What the Hell is he doing with a hammer?!

Un arc, des flèches et un grand coeur... Voilà les parties constitutives du mythe le plus populaire de la culture britannique. Pas vraiment étonnant que Robin ait été porté à l'écran aussi souvent! Aujourd'hui, c'est Ridley Scott qui signe une nouveau long métrage sur l'archer de la forêt de Sherwood.

Vétéran des Croisades de son roi Richard Coeur de Lion, Robin Longstride rentre enfin au pays après la mort de Richard et la défaite militaire des Français. Dès lors, Jean accède au trône et impose au bas peuple des impôts toujours plus grands pour récupérer les énormes dépenses des Croisades. Parallèlement, un agent double à la solde du roi de France se sert de la collecte des impôts pour mettre l'Angleterre à feu et à sang, préparant ainsi la future invasion des Français. C'est dans ce contexte que Robin Longstride va reprendre les armes afin de rétablir la justice dans ces temps troubles.
Le scénario choisi par Ridley Scott se concentre énormément sur les luttes de pouvoir, pour le trône d'Angleterre d'une part, et entre la France et l'Angleterre d'autre part. On en oublierait presque le pauvre Robin, héros éponyme d'un film qui est censé lui faire honneur. Robin est placé, de manière assez artificielle, à la tête d'une petite ville de campagne qu'il aide à prospérer jusqu'à ce que l'intrigue politique le rattrape et l'emmène combattre une fois de plus les Français.

Ce nouveau Robin des Bois donne vraiment des impressions mitigées. La critique que l'on entend le plus à propos du nouveau film de Ridley Scott c'est qu'on n'a pas l'impression d'avoir vu un film sur Robin des Bois. Et c'est tellement vrai! En effet, vous ne verrez pas souvent Russel Crowe avec un arc en deux heures et quart de film. Les scénaristes en ont fait un personnage qui tient plus du chevalier que de l'archer émérite. De plus, l'aspect vol des riches pour donner aux pauvres n'est présent qu'à de très rares occasions dans le film. On a donc la forte impression que le scénario ne s'embarasse pas trop du mythe pour livrer une fresque pseudo historique plutôt maladroite.
Ceci dit, il semblerait toutefois que le film de Ridley Scott ait un autre objectif que celui d'être une représentation actualisée du mythe du brigand des forêts. Ici, l'emphase est beaucoup plus mise sur les événements qui ont mené Robin Longstride à devenir Robin des Bois. Si bien que ce n'est qu'à la fin du film que l'on entrevoit le Robin que l'on connaît. Cela se révèle assez frustrant pour ceux qui souhaitaient voir Robin des Bois.
Au lieu de cela, Ridley Scott nous donne une sorte de nouvelle itération moyen âgeuse de
Gladiator. Un début de film similaire, un acteur principal au jeu quasi-identique, des scènes de bataille de grande envergure, une théorie du complot et des réécritures historiques partielles, autant de procédés repris de Gladiator et portés à l'Angleterre du douzième siècle. Alors il faut dire que Gladiator marchait très bien en son temps, la formule n'ayant pratiquement pas changé, elle reste tout à fait agréable à regarder pour qui aime les films épiques. Toutefois, on peut regretter une certaine vision stéréotypale gentils/méchants martelée par une thème musical associé aux traîtres français qui finit par lasser. L'arrivée des gamins durant la bataille finale était elle aussi très dispensable tout comme l'intrigue concernant le père de Robin Longstride.

Pour conclure, Robin des Bois divisera son public. Pour plus de précaution, il faut dire que c'est un très bon film d'action comme Ridley Scott sait les faire mais c'est un film où l'on cherche tout de même Robin au coin du bois sans l'apercevoir. A réserver donc à ceux qui ne recherchent pas de reconstitution historique, qui ont aimé Gladiator et qui aimeraient le voir porté au Moyen-Age. Mais, amoureux du bandit au grand coeur, ne vous leurrez pas, la version 2010 du mythe en est trop éloignée pour vous satisfaire.

Mordraen