C'est une histoire de passion, un peu de folie, là où la raison n'a plus son mot à dire.

Je ne me souviens plus quand ( le 16 février 2001 après vérification), je me souviens plus du temps, je ne me souviens plus du jour. La seule chose dont je me souvienne c'était que c'était la sortie de FF.9. Impressionné par FF.7 qui était mon premier de la série, et un peu déçu de l'épisode suivant j'attendais celui ci avec impatience. Les personnages, le contexte dans lequel ils évoluaient m'attirait bien plus.
Tout aurait pu bien se passer. Je me dirigerai sans encombre vers un magasin de jeu vidéo, je tendrai au vendeur l'argent avec Final comme contre partie, je serai reparti chez moi et l' histoire se serait terminée là ( pas vraiment là parce que tant que j'y étais j'aurai pu aussi y jouer). Mais force est de constater que cette histoire là n'est pas très passionnante, elle manque de rebondissements, de suspenses, de séquences émotion.
C'était sans compter que suite à une opération du pied gauche, j'utilisai des béquilles pour me déplacer.

Le magasin était trop loin, les transports en commun n'étaient pas très performant, la seule alternative restait la voiture. Et personne pour m'aider, ni un parent ni un copain de paddle.
Donc je m'engouffre dans ma Corsa jaune, je démarre, et je teste mon pied en débrayant et embrayant. Il faut de rendre à l'évidence: les 10 minutes nécessaires au trajet vont être très douloureuses. Je sors de la place de parking et au bout de 500 mètres je n'en peux déjà plus. Mais il me le faut et je suis déjà lancé plus question de faire machine arrière.

Mes béquilles me servent à marcher, elles vont me servir alors à passer les vitesses. La conduite devient un jeu très subtile où il faut doser la pression de la béquille, ne pas la faire tomber, gérer l'accélérateur, le volant et réfléchir à ce que l'on va pouvoir dire au policier en cas de contrôle. Finalement j'arrive à destination. Je gare ma voiture tant bien que mal. Entré dans le magasin je réclame mon dû, je l'avais bien mérité. Réponse:" mon fournisseur n'est pas encore venu, il devrait être là dans une demi heure." Puis regardant ma jambe:" sale truc qui t'es arrivé là!". Tu m'étonnes je suis devant toi et tu me dis que tu n'as pas mon jeu. Y de quoi enrager. Bon vu mon état il est plus sage de rester dans la boutique et puis une demi heure ça passe vite. J'en profite pour errer dans les rayonnages, je redécouvre des jeux, rigole en n'en voyant d'autres, pose mon regard sur la jaquette d'un jeu inconnu.
Une demi heure plus tard le verdict est sans appel: "il" sera là dans une heure! Enfer et damnation, oh rage oh désespoir, poisson tu veux ma mort, enfin tout y passe. Je vois bien que le vendeur est embêté: il me propose sa chaise , me tend un paddle, engage la discussion.

L'illusion n'est que de courte durée. La douleur un temps oublié par les images qui défilent devant moi se fait maintenant de plus en plus pressante. Je pose la manette et me contente de serrer les dents et de paraitre le plus décontracter possible. Finalement mon sauveur arrive.

Le reste est flou. Je suppose que je paye et remonte dans ma voiture. Les quelques kilomètres sont expédiés. Je rentre chez moi. En lançant le jeu je m'enfile les médicaments contre la douleur prescrit me pose dans le canapé et lance la partie. Quelques minutes après les médicaments font leurs effets, je sombre doucement. Le jeu tournera en boucle jusqu'à mon réveil.
Pourquoi tant de mal pour si peu ?
C'est la passion qui nous guide, on fait des choses incroyables lorsqu'on croit et aime quelqu'un ou quelque chose. Et FF. 9 ne serait pas FF. 9 sans cette histoire là. Chacun a vécu une expérience différente d'un même jeu. C'est ça qui nous fédère.