant 10 ans. Et d’ailleurs, cette concurrence, avec en plus pour l’année prochaine, Lille, Marseille, c’est une très bonne chose.

Je suis content qu’Emery reste mais l’année prochaine il devra imprimer bien plus son style sur le jeu de l’équipe. Cette année, il a trop vite renoncé pour revenir aux bases du 433 des années précédentes. Y avait plus de vitesse et de jeu rapide de transition, mais fallait faire une mue complète et pas un entre deux.

Après, la direction du club n’aide pas. Sans directeur sportif de standing, on a fait un mercato catastrophique (Ben Arfa, Krycho, Jésé…). On sauvera Meunier et Draxler cet hiver. Certains joueurs se croient tout permis  et personne à la direction du club ne trouve à redire. Nasser est un supporter et Kluivert un emploi fictif. Le PSG n’est pas structuré comme un club qui vise la victoire en Ligue des Champions. Mais ça prend du temps et ça implique des remises en question et une vision sur du moyen terme.

Trouves-tu Sony malhonnête ou que les joueurs sont trop complaisants à son égard (le fait de vendre du rêve en conférence notamment) ?

Pourquoi malhonnête ? Non c’est juste une stratégie, montrer sur le long terme ce que le joueur Playstation aura sur sa machine, pour rassurer, faire rêver ou inciter à l’achat. En plus, ça se prête bien à leur philosophie du JV qui aujourd’hui traite plus du « qu’est-ce ça raconte ? » que du « comment ça se joue ? ». 3 ans avant la sortie, tu peux donc te permettre de montrer seulement un trailer.

Après, cette stratégie, elle tient si tu fais ça pour tes studios first party et si tu respectes les délais annoncés. Regarde Microsoft, généralement, ils font plutôt du court terme : pour Scalebound, ils ont fait 3 présentations (trailer cinématique, gameplay solo, gameplay multi) pour finalement annuler le jeu. Sony, ça me gêne quand ils font ça pour des jeux qui ne viennent pas de leurs studios comme lors de l’E3 2015 avec Shenmue 3 et FFVII. Aujourd’hui cet opportunisme se retourne contre eux, quand tu vois où en sont ces deux jeux. Mais sur leurs first party, c’est une stratégie payante même si, perso, voir un trailer cinématique, j’en suis revenu…

Trop complaisants je ne sais pas mais dans l’industrie du JV et même sur les sites et forums, celui qui vend le plus (console comme jeux) a toujours raison. C’est l’inverse de la musique, du cinéma ou de la littérature où les gros vendeurs sont toujours suspects et mal considérés. Il y a une tradition du trésor caché, de la pépite, de l’œuvre connue de quelques élus seulement. Dans le JV, on aime et on loue les gros vendeurs (hormis Call of peut-être) ; on raille les échecs. Personnellement, je plutôt la culture de la marge, ça me vient de ce que j’écoutais, lisais ou allais voir.

Technophile au point d'avoir pris la Pro, de prendre la Scorpio ?

J’ai pris la Pro pour la VR mais au final c’était un achat complètement dispensable je trouve. Peut-être qu’avec une TV 4K, le gain en « plat » sera plus significatif. Pour la Scorpio, je ne suis plus sûr à 100% de la prendre mais bon je me connais, c’est juste une console à remplacer (je vends la One et prends la Scorpio), donc je craquerai sans doute. D’autant que j’aime la manette One et l’environnement, je ferai les multi supports dessus, plutôt que sur Pro.

"Nathan, des jeux intelligents ?", sopor.

Tu la vois comment la cohabitation Switch/3DS avec cette dernière qui ne veut décidément pas laisser la place (encore un Pokémon d'annoncer !!) ?

Pour le moment, je ne vois pas la stratégie de Nintendo à ce sujet, car ils ne l’ont pas dévoilée. L’E3 sera intéressant pour comprendre la place qu’ils comptent donner à la 3DS en 2018. Pour moi, le succès de la Switch se confirmera si Nintendo en fait sa seule machine, ou tout du moins son seul environnement (on peut par exemple imaginer une console portable construite autour de la Switch, une sorte de Switch mini, vendue sans dock, moins chère et dans un format plus petit).

