Potiche affiche

Librement adapté d'une pièce de théâtre de boulevard signée Pierre Barillet et Jean-Pierre Grédy, Potiche est
le nouveau film de François Ozon, celui où il renoue avec la comédie.
En 1977, la France est bousculée dans l'ordre établi de l'homme
supérieur à la femme. C'est dans ce contexte que, dans
Potiche, les femmes vont prendre le pouvoir.

La
fabrique de parapluies Pujol est dirigée d'une main de fer par son
patron (Fabrice Luchini) si bien qu'une grève éclate. Pas spécialement
prêt à faire des concessions, le patron est séquestré dans son bureau
par les ouvriers mécontents. C'est alors sa femme, toujours rabaissée
au rang de potiche, qui va tenter de négocier sa libération. Une fois
cela fait, le pauvre patron meurtri devra se rétablir de ce choc,
laissant vacante la direction de l'usine. Une fois de plus, sa femme va
endosser le rôle du patron et mener l'entreprise familiale vers une
époque plus clémente pour ses travailleurs.

Potiche,
c'est tout d'abord un film empreint d'un certain féminisme. Il peint en
effet une prise de conscience des femmes à propos de leur condition
soit de potiche soit d'objet sexuel. A cela suit une véritable prise de
pouvoir par ces femmes trop longtemps dénigrées. Catherine Deneuve en
tête, la femme du patron qui va réussir, par son charisme ignoré
auparavant, à redresser en douceur une situation de crise. On peut
aussi y retrouver un juste retour de bâton dans la figure de ces maris
qui s'octroient la permission de tromper leur femme. En effet, par
l'intermédiaire de
flashback assez coquins, on découvrira le passé non sans reproche de la patronne qui est bien loin d'être un potiche finalement.

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Certains veulent aussi voir dans Potiche un
miroir de la société actuelle, à partir d'allusions non voilées. S'il
est vrai que ces allusions (« Casse-toi pov'con » au « Travaillez plus
pour gagner plus ») sont immédiatement identifiables par le grand
public, elles ne suffisent pas, par leur nombre restreint, à faire
entrer une véritable satire sociale dans ce film. Ou, tout du moins, à
part ces allusions bien visibles, les autres sont trop voilées.

Enfin, il faut aussi ajouter que le film jouit d'un casting
exceptionnel. Depardieu retrouve Deneuve, dans une intrigue amoureuse
pleine de tendresse. Luchini est tout bonnement excellent en patron
réactionnaire et en mari misogyne. Enfin, Judith Godrèche en bonne
fille du patron, Jérémie Rénier en fils qui veut échapper à l'influence
de son père et Karine Viard, la secrétaire abusée qui s'émancipe peu à
peu de son rôle d'objet sexuel, sont tous les trois très bons. Le tout
accompagné de répliques qui fusent dans tous les sens avec un bon sens
de la répartie, et joué au premier degré. Bref, que du bonheur!

Poticheest
un film assez sympathique. Le rire ne nous vient pas sous la forme
d'éclats mais plus avec un sourire amusé par certains propos misogynes
ou de l'ironie. On appréciera la belle reconstitution des années 70
(mention spéciale aux costumes et aux coiffures) et surtout les acteurs
qui s'en donnent à cœur joie. Un bon moment à passer en tout cas.

Réaction en salle : La salle était pleine, pour un âge moyen d'à peu près 40 ans. Le public s'est bien amusé en regardant le film même si les rires étaient plus de l'amusement que des éclats de rire.

Source vidéo et photos : Allociné

Mordraen