Snake Kojima

 

Le très estimé gourou de la secte Metal Gear - Hideo Kojima - s'est pour la première fois emparé de notre micro pour sortir de son silence depuis le fameux Kojima-gate ayant vu nombre d'actions déroutantes de la maison mère Konami à l'égard de sa petite structure indépendantiste Kojima Productions. Mais, sans plus tardé, laissons lui tout de suite la parole ...

 

Bien sûr que tout ceci est faux. Et évidemment, mon compte twitter a été piraté à de nombreuses reprises ces derniers mois. Il ne vous a pas échappé que je n'ai pas fait d'apparition publique lors des derniers évènements marquants de l'actualité vidéoludique. Je n'étais ni sur le showfloor de Microsoft, ni sur celui de Sony. Et pour cause ... j'étais séquestré pendant tout ce temps. Donc, oui, je le réaffirme, il s'agit bien de ma première déclaration publique depuis que tout ceci a commencé. Et qu'on en touche enfin le but. Et ça ne s'est pas vraiment passé comme le souligne votre édition du 1er Mai. D'ailleurs cette partie là de l'histoire faisait - elle aussi - partie du script de base. Je veux dire de toute évidence, je ne pointe pas à Haro Waru - le Paul Emploi japonais, ndlr - je n'ai qu'à claquer des doigts pour voir 50 représentants d'Activision, Ubisoft et EA me proposer des "incitations" hors de prix - dont je terrais la teneur par respect pour les âmes puritaines si sensibles - dans l'espoir que j'accepte de réaliser un chef d'oeuvre de plus mais pour leur compte cette fois-ci. Mais je me sens bien chez Konami. J'ai donc décidé de rester. Malgré tout ce qui s'est passé. Et de renouveler mon engagement pour un VI, VII, VIII et IX. Je ne pouvais pas laisser Star Wars caracoler en tête des ventes. L'élaboration du script marketting s'est déroulée vers la fin 2014. On m'a demandé de trouver quelque chose pour faire vendre le jeu. J'ai commencé par leur dire que le IV s'était quand même vendu à 6 millions sur la durée et une seule plateforme - la PS3 - mais ça ne leur suffisait pas. Ils en voulaient plus. Je leur ai avancé l'idée d'embraser la HYPE du monde ouvert - le nouveau dada de l'industrie - , TheWitcher s'y dirigeait, Batman Arkham aussi, je leur ai dis que l'émulation des 2 allait pleinement profiter à notre business, seulement, ils voulaient être vraiment sûr. Faut dire, avec 75 millions de milliards de yens de budget et un titre qui rentrait dans sa 6ème année de développement, ils commençaient à suinter les mecs ... Là-haut à la direction financière, ils avaient peur pour leurs fesses après toutes les extensions de budgets que je leur avait fait signer au cours des 2 dernières années ... Puis j'ai eu l'idée du siècle. Si on faisait croire que j'étais viré. Pas par une annonce officielle de but en blanc comme ça. Mais, et si on montait un scénario pour habilement faire irrémédiablement penser aux fans - et le public jeu vidéo en général - que mon heure était vraiment venue, là on la tapperait la barre fatidique des 10 millions. L'idée était de subrepticement relater la survenance de faits étranges à l'intérieur du studio par de soit-disantes sources proches de nous - en fait, c'était un faux compte de Kamiya, il peut être très sobre quand il s'y met et oui, il était dans la confidence - et d'instiguer la peur, la crainte de l'éffrondement de la structure de développement, l'incompréhension quant à la subite oppression de la maison mère et donc par finalité l'hypothèse de la fin de la saga. Sincèrement, je me demande comment vous y avez cru. Je veux dire, certes, les étapes étaient rondement amenées avec cette ambiance digne de la grande époque de la Stasi mais franchement, la série a fêté ses 25 ans en 2012, ça aurait du vous mettre la puce à l'oreille. On a donc commencé par restreindre les droits d'échange d'informations des salariés en coupant l'internet et l'intranet,  en fermant certaines adresses mails, en installant des caméras dans les toilettes - par mesure de sécurité, n'y voyez aucun clin d'oeil à certains passages de la série - en faisant disparaitre du jour au lendemain les logos de mon studio, le nom de ma structure, en faisant disparaître mon nom des crédits ainsi que des