C'est un petit peu en ne sachant sur quel pied danser que j'ai lancé la lecture du film Québecois de Xavier NOLAN à la mi 2015. Intrigué par le sujet, le propos du film lorsque je vis la bande annonce et en même temps rebuté par l'accent de nos cousins américains. Je ne le supporte toujours pas d'ailleurs même si j'ai bien dû me faire une raison. Cependant et cela démontre de la puissance du film, ce "faut faire avec" passe assez rapidement au second plan tant l'oeuvre porté par les 3 acteurs présents au générique comme sur l'affiche ci-haut porte le film vers les cieux. Oui, je n'y vais pas de la main morte. Ca plus l'écriture amenant une succession de péripéties fortes en portée, en émotion surfant habilement sur un cycle de haut et de bas.

Mommy, c'est 20 premières minutes pendant lesquelles j'ai hésité 100 fois à arrêter le film et pesé le pour et le contre quant à changer la vocalise pour quelque chose de plus audible (désolé à nos amis québecois mais je m'y fait difficillement à votre accent, c'est pas faute d'écouter du Céline Dion pourtant). Puis j'ai laissé tourner. Bien m'en a pris. Je me demande en fait par où commencer pour rendre honneur à l'oeuvre tant celle-ci fait très forte du début à la fin. En fin de compte, le film se concentre sur 3 personnages seulement, et explore le développement particulier, une intéraction relationnelle disons alternative ou plutôt sinuzoïdale, faites de grands hauts et de profonds, très profonds bas. C'est l'histoire de Diane, veuve monoparental ayant confié il y a quelques années de ça son enfant, Steve, à un hopital psychiatrique spécialisé dans l'accueil de mineur au comportement ingérable et surtout imprévisible. En effet, Steve est atteint d'un trouble, le déficit de l'attention supplément suractivité. Il est à la fois dangereux pour lui mais aussi pour ceux qui se trouvent à côté de lui. Il passe ainsi rapidement - et en raison d'un élément déclencheur inanticipable pour autrui - de la joie à la tristesse, de la tendresse à la violence. Le film se fait alors l'avocat du véritable Grand 8 qu'observe la fusion passionnelle commune à ce couple, un couple inédit, un couple mère/fils.

Outre les fameuses 20 premières minutes d'adaptation qui posent le postulat de base - une mère retrouve son fils interné jusqu'à ce que la cellule spécialisée ne soit plus en mesure de s'en occuper - l'oeil pas expert pour un sous des mécaniques relatives au cinéma n'a que peu de chose à reprocher au film dès lors que la phase de round d'observation - où l'on tente de s'accrocher à la direction vers laquelle nous emmène le réalisateur - est consommée. La grande force du film étant sa propension à délier des scènes fortes en émotion positives comme négatives et le tout en ayant recours à seulement 3 personnages aux réactions, comportements et personnalités bien différents les uns des autres. De plus, le tout au pays du Caribou. Un Québec qui donne corps aux lieux notamment lors des sorties en plein air de la troupe et qui renforce ce sentiment de solitude qu'épprouve cette mère face à un fils qu'elle aime et qui la détruit pourtant à petits feux.

Mommy ne tient cependant pas son salut par le seul concourt d’un duo détonant. En elle-même l’association de ces 2 personnalités fortes en gueule pourrait tenir sur toute la longueur du film. Quoi que ça, on ne le saura jamais. Une pièce rapportée fait en effet irruption en la personne de la voisine touchante Kyla. Jeune trentaine - professeur dans le secondaire – atteinte de bégaiement suite à un récent drame, elle se lie peu à peu d’amitié avec notre mère déboussolée. Un trio qui cherche cet équilibre précaire - une entreprise difficile au vu du cocktail de sensibilité disparate – via un échange de bon procédé et beaucoup de bonne volonté. Ce qui n’empêche clairement pas les Montagnes Russes de refaire surface question émotion. En effet, tandis que Diane tente de traiter avec autorité et affection les agissements de son fils, Kyla s’affiche comme la sensibilité à l’état pure. Une confrontation inédite pour Steve qui finalement se retrouve lui-même face à une personnalité dont il aura du mal à anticiper les réactions. Une prise de responsabilité dont doit faire preuve le jeune homme vis-à-vis de ses propres agissements qui cette fois-ci n’affectent pas simplement le petit comité familial mais bien une tierce personne étrangère au cercle. Et on le sait tous, dans pareil cas, on agit plus comme on le ferait avec papa/maman.

Je ne reviendrais volontairement pas sur le développement du scénario. Spoiler oblige. Reste que l’Histoire est belle, vraiment. C’est vraiment le sentiment qu’on éprouve une fois la fin du film consommée. Cette sensation d’avoir pris part à la grande aventure d’un bout de vie seulement pourtant de 3 abîmés de la vie. Un film ni particulièrement triste, ni foncièrement joyeux. Un film qui se propose de s’attacher au relationnel humain de personnalités très hautes en couleur, un film qui s’attache à l’humain finalement. Cette boule de sentiment que nous incarnons tous, capable de passer en 2 minutes de l’amour à la haine, de la passion à la détestation. Un film sur la vie.

 

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