Encore une série venue du grand froid. L’Islande cette fois. Trapped porte bien son nom et se révèle finalement être d’un tout autre acabit de ce à quoi nous a habitué les productions en provenance de Scandinavie. En effet, exit la ville, bonjour la petite bourgade aussi reculée qu’inaccessible. Les péripéties se déroulent effectivement aux abords d’une petite ville côtière drapée d’un épais manteau blanc. Qui n’a en a fait rien d’épais une fois relativisée suite au passage d’une bonne grosse tempête de neige. Visionnée comme il se doit en VOST, l’intrigue repose sur la découverte d’un corps d’un Ferry en provenance du Danemark amarré au port du coin depuis peu. Le personnage principal de l’aventure se matérialisant sous les traits d’Andri, un gros bonhomme typique du coin divorcé de sa femme mais entretenant encore des relations solides avec la famille de celle-ci (ses 2 filles évidemment mais ses beaux-parents surtout).

The Bridge fait ressentir le froid à son audience par le choix de son théâtre (Danemark et Suède) ainsi que de la culture qui anime la communauté locale. Islande oblige, la température descend d’un cran pour friser les -20 degrés. Ce qui n’empêche pas d’ailleurs les locaux d’apparaitre plus chaleureux entre eux, animés certainement d’un plus profond désir d’entre-aide entre habitants d’un petit havre de paix plutôt rude avec ses hôtes. Pourtant, la bourgade n’est pas vraiment située à front de montagne, simplement, entre les glaciers en panorama de fond et l’Atlantique Nord sur le devant, difficile de ne pas se sentir à minima en terrain hostile. Je ne saurais dire si l’action de passe en Hiver tant le doute est permis à ces latitudes-là quant au fait que la neige fonde. Le manteau est blanc, constamment et pi, c’est tout.

L’intrigue repose effectivement sur un meurtre. L’identité de la victime est inconnue, personne ne semblant être en mesure d’identifier le peu de prélèvements réalisables et réalisés sur sa dépouille. Espagne, suisse, danois, manifestement impossible de savoir d’où il vient et d’orienter l’enquête sur l’une ou l’autre des pistes envisagées. En soi, un meurtre dans une localité où tout le monde se connait et aucun évènement d’ampleur ne se produit souvent met tout ce petit beau monde en émoi. Qui est-il ? Qui a fait ça ? Pourquoi ? Les interrogations classiques. Naturellement, ce crime sous-tend et met sur le devant de la scène la nature et les connivences réelles qui animent la vie politique, sociale et sociétale de Seyoisfjörour.

Dans quelle mesure cet assassinat profite à quelqu’un, vous ne le saurez qu’au final (ce serait trop beau sinon) mais ce dernier a au moins le mérite (sic) de mettre en lumière les jeux de pouvoir entre le maire de la ville plutôt mal aimé et la police locale ou les tensions entre plusieurs familles entretenant de lourds passifs entre elles. Tout le monde devient un tantinet suspect et la perspective que la bourgade admette un tueur en liberté ne réjouit pour ainsi dire personne, la ville entière est ainsi prise d’inquiétude. Ce climat de crainte ne défausse pas pour autant les valeureux puisque la série balaie habilement certains thèmes comme la place de la jeunesse dans ce genre d’endroit reculé où les activités comme les perspectives ne sont pas légions ou encore la perception de l’immigration comme l’étranger. Le climat, le vrai quant à lui (j’entends la tempête de neige s’annonçant) décuple les caractères et personnalités assez disparate des locaux, entre ceux plutôt méfiants mais bon dans le fond, ceux dont la réserve cache une évidente générosité. Et puis les crapules, les sensibles, les repliés sur soi. Des personnages nordiques en fait. Désolé pour le lieu commun.

Pris au piège ne s’impose pas comme la destination privilégiée des touristes en manque de soleil comme de crème solaire - ses lieux de villégiatures restent assez loin de la carte postale ; encore que la localité n’est pas dénuée d’un certain charme - , elle parvient pourtant à distiller harmonieusement son sel où faux-semblants persistants s’entremêlent avec la ténacité et la puissance de ce gros nounours barbu d’Andri. Personnage au combien central tant dans l’enquête que faisant figure de synthèse du particularisme ambient sous-tendant la ville au nom imprononçable. Son combat dissident à l’encontre de la corruption et des magouilles agitant sa ville se personnifiant à travers la résolution d’un crime symbole des ravages de l’arrivisme, la cupidité et l’opportunisme qui gangrène Seyoisfjörour.

2014-2017 Time Neves Halletant Réservé