dépots légaux, en laissant se propager des rumeurs sur une prétendue fermeture du studio, et en inventant une histoire de toute pièce comme quoi le Boss ne pouvait plus me saquer à cause des retards que je prenais sur les délais, etc. On est même allé jusqu'à monter de toute pièce le faux retour de Silent Hill(s) avec Guillermo Del Terro et précipéter sa chute pour enfoncer encore plus le clou ! Nan, vraiment, on est allé loin. On voulait que ça fasse vrai. Je voulais que ça fasse vrai. J'ai alors dû jurer de ne plus utiliser par mes propres moyens mon compte twitter afin de créer ce qu'on appelle dans le jargon un "silence radio". Au bout de 3 semaines, je n'ai pas pu m'en empêcher. J'ai twitté - un truc débile et dispensable en plus ... pour pas changer de mes mauvaises habitudes ... - C'est là que le plan à dérapé. Kozuki - The Boss, de Konami - a alors pris le contrôle du plan - personnellement, j'entends - . Et il a déconné grâve. Ils ont décidé - lui et le conseil d'administration, qui doit approuver toutes les décisions entreprises par le Conseil de Discipline - de m'emfermer dans la remise du bâtiment EE1 du Quartier Général de la boîte, à Tokyo. Pour une semaine, le temps de m'habituer à la vie sans smartphone, internet, tout ça, 'fin vous voyez. Une sorte de Koh Lanta - à son échelle certes - pour moi. Je pouvais pas lutter, ils étaient 5. Du coup, j'ai pris mon mal en patience, je commençais à compter les rats qui traversaient la pièce, puis ensuite les jours et puis j'ai commencé à trouver le temps long. Très long. Ces cons m'avaient oubliés. Je subissais de plein fouet la douleur fantôme. Celle d'être dépourvu pendant un si long moment - j'ai bien cru que j'en allais être privé à vie ! - d'un de mes membres charnels : TWITTER. C'est lorsqu'ils se sont rendus compte que la sortie du jeu approchait, que le jeu passait Gold, qu'ils se sont souvenus que ça faisait déjà 5 mois qu'un type m'apportait mon plateau repas 2 fois par jour. Je suis alors sorti. Je vous raconte pas ce que j'aurais aimé faire à Kazuoki à ce moment là. Mais on ne m'en a pas laissé le temps. On m'a apporté directement un graphique. La courbe d'évolution des précommandes pour Metal Gear Solid V : The Phantom Pain toute plateforme confondue entre le 5 Mars 2015 - date du début de celles-ci et hier le 28 Aout 2015. La tendance n'est pas logarithmique certes ... Elle est carrément exponentielle ! Et contrairement à ce qu'on pense, je ne me fiche pas des chiffres. J'espère - comme tout employé japonais modèle et bien élevé - satisfaire ma hiérarchie pour pouvoir disposer de toujours plus de moyens afin de mener à bien mes ambitions, mes projets futurs, mes rêves et avec eux, ceux de millions de Julien Chièze en herbe. J'ai donc gentiment fermé les vannes de mon compte twitter - pourtant prêt à se déchainer et flinguer la réputation de la boite avec l'aide de Kamiya - ainsi que ma gueule. Puis j'ai signé dans la foulé pour 5 préquelles, 3 séquelles et 8 ou 9 prologues, de mémoire. Je compte bien me mettre sur le VI dès la fin de l'extension / l'épilogue  - la fin après les crédits n'est pas la vraie HEIN, je vous le dis puisqu'on est entre nous - Level Minus One qui sortira vraisemblablement en Février 2016. La dernière étape du scénario. Comme prévu depuis le début d'ailleurs.

 

Mr Kojima, qu'avez vous pensé du test de Metal Gear Solid V : The Phantom Pain faites par l'un de vos plus chétif fan, Julien Chièze ?

 

Absolument rien. Je ne lis pas la presse à scandales. Je blague. Je ne comprends tout simplement pas votre langue de Gajin. Je maîtrises quelques subtilités mais bien trop peu pour me fondre dans ce type de littérature. J'ai peur d'être Lost in Translation, vous comprendrez ... Par contre, je compte bien me faire traduire l'assurance qualité du test : le test du test par Snakeinabox. S'il compte un jour sortir son blog du marasme dans lequel il est empétré depuis des mois. Sur ce, je vous laisse, y a banquet et petit four en mon honneur. On se revera sans doute à la Paris Games Week, pour anoncer vous-savez-quoi. D'ici là ... Aligator. Sayonara.

 

2014-2015, Times Neves, AllJokes Reserved.