On sent quand même que la 3DS vit sa dernière année. Le Pokémon c’est une autre version de Soleil et Lune, qui va capitaliser sur le parc installé. Y a plus grand-chose à attendre sur 3DS.
Pour garantir un catalogue conséquent sur Switch, Nintendo ne peut pas se disperser sur 2 machines différentes.

Sérieusement, pourquoi t'es encore sur GB alors que tout le monde se barre (même Julien Chièze, il a finit par se barrer !!)

GB a la « meilleure » application iOS pour poster des messages. Je ne poste que depuis mon iPhone. C’est une des raisons pour lesquelles je suis toujours sur GB. Et puis j’ai aucune raison de partir : j’ai jamais été très actif sur C&B (beaucoup des départs venaient de cette partie du forum) et je fais vraiment la distinction entre la ligne éditoriale de GB et les forums (d’ailleurs je poste sans lire les news, directement depuis le forum). Si une news GB est mal écrite sur un sujet, ça n’a pas d’impact sur le forum et les avis que tu peux émettre et échanger.

Je suis là depuis longtemps, j’ai beaucoup de messages donc aller sur GK ou jv.com, je vois pas l’intérêt. Je poste parfois sur ces forums et d’autres d’ailleurs, mais pour l’actu courante, GB me va tout à fait. Poster, ça me sert aussi pour les débats dans UpCast : tu expliques ta position et tu vois celles des autres. Sur UpCast, je fais davantage la part des choses, j’essaie de voir les différents points de vue, sous mon pseudo, je suis plus tranché, sans doute plus de mauvaise foi.

Cette génération de console va durer combien de temps et surtout quel premier bilan en fais-tu ?

Vaste question. Car je ne sais pas si on va encore longtemps parler de générations. Et en plus, tu as Nintendo qui est toujours entre 2 générations : la WiiU est sorti en fin de vie de la précédente gen et la Switch arrive en milieu de vie de cette gen.

Si on prend la PS4 et la One (en incluant Pro et Scorpio et en raisonnant sur le modèle classique des générations), je ne les vois pas aller au-delà de 2019, soit 5 ans de vie pleine. C’est cohérent avec la technologie qu’elles embarquent, ce sera difficile de pousser plus loin comme sur la gen précédente, d’autant que la VR me semble encore trop jeune pour allonger l’espérance de vie des machines.

Sur le bilan, c’est pas vraiment une génération qui m’a fait rêver : le gap avec la gen précédente n’a pas été monstrueux. Les deux consoles s’adressaient au même public, avec les mêmes armes. Le rétro pédalage de MS a eu pour conséquence d’avoir une PS4 bis, donc une console de trop.

Sony s’en est très bien sorti car ils ont fait les meilleurs choix sur les performances et le prix. Une console pour les joueurs, abordable, qui a su capitaliser sur les erreurs de MS et de Nintendo. Un produit un peu lambda mais taillé pour convaincre les tiers et le grand public. Tout le contraire de la PS3. Aujourd’hui, ils sont sur des rails et ils se concentrent sur les jeux. Rien qui me fasse sauter au plafond mais c’est solide et varié. Seul Sony Japan me parait très en retrait niveau qualité (Knack, Gravity Rush 2…). Ils ont aussi tenté la VR, qui restera mon choc de cette gen, donc rien que pour ça, ça valait le coup, même si le PSVR est loin de me satisfaire à 100%.

Pour la première fois depuis que je joue aux JV, ma machine préférée a été une machine Nintendo, la WiiU. J’ai adoré certains jeux (W101, Pikmin 3, ZombiU, MK8, DK, Bayonetta 2, 3D World…) et ça a été la première console sur laquelle j’ai passé du temps avec ma fille. A la différence des autres consoles, ça ressemblait à une console du passé (dans les bons et les mauvais côtés) avec ce gros Gamepad, ces jeux directs et colorés, ce gameplay un peu foutraque mais attachant.

Qu'est-ce que t'inspire la prestation "logiciel" de Microsoft pour cet E3 2017 ?

