Je jouis d’une aversion profonde pour la politique. Vous allez me dire que ça commence mal pour une série dont le thème est la politique et la thèse : le degré de ripousité du milieu et la problématique : jusqu’où la crédulité des gens va ? Réponse au prochain épisode. Oui, l’histoire commence mal mais avec Kad Merad et Niels Arstrup au casting, il est de bon ton de croire que le show en a à revendre. Baron Noir est une série de 8 épisodes traitant de politique puisqu’elle se propose de conter l’ascension dans l’appareil politique du duo Francis Laugier/Philippe Rickwaert, le second étant le colistier du 1er. A ce propos, si ces 2 vedettes du cinéma français n’incarnent pas à eux seuls le rapprochement inéluctable entre les 2 formes d’expression …

Baron Noir a fait sourire le vrai-faux président François Hollande puisque cette politique fiction met en scène un duo de socialistes accédant à la présidence, non sans mal puisque passant difficilement à travers le filet énorme de la magouille qui gangrène le milieu. Tout l’intérêt repose d’ailleurs sur les écarts de conduite consentis pour accéder au vote du quidam, ceux-ci comme ces premiers se payant manifestement très chers. Sans trop en dévoiler (cf. la BA), ces petits histoires vont entaminer (néologisme : entamer + contaminer = entaminer ; logique) la pourtant solide amitié liant nos 2 partenaires de carrière. En effet, le Président Laugier campé par Niels Arstrup devant se résoudre à lâcher son fidèle lieutenant dans l’espoir de conserver une image saine à l’aube du scandale éclaboussant la mairie détenue par son second, Rickwaert.

S’en suit alors des mains basses et des coups bas entre la puissante présidence et le député-maire de Dunkerque, ce dernier usant de tous les moyens pour non pas réellement se venger ou rendre l’appareil au coup de Trafalgar porté à son encontre, mais plus pour revenir d’une manière ou d’une autre dans la course. L’occasion pour le spectateur d’observer les jeux de pouvoir, les coups de bluffs ou encore les flirts dangereux avec l’ennemi (qu’il soit d’ordre sexuel, idéologique ou pénal). Les retournements de situations sont en fait aussi nombreux que difficiles à prévoir pour le candide que nous sommes tous face à la politique (‘fin vous plus que moi). Chaque partie jouant avec les limites de la légalité comme de la morale pour retourner la situation à son avantage. En ce sens, la série est vraiment plaisante à suivre même pour un affranchi de ce système de merde qu’on appelle démocratie comme moi.

Cette série a donc gentiment amusé François Hollande qui bien sûr dément vertement que les choses se passent réellement comme cela dans les hautes sphères. Ce dont je ne doute aucunement puisque je n’ai jamais pris la peine d’ouvrir un journal de ma vie. Clearstream, emplois fictifs, compte suisse, tout ça, ça n’existe évidemment pas. Madame la Marquise. Putain, bien sûr que la réalité dépasse amplement la fiction. Bon, ça s’était pour le coup de gueule puisque ce n’est pas souvent pour ainsi dire jamais que je donne le fond de ma pensée sur la chose. La série, elle, fait donc habilement le job, je dirais même que le souci de cohérence comme de crédibilité notamment dans le choix des décors est vraiment palpable. Qu’il s’agisse de souterrains miteux, d’aéroports de seconde zone ou de ce faux-Palais de l’Elysée, on s’y croirait. Et bien sûr, ça joue beaucoup. Comme le jeu en lui-même de nos acolytes. Bien aidé par Amélie, la conseillère de Laugier, sorte de Macron en version fille si vous voulez mon avis. J’ai dit que je ne m’intéressais pas à la politique ?


Faisant office d’os entre 2 chiens s’aboyant l’un l’autre dessus, la forte Amélie Dorendeu ne semble pas tant animé d’un désir idéologique que par celui de servir. Celui la France et les français ma bonne dame. Et puis un peu soi quand même. Humain après tout. En réalité, il est assez difficile de cerner les ambitions et motivations de la conseillère qui apparait même dérangé de se voir octroyer une place parmi le gouvernement. S’affichant comme un véritable laboratoire sur l’engagement de certains politiques envers le peuple, Amélie agit à l’instar d’un parapluie, paratonnerre, para-ce que vous voulez sur le fronton du défi psychologique abîmant nos 2 acolytes principaux. Très peu influée et ne prenant quasiment jamais partie si ce n’est pas simple asservissement loyaliste. A titre personnel, j’interprète ce personnage, sa construction et sa personnalité comme le reflet d’une foi modeste (désintéressée) en la politique qui anime probablement certains conseillers en haut lieu, monnayant leur inaltérable talent pour le bien du service publique comme ils auraient pu le faire pour le DG d’un grand groupe de finance. Rotschild par exemple.

Baron Noir ne m’a pas convaincu. Que la politique pouvait être clean. Les relations humaines me direz-vous. L’accession au trône ne se faisant pas sans couper quelques têtes par ci par là, à droite à gauche, devant derrière, en haut en bas. Le show parvient cependant à aiguiser la curiosité du spectateur quant aux parties d’échec sous-jacentes jalonnant la conquête comme l’exercice du pouvoir au sein de l’arcane étatique. L’impossibilité apparente de concilier incorruptibilité d’âme comme d’esprit me fait toujours autant froid dans le dos mais ce n’est que de la fiction me dira-t-on … Justement, la réalité dépasse toujours la diction. Règle d’or. Baron Noir rejoint la longue liste des séries valant insatiablement le coup d’œil tant il est rare d’observer les rouages et coursives si réalistement fantasmés de la politique spectacle, cette véritable dramaturgie dont nous subissons tous les jours (fériés yc) l’imposture. Pour le coup, elle, bien réelle.

2014-2017 Time Neves Pas dégueulasse sauf le final Réservé