Laissez éclater la rage qui sommeille en vous ...

Le dernier E3 aura permis d’en apprendre plus sur les licences à venir sur PlayStation et dans cette grande frénésie de retrouver des licences perdues depuis un temps ainsi que quelques petits nouveaux, j’ai eu l’occasion ici et là de constater la crainte légitime de certains de voir le AAA occidental de chez Sony converger vers un même point. Effectivement, Days Gone fait penser à TheLastofUS pour son côté nature – zombie – post-apocalyptique, God of War fait presque penser à Horizon (dans ses premiers instants en tout cas) avec cette nature luxuriante bien loin de la Grèce Antique mais fait aussi penser aux dernières productions Naughty Dogs qui comportaient ce retour à l’expérience solo accompagné d’un proche (TLOU, U4). Justement, ND a bien souvent misé sur une aventure solo partagée avec une IA dans l’espoir de catalyser l’emphase empathique envers le personnage principal au moyen d’un sidekick, un procédé que l’on retrouve dans Jak&Daxter, dans TheLastofUs évidemment mais aussi dans Uncharted 4 ou encore ce God of War qui se préfigure. Alors les gros AAA occidentaux PlayStation tendent-ils à devenir des copies les uns des autres ? Compliqué de prophétiser ce type de jugement même si des similitudes et une convergence certaine se dégage.

Depuis son entrée dans l’Ere/aire du jeu vidéo, Sony par l’intermédiaire de sa branche nouvellement nommé Interactive Entertainment s’est évertué à construire des licences fortes, un catalogue fort. Inutile de rappeler la mouvance très jeunesse / adolescente de l’époque PlayStation, tout le monde se souvient que les grands noms de celles-ci capitalisaient sur un loisir divertissant avant tout, l’émotion étant laissée en marge. Des preuves, vous voulez des preuves ? Eh bien, tenez ! Crash Bandicoot, Ape Escape, Spyro, Medievil sont autant de titres à histoire mais à fun avant tout. Non pas que l’histoire était accessoire mais clairement, l’accent n’était pas franchement mis dessus et était surtout prétexte à sourire et à exploiter un univers avec des méchants bien identifiés et une mise en scène sommaire, épurant l’œuvre pour ne quasi garder que les phases de gameplay. Le succès de la PS1 s’est construit sur des titres forts aussi dans leur unicité dont certains mettaient en exergue un fort propos : Metal Gear Solid, Final Fantasy VII, Silent Hill ou encore Resident Evil pour ne citer que quelques cautions. Reste que certes exclusif, aucun de ces vassaux n’émanaient des partenaires et affiliés PlayStation. La volonté était au moins là de les accueillir prétendront certains.

Le succès de la PlayStation 2 se conjugue avec la volonté interne de Sony de se doter d’un catalogue encore plus divers, perpétuant certains classiques comme les plateformers ou les RPG mais aussi d’adapter son offre aux mutations de l’industrie, les studios japonais laissant de plus en plus la place de leader technique et commercial à leurs homologues occidentaux. C’est ainsi qu’on peut voir dans l’avènement de titre comme God of War, Killzone ou encore TheGetaway. Les premières tentatives de passer la seconde sur le terrain des jeux dits "matures" (en apparence tout du moins) dont l’attention est aussi fortement porté sur l'histoire, le scénario, la narration, la mise en scène. Et puis, il y a eu cette génération PS3 où la peuplade de jeux au fort accent narratif a explosé. Uncharted, Resistance, inFamous, Heavy Rain, TheLastofUs en sont les plus probants exemples. Le line-up PlayStation reste très divers – qu’il s’agisse de titres cartoon, jap’, indés, gameplay-centré, etc. – là n’est pas la question ni la vocation de cet article mais définitivement, la génération 7 par l’intermédiaire de sa PS3 a définitivement assis le catalogue d’exclusivités « matures » Sony sur les traces de l’immersion narrative par la voie cinématographique. Là non plus n’est pas la question d’ériger Sony en soliste, les tiers l’ont fait avant lui et le font très bien à côté de lui. Simplement, au sein même de ce line-up dans le line-up, on pourrait à la lecture des projets sortis et en gestation sur PS4 croire à une certaine uniformisation du milieu, en tout cas, au sein des Sony Worldwide Studios ainsi que des partenaires affiliés.

The Order 1886, inFamous Second Son, Until Dawn, Uncharted 4 sont des titres dont l’histoire se veut développée, sérieuse, engageante, prenante pour l’audience qu’elle vise. Des titres très divers dans leur style, gameplay, cadre. Pourtant, il reste indéniable qu’ils ont tous la volonté de mettre en exergue une aventure solo ne se contentant pas seulement de divertir mais d’impliquer le joueur émotionnellement. Avec des émotions lourdes, et non légères comme le rire ou la joie. Non, il s’agit bien d’empathie, d’antipathie, d’inquiétude, d’attachement, des sentiments en fait. Alors est-ce que le line-up issu du genre cinématographique à venir permet de statuer catégoriquement sur une uniformisation des licences maisons ou celles-ci conservent chacune leurs spécificités ? C’est effectivement la question qu’il est légitime de se poser à la lumière du dernier E3 – édition 2016 – puisque des rapprochements sur les univers/cadres choisis sont assimilables : Days Gone/TheLastofUs prenant à leur compte le post-apocalyptique, Horizon/GodofWar/Uncharted4 très porté sur la nature, inFamous/Spiderman dépeignant des superhéros. La recette serait ainsi elle décalquée, couper puis coller avec du stick U d’un studio à un autre ? Trivialement, des similitudes ne suffisent pas à travestir une quelconque facilité de production. On ne peut pas émettre de jugement à cette encontre sinon on ne crée rien. Une autre réponse tout à fait convaincante pourrait tenir en le droit d’exploiter de manières différentes les mêmes univers. Qui se plaindra ? Certainement pas le joueur né sous X. Par contre, dans une certaine mesure, certains codes semblent choir sous le sens pour les scénaristes travaillant pour Sony. L’emphase du héros avec un sidekick en premier lieu. Pour les réalisateurs aussi. Puisque l’essentiel du catalogue narratif Sony se perçoit à la troisième personne doublé d'un souci minutieux du contrôle de la caméra lors des actions du joueur, autrement dit de la mise en scène (mouvement lors de finish move, QTE, etc.). L’occasion de développer sur une dizaine d’heure au moins une relation psychologique et un cheminement personnel à travers l’autre, permettant plus facilement d’impliquer le joueur dans l’aventure et finalement lui faire endurer l'aventure en lieu et place de l'avatar qu'il contrôle, le joueur et le joué ne faisant plus qu'un.

  • un monde à l'abandon (God of War, Horizon, TLOU, Days Gone)
  • une nature omniprésente (idem)
  • une relation psychologique forte entre 2 personnages : vous + l'I.A [God of War, TLOU, U4, inFamous SS]
  • une claque graphique [The Order, inFamous SS, TLOU, U4, tous en fait ^^]
  • du craft à gogo [TLOU, Days Gone, Horizon, GoW ??]
  • une quête personnelle, une histoire forte, un rendu cinématographique [tous]

La preuve par l'image ?

 Vous, ça vous inquiète ou ça vous enjoue ?

 

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