Printemps 2014, je découvre Hostages, série israélienne d’une quelque douzaine d’épisodes centrée sur le développement d’une prise d’otage sordide en pleine banlieue pavillonnaire de Jérusalem. J’ai déjà eu l’occasion d’en évoquer la teneur lors de l’un de mes premiers posts sur ce blog, quand il était encore au stade de brouillon. Las, c’est à l’aube de la saison 2 du show que je mate en ce moment même sous vos yeux ébahis que me prend l’envie de rendre réellement justice à cette excellente série, en  commençant par rendre honneur à sa première saison, bien aidé par le résumé de quelques minutes en préambule de cette saison 2. L’occasion de re-constater – et ce, le doigt solidement pris dans l’engrenage du thriller israélien - à quel point le plot à priori bidesque – toutes les séries policières nous ont fait le coup de la prise d’otages à la con qui saoule et ne fait rien avancer – se voit développé d’une main de maître dans un récit aux complexités bien enfouies de prime abord prêtes à surgir aux moments les plus saugrenus.

La construction du récit se veut complexe et les points de vue multiples. En effet, dans le souci de conserver une tension inhérente au genre thriller, les scénaristes et le réalisateur alternent constamment entre points chauds et points froids, distillant ainsi les effets comme tractations à-même d’imbiber l’audience d’une envie maladive de tout savoir et surtout tout comprendre. Effilochant son fil d’Ariane, l’enchainement des évènements se veut volontairement brouillé, nappé d’un épais voile – sombre de surcroit – mêlant habilement enjeux politiques et quêtes personnelles. Il ne s’agit pas seulement de développer ce qui se passe au cœur de l’action, mais de mettre aussi en lumière les manœuvres au dehors, parmi les gentilshommes qui n’entretiennent à priori aucune promiscuité avec ce qui se trame en vase clos. A priori …

Evidemment, la séquestration de la famille Danon en son propre domicile n’est pas anodine et il ne s’agit clairement pas d’un quelconque cambriolage ayant mal tourné. Les fauteurs de troubles sont quatre, il en est de même pour les victimes. Huit profils qui vont tant bien que mal devoir cohabiter et se supporter puisque les uns ont besoins des autres. Sommairement, les 4 membres de la famille souhaitent par tous les moyens s’enfuir de leur propre maison. Primitif certes, mais instinctif. Le commando, lui, souhaite bien évidemment les garder non pas pour demander une rançon ou faire un coup d’éclat médiatique – la police n’est même pas au courant de la prise d’otage pendant toute la durée de celle-ci – mais pour profiter des compétences d’un des membres. Elément dont je ne révèlerais bien entendu ni la teneur, ni le pourfendeur. La cohabitation n’est pas aisée ; forcément, quand on a autant de flingue au m², ça irrite.

Et pourtant, la saveur du show s’effiloche tant dans les basculements, retournements et évolution de situations semblant de nombreuses fois bloquées dans une impasse que dans les personnalités et l’effusion de sentiment provoqué par toutes ces interactions entre les 2 groupes mais aussi au sein même du même groupe. Yael, mère et chirurgienne assurant clairement le rôle de chef de famille, a été choisi par le cabinet du Premier Ministre Shmuel Netzer pour effectuer son opération bénigne. La revendication des preneurs d’otages est simple. Le PM doit mourir sur la table d’opération sous peine de voir son mari et ses 2 enfants passés l’arme à gauche. Passé le postulat de départ disons délicat pour tout le monde, tout ce joli petit monde va donc agir à sa manière pour perturber d’une manière ou d’une autre le déroulement à la base millimétré de l’opération. Les états d’âmes de chacun ne facilitant pas l’équilibre vacillant d’une situation prête à s’envenimer à chaque tentative/requête/lavage de linge sale entre les personnages.

Les ramifications sont nombreuses et les faux-semblants parsèment un show qui ne requiert aucune implication forcée de votre part. Chacune des parties prenantes a un intérêt à prendre part à l’opération mais aucun ne partage le même dessein. Qu’il s’agisse de denrées purement pécuniaires, de motivations politiques ou de quête personnelle, ces membres dont la docile entente ne tient qu’à un fil jonglent avec les humeurs des uns et les revendications des laissés pour compte tout en s’afférant à ce que la police ne sache rien de ce qui s’y trame et que leur projet aboutisse. Au fur et à mesure que les révélations occurrent et que les différents points de vue (notamment extérieur à la maison) se succèdent, le spectateur se passionne alors tant pour les différentes évolutions de la situation de crise pour la famille que pour les raisons masquées prenant toujours un peu plus d’ampleur, Premier Ministre dans la balance oblige. Bnei Aruba parvient ainsi sans mal à démontrer que oui, une série dont le titre est Otages peut se targuer de ne jamais faire retomber la tension au moyen d’un cadre aussi exigu que très bien paramétré, un ravissement dont les différentes évolutions et couches ne trahissent jamais les prétentions budgétaires pourtant limités du show. Une totale réussite.

2014-2016 Time Neves, goutte à goutte Reservé.