On a l'habitude de dire que le
football en Amérique Latine est devenu une véritable religion.
Ainsi, aucune surprise à voir sortir Rudo et Cursi,
une comédie dramatique qui ne traite pas forcément du foot à
proprement parler mais de deux frères dont le talent pour ce sport
va les propulser un peu trop loin, sans qu'ils ne s'en rendent
compte.

Tato
et Beto vivent dans un village reculé du Mexique où ils tentent de
gagner leur vie en travaillant dans une exploitation de bananes. Mais
les deux frères rêvent de partir à Mexico faire fortune en tant
que footballeur ou encore chanteur. Ils sont remarqués par un
étrange entrepreneur qui leur offre précisément tout ce dont ils
ont rêvé. Seulement, c'est Tato qui emporte sa préférence et qui
part à la capitale, laissant son frère plein d'espoirs déçus.
Plus tard, Beto le rejoindra, lui aussi sélectionné dans un club en
tant que gardien de but. Bientôt, le succès finit par dépasser les
deux frères. L'un fait systématiquement la une des tabloïds sous
le nom de Cursi (fleur bleue) alors que l'autre, surnommé Rudo car
il n'y va pas de main morte dans sa surface de réparation, entame
une course vers le record d'invincibilité des goals. Finalement, ce
n'est plus tant ce qui se passe sur le terrain qui les intéresse,
Beto est obnubilé par l'idée de gagner de l'argent au jeu et en
perd énormément tandis que Tato cherche par tous les moyens à
faire carrière dans la chanson.

Rudo
et Cursi
met donc en scène l'ascension sociale de ces deux frères un brin
naïfs qui débarquent à Mexico pleins d'espoir. Bien évidemment,
tous se serviront d'eux d'une manière ou d'une autre et ils se
mettront eux-mêmes dans de sales draps, ce qui ne fera rien pour
leurs affaires. On se rend vite compte que le film retrace un voyage
initiatique dans la douleur, installant des rivalités entre les
frères. Par ailleurs, le sujet principal du film n'est pas le foot,
d'ailleurs les matches sont très peu filmés, mais ce qui se passe
en dehors du terrain mais aussi et surtout ce périple familial qui
est on ne peut plus sérieux.

                                    

Et c'est bien cela qui rend ce
film touchant. En mettant en scène les désillusions de Tato et
Beto, Carlos Cuaron réussit à montrer que l'excitation d'un
fantasme devenant réalité peut vite se transformer en un déclin
plus grand encore que la situation de départ si l'on n'y prête pas
suffisamment attention. Et, à la fin, on ne saurait dire si les
héros y ont gagné au change, si la situation a été améliorée ou
non. C'est franchement bien vu.

Pour
finir,
Rudo et Cursidoit sans doute montrer une part de vérité sur le milieu du
football au Mexique (mais sans doute pas que...) mais c'est le voyage
des deux frères qui retiendra le plus notre attention en tant que
spectateur. N'y allez pas en pensant ne voir que du football à
l'écran, l'intérêt de ce film est dans la relation entre Beto et
Tato, deux frères un peu trop jeunes pour connaître un succès
aussi retentissant. Une bonne surprise en tout
cas.

Source vidéo et photos : Allociné

Mordraen