C’était la conférence qui, pour moi, avait le plus d’enjeu avec la présentation d’une nouvelle machine et une offre software à renouveler. Côté software, on peut voir ça comme une déception car sorti de Forza 7, il n’y a pas de jeu Microsoft ambassadeur de la Xbox One X. Microsoft s’est appuyé sur les jeux tiers (Assassin’s Creed Origins, Metro et surtout Anthem), des jeux impressionnants mais qu’on retrouvera ailleurs. Il reste Sea of Thieves, Crackdown 3, State of Decay 2 à la limite, beaucoup de jeux indés, des jeux moins gros budget comme Ori 2 mais en comparaison de ce qu’offrent Sony et Nintendo en exclues, ça ne fait pas le poids. Maintenant, possible que ça fasse partie de la stratégie de Microsoft de déplacer leur politique éditoriale des AAA vers des petits / moyens budgets et vers des jeux, non plus construit autour d’un solo, mais axé sur le multi, les fameux jeux service dont parlait Phil Spencer. 

C'est bon, t'as préco la Xbox ONE X ? Tu la vois comment la petite dernière ?

Non pas de précommande pour la One X. J’attends de voir ce qu’elle apporte de plus que la Pro sur les jeux tiers multiplateforme. La Pro m’a un peu refroidi sur ce point. Après, avec son prix, son côté Premium de la gamme Xbox One, je la vois comme une machine pour reprendre le leadership technologique pendant 2-3 ans. C’est une question d’image pour MS après le lancement catastrophique et le rétro pédalage sur la One. C’est leur com vers les joueurs depuis ce ratage initial, reconquérir les gamers : retrait de Kinect, rétrocompatibilité, Play everywhere, Xbox Pass…
Je ne lui vois pas un gros succès, c’est du mid generation donc ça ne bouleversera pas les positions établies.

T'avais noté des trucs intéressants du côté de EA et Bethesa ?

Chez EA, A Way out, le jeu de Joseph Farès. J’ai trouvé Brothers moyen mais là le budget est largement plus conséquent (ça se voit à l’écran) et surtout je trouve couillu de proposer un jeu uniquement jouable en coop. J’aime ce côté radical et forcément excluant. Difficile de passer sous silence Anthem (aka Destiny’s child) de Bioware (les vrais pas ceux d’Andromeda). C’est splendide visuellement et artistiquement mais ça coche peut-être trop de cases du cahier des charges du AAA jeux service avec son solo / multi mêlé, son ambiance SF, son loot, ses raids, ses armures / exosquelettes…

Chez Bethesda, j’ai moins aimé leur conférence cette année. J’aimais bien les longues démonstrations sur Dishonored 2 et Prey. Je retiens juste The Evil Within 2 même si Mikami n’a que la casquette de producteur.

La stratégie de Crosoft est-elle payante/viable à long terme ? Quelle est-elle d'ailleurs ?

Microsoft travaille depuis quelques mois / années à unir son offre Xbox et Windows X. La fin des exclues Xbox One me semble logique, pour des raisons de rentabilité des projets et de la place historique de MS sur PC. Ca a du sens même si ça fait grincer quelques dents du côté des amoureux des consoles. Je pense que les dernières déclarations de Spencer sur les AAA solo et la mainmise sur l’industrie des jeux service (ces jeux qui visent la rétention du joueur) indiquent que MS va beaucoup moins investir sur des projets à la Zelda ou à la Horizon, des projets jugés à risques et qui, selon Spencer, perdent en impact par rapport à il y a 10 ans. L’annulation de Scalebound, Remedy qui va chercher de l’argent ailleurs, l’offre software de l’E3 montrent que la politique éditoriale de MS est en train de changer.

Quel éditeur ou constructeur va remporter l'E3 avec ce que t'as vu à mi-parcours (EA, Bethesda, Microsoft faits ; Ubi, Sony, Nintendo à faire) ?

On va plutôt faire un bilan global, maintenant que l’E3 est passé.

Dans cette E3 moyen, mi enthousiasme mou, mi force tranquille, des 3 constructeurs, je mettrais Sony devant. Ca parait paradoxal car leur Sony Direct était sans envie, balancé en 1h de temps et sans surprise mais pour moi c’était le constructeur qui avait le moins à perdre sur cette édition et pour lequel il y avait moins d’attente. Sur la fin d’année, il laisse la place aux tiers, après 6 premiers mois bien chargés et ils ont des cartouches pour 2018. C’est cohérent et surtout Sony a d’autres temps de communication en 2017.

