Il est de ces annonces qui provoquent un mélange de scepticisme et d'enthousiasme parmi les amateurs de jeux vidéo. L'adaptation de
Prince of Persia sur grand écran n'a pas fait exception. Au fil des bandes-annonce, l'espoir commençait à poindre dans nos coeurs de gamers, qu'en est-il maintenant que le film est sorti? Faut-il vraiment aller voir Prince of Persia au cinéma?

                                            
 
On nous affirme que ce
Prince of Persia est adapté du jeu sorti en 2001 sur Xbox, Playstation 2 et GameCube : Les Sables du Temps. Dès lors, tentons de comparer les deux scénarios. Comme d'habitude pour une adaptation de jeu vidéo, le scénario du film de Mike Newell oscille entre relative fidélité et prise de liberté totale. Sharaman, le roi perse, adopte un enfant des rues qu'il croit capable de hauts faits comme de bonté : Dastan (oui... le Prince a un nom dans cette adaptation...). Quelques années plus tard, Dastan et ses deux frères envahissent une cité sacrée et la mettent à feu et à sang. Là-bas, Dastan découvre une étrange dague que certains membres de la Cour semblent convoiter ardemment. Il s'agit là d'un artefact magique qui rend possible un bref retour en arrière dans le temps. Cette capacité n'est pourtant pas illimitée car le sable que contient la dague est rare. Très vite, Dastan est accusé du meurtre de son père et poursuivi à travers tout l'Empire Perse. Dans sa fuite précipitée, il emmène avec lui la princesse Tamina qui se révélera être une alliée de choix mais aussi une sacrée peste. Ensemble, Dastan et Tamina chercheront à élucider le mystère de la mort de Sharaman et à mettre à jour un complot.
Comme vous pouvez le constater, ce film s'éloigne parfois franchement du scénario - basique il faut bien l'avouer - du jeu vidéo originel. Ici, plus d'ennemis zombifiés par les Sables du Temps, les adversaires de Dastan sont bel et bien humains, ce qui leur donne souvent plus de charisme que les ennemis du jeu mais cela a aussi pour effet de passer à la trappe tout un pan de la mythologie de Prince of Persia : la malédiction. La galerie de personnages du film est bien plus étoffée que celle du jeu, qui n'en comportait véritablement que trois... Ceci était un passage obligé pour donner plus de corps à l'aventure. Il est bon de noter que la relation « je t'aime moi non plus » entre Dastan et la princesse était précisément un des ressorts du scénario original, un bon point donc. Enfin, le retour en arrière, mécanique cruciale du jeu vidéo, était sans doute difficile à concevoir à l'écran. Ici, du fait que l'usage de cette capacité est limitée, elle propose quelques moments de bravoure impressionnants, jusqu'à la conclusion du film qui est quasiment la même que celle du jeu. C'est donc un scénario en demi teinte qui hésite entre outrages au scénario original (qui, il faut le dire, n'avait rien de grandiose) et adaptation plutôt fidèle.

Maintenant, considérons Prince of Persia comme un simple film d'action et non une adaptation. On y retrouve tout ce qui a fait le succès des productions Jerry Bruckheimer : scènes d'action plus impressionnantes les unes que les autres, effets spéciaux à gogo, ressorts comiques pour détendre l'atmosphère, romance, tout y est... Même ce qu'il y a de plus horripilant dans ce genre de productions : on a l'impression que les passages sont chronométrés et que, au montage, on s'est fixé l'objectif de mettre en scène de l'action toutes les dix minutes. Cela part d'un bon sentiment mais, à force, on arrive à de la surenchère inutile, si bien qu'au bout d'une heure et demi (à peu près) de film on a l'impression d'assister à la bataille finale alors qu'il reste encore une demi heure à voir! Du coup, Prince of Persia, malgré tous ses efforts pour remplir efficacement le temps qui lui était imparti, laisse un léger arrière-goût de longueur...
Du côté de la réalisation, on apprécie les clins d'oeil fulgurants au jeu de plateforme dans certaines scènes, tout comme le fait que le film s'achève sur une fin close et non en préparant une suite. Toutefois, on appréciera moins les plans inutiles qui visent simplement à exhiber les pectoraux de Jake Gyllenhaal ou la plastique de Gemma Arterton... Dispensable, tout comme les pseudo réflexions sur le destin ou la fratrie qui ont été appliquées au film pour que les intellos se mettent en quête de profondeur dans ce film qui n'en n'a pas vraiment...

C'est donc un film qui nous donne des impressions plutôt mitigées que ce Prince of Persia. Les fans du jeu vidéo original se sentiront sans doute dupés par les belles promesses des bandes annonces. Ceux qui vont voir le blockbuster de l'été en auront pour leur argent mais repartiront quand même avec une drôle d'impression de vacuité... En somme, ce film ne se révèle que très moyen, peu importe dans quelle catégorie on le place, que ce soit en tant qu'adaptation ou en tant que blockbuster. Une chose est sûre, malgré certains efforts consentis, ce n'est pas avec Prince of Persia que l'on réconciliera jeu vidéo et adaptation cinéma.

Mordraen