Etonnant ces israéliens. Hostages est déjà un très bon thriller. Je dois encore faire la main basse sur Hatufim, l’œuvre sur laquelle se base le multi plébiscité Homeland et je dois encore installer le goute à goute dans mon potager.  C’est dire si je suis à l’heure israélienne. Visionnée en VOST, False Flag reprend à son compte les codes qui ont fait le succès de ces shows venus d’Orient : tension, suspense, faux-semblants. Tout ceci sous la houlette du leitmotiv : faire bien avec peu. Car, à l’instar d’Hostages, l’ensemble forme un tout cohérent sans surenchère, l’authenticité se substituant avec brio dans un show une nouvelle fois axé sur l’ampleur de l’écriture de ses personnages. Qu’il s’agisse de la profondeur intrinsèque de la personnalité des uns ou la relative facilitée à semer le trouble sur leur réel rôle/enjeu des autres, Faux Drapeau tient là l’un de ses piliers les plus évidents.

Avec le scénario. False Flag comporte un postulat original. 5 citoyens israéliens ont enlevé à Moscou le Ministre des Affaires Etrangères iranien en visite chez les Poupées. Le hic, c’est que le tout a été filmé via caméra de surveillance. Les passeports utilisés appartiennent eux à des israéliens vivant leur tranquille petite vie. Jusque-là. On se dit que rien ne peut leur arriver, de faux passeports singeant le leur ont servi à des types malintentionnés pour commettre leur forfait. Déroutant, il l’est, ce synopsis. C’est aussi déconcertant qu’habile puisqu’on imagine mal l’affaire se finir sur une poignée de main entre gens de bonnes tenues bien sous tous rapport et les autorités enquêtant sur l’enlèvement et la possible implication des noms figurant sur ces pièces d’identité. Ainsi on traque constamment le moindre élément suspect en prenant le soin de ne pas non plus se faire embarquer par le bout du nez à la moindre carotte agitée par les scénaristes. J’ai à ce propos fait mes propres paris. Et bien évidemment, je me suis bien gouré. Ben Gourion.

Le point de vue de False Flag ne s’attarde pas seulement sur les épreuves que traversent nos 5 héros malgré eux puisqu’une large part des faits est rapportée depuis la QG du Shin Bet, le service de renseignement intérieur d’Israel. A ce titre, les 2 enquêteurs en charge du dossier font figure de personnages principaux au même titre que nos 5 trublions. Une double narration s’emmêlant et s’entrecroisant se met alors en place. D’un côté, nos 5 héros continuent de vivre tant bien que mal leur existence affectée à divers degré (selon leur tempérament/personnalité en fait) et de l’autre, l’enquête délivre avec parcimonie ses quelques menues informations à-même de gonfler la suspicion pour l’un ou l’autre des impliqués. Deux ficelles sur lesquelles tirent habilement le show permettant de ne jamais vraiment faire retomber le souffle de l’attention/la tension.

Sans que cela ne porte vraiment préjudice au rythme du show, la tension – justement – reste constante sans jamais vraiment prendre son envol. A tort ou à raison, vous resterez seul juge de votre appréciation de ce choix pour la Série. En réalité, des évènements d’ampleur par leur signification font bels et bien leurs coups d’éclats aux moments opportuns mais jamais le show n’entrera dans un emballement haletant à la 24 par exemple. Oui, il y a de l’action de temps à autres cependant celle-ci reste finalement très ponctuelle au sein d’un épisode. Je ne pense que ce constat soit à mettre sur le dos du budget de la production puisque le m’as-tu vu graveleux de certains délires hollywoodiens n’a vraiment rien de commun avec l’esprit de toutes ces séries misant beaucoup sur l’intimiste, la patience et le calme avant la tempête.

False Flag n’est pas une série à prendre à légère, bénéficiant d’un double arc narratif, elle instaure dès les premières minutes une situation de tenson et de suspicion manifeste entre son audience et le produit. La construction des personnages, le jeu d’acteur comme l’écriture générale se mariant aisément pour former un tout cohérent que seul le Mossad parviendra à mettre à mal (#double-sens). Le show prête aux assimilations comme aux théories les plus dingues jusqu’à livrer son final haletant permettant à toutes les pièces d’un même ensemble de reconstituer le puzzle auquel elles échappaient jusque lors. Avec en point d’orgue les révélations sur la réelle nature de nos protagonistes comme de leur implication dans cette opération dont le commanditaire n’est jamais vraiment celui auquel on pense au fur et à mesure de l’évolution de notre pensée aux regardants des évènements se succédant épaississant un peu plus le double mystère.


2014-2017 Time Neves, du tout bon Réservé.