Côté Nintendo, la déception ne vient pas forcément des annonces mais du contenu dévoilé : Pokémon Switch et Metroid Prime 4 annoncés dans des bureaux et via un logo, c’est moyen. Le planning 2017 est solide côté exclues Nintendo (sans doute un des meilleurs en année 1) et ils ont placé quelques titres pour 2018. Le stricte minimum mais au moins la Switch a pris le devant de la scène au profit de la 3DS.

Je mets Microsoft en dernier car même si c’était une bonne conférence à regarder, la X est « juste » une extension de la gamme One (on le savait mais bon…) et l’offre software est un peu exsangue et terne pour faire rêver et inciter à l’achat d’une des machines de la gamme.  
Côté éditeurs tiers, Ubisoft a fait une vraie conférence, dans le sens classique du terme, avec du show (Miyamoto, Ancel…) et des annonces. Pas un catalogue surprenant mais ils ont joué le jeu de l’E3. EA, c’était soporifique malgré A Way out et Anthem (ces 30 minutes sur Battlefront 2). Quant à Bethesda j’ai été moins conquis que l’année dernière même si ça reste un éditeur qui grandit d’année en année.
Pas vraiment un E3 qui restera dans les mémoires donc…

Qu'as tu pensé de la conf d'Ubi (la meilleure sur le fond comme sur la forme pour moi)

Déjà répondu pour Ubi mais je complète. Je trouve que ça sentait la conf « dernier inventaire avant liquidation ». On se fait plaisir (Guillemot qui host, Miyamoto, BGE2…) avant que le méchant Bolloré croque tout ça.

Carton jaune pour récidive pour Sony ?

Répondu pour Sony. Je trouve les avis un peu durs sur Sony, finalement. Au moins, ils n’ont pas présenté des jeux fantasmes ou qui ne sortiront pas avant 4 ans. Le catalogue est solide et il se sont même permis de sortir mon jeu de l’été de la conf (Everybody’s Golf) pour le mettre dans le pré show.

Nintendo a braqué l'E3 avec Mario et ses 2 annonces inattendues ?

Pour compléter sur Mario Odyssey, je fais une confiance aveugle à Koizumi. Je n’imagine pas pouvoir être déçu. Ma seule crainte c’est qu’il y ait peu d’univers (pour le moment on en a vu une dizaine) même si forcément on ne sera pas dans un nombre à la Galaxy et ses mini environnements. Avec Overcooked Switch et Everybody’s Golf PS4, c’est le jeu que j’attends le plus (oui j’ai pas non plus des attentes démesurées, j’ai tellement de jeux de retard).

Une édition correcte non cet E3 2017 ?

Oui correct, sans surprise non leakée, assez tranquille. Ca déroule le catalogue. On est dans le dernier tiers des PS4 / One : on va avoir les jeux de fin de gen et le boulot sur la prochaine (sur le terme gen a encore un sens) qui commence déjà.

On s'arrête là pour ton interview ? Et si on inversait les rôles le temps d'une question ...

Oui si tu n’as plus de questions… Je pense que vu la durée de cette interview c’est l’œuvre de ma vie. Je ne sais même plus quand ça a commencé, quel âge j’avais et quand ça se terminera. Je m’imagine à 64 ans toujours à répondre aux questions de ce bon vieux Neves. Comme on disait dans Twin Peaks : rendez-vous dans 25 ans… When I’m sixty four…

Pour conclure, je me pose ma propre question, que tu ne m’as pas posée : pourquoi avoir accepté de répondre à cette interview ? Je me suis dit et je me dis toujours : personne ne va avoir envie de lire ça. Qui ça intéresse ? Surtout un truc aussi long sur quelqu’un d’inconnu. Et puis me souvenant de Jim Morrison qui disait que l’auto-interview c’était l’avenir (en gros), j’ai trouvé intéressant de répondre à ces 2 000 questions, pour moi-même. On se pose, on réfléchit, on se questionne. Comme un jeu PlatinumGames, j’ai été assidu au début, j’ai fait un break assez long et j’y suis revenu.

I’m free, at last…

Qui es-tu ?

Aucunement celui que j'aurais voulu être. Les grandes questions ont besoin de réponses courtes.

 

"Everybody's Golf, des attentes raisonnables", sopor.

fin de la dernière partie.

2014-2017 Time Neves, C'est dans la boite Réservé.