« - Permettez-moi Madame de vous annoncer qu'il est
l'heure du test de Fable 3.

-         Mmmhh... Quelle heure est-il Jasper ? »

-         L'heure pour vous et votre compagnon à poil dans
le lit de vous lever.

-         
Roh, bon d'accord ! Aller Gigot*,
debout mon fidèle toutou, en route pour la rédaction du test ! 

-         Puis-je vous proposer un petit déjeuner avant,
votre journée ne va pas être de tout repos Princesse.

-         Oh non merci Jasper, j'écris mieux quand mon
ventre crie famine. Bon, par où commencer...

-         Que diriez-vous d'aborder l'histoire Madame.

-         Eureka ! Je vais commencer par l'histoire,
brillante, je suis brillante !

-         Euh, si vous le dites Princesse . »

*Gigot est le nom de mon chien dans le jeu.

Noblement votre.

Logan et son air tout gentilLe scénario de ce troisième volet se déroule 50 ans après
les péripéties du héros du second jeu. L'Albion a bien changé, l'âge est à
l'industrialisation massive du pays, synonyme de travail à la chaine, de noires
fumées et de non respect de la condition humaine. Mais voilà, vous vous
réveillez dans la peau du prince ou de la princesse du royaume, fils ou fille
du Héros de Fable 2, loin de l'agitation et de la colère montante de la
population face à votre tyran de frère Logan, un monarque comme on aime les
baffer. Ce même Logan, comme tout bon frère aimant, va très rapidement vous
prendre en grippe vous et votre côté sauveur du peuple, et décider de vous
supprimer afin de protéger ses petits intérêts. Mais c'est sans compter Walter,
votre fidèle homme d'arme, vous Jasper, mon loyal majordome (et le chien aussi, toujours présent dans cet opus). Ces deux
personnages vont organiser votre fuite et vous convaincre de mener la
révolution en Albion. Pour ce faire, vous passerez par deux étapes : la
première consiste à dévoiler votre étoffe de Héros via une petite série de
quêtes servant de tutorial à l'utilisation des armes de mêlée, des armes à feu
ainsi que de la magie. La seconde, et la plus importante, sera de rallier à
votre cause les nombreux détracteurs de votre si gentil tyran de frère...et ils
sont nombreux !

Voilà qui plante le décor de ce Fable 3. Certes la trame
est relativement classique dans sa construction, mais elle agréable à suivre,
cohérente et la qualité des doublages et de l'écriture font que le joueur se sent
réellement impliqué dans cette révolution.


Gigot, chien fidèle

« - Et voilà Jasper, un premier point terminé, ah,
j'ai la patate ce matin moi ! Rougnougnougnougnou mon gros toutou !

-         Si je puis me permettre Madame, vous ne devriez
pas tant gâter ce chien, il va finir par devenir paresseux.

-         Paresseux lui ! Vous devriez le voir se
jeter à la gorge de mes ennemis. Nan, mon fidèle Gigot est un valeureux cabot
tout trognon rougnougnougnou.

-         Sans vouloir être insistant, il vous faudrait
continuer votre article, les lecteurs commencent à s'impatienter.

-         Rhalala, vous et vos principes Jasper ! Bon
j'en conviens, par quoi continuer...et pourquoi pas un passage entier sur la
possibilité qu'un jour les poulets puissent gouverner le monde !

-         Toute scientifique que soit cette théorie, j'ai
bien peur qu'elle n'intéresse grand monde Madame, non, parlez plutôt de choses
plus précises, du gameplay par exemple.

-         Bingo, j'ai trouvé, je vais aborder le gameplay,
brillante, je suis brill...

-         Brillante madame, oui, on sait. »

 

Une révolution dans la continuité.

Disons le tout de suite, les habitués des précédents
volets ne seront absolument pas dépaysés par la prise en main du jeu. On
retrouve les mêmes contrôles que dans Fable 2 avec les trois mêmes boutons
associés aux trois différents types d'armes et d'attaques. Simple et efficace,
ce système entre toutefois dans la politique de refonte de ce Fable 3. En
effet, adieu les orbes d'expérience colorées en fonction de la nature des
attaques ayant terrassé l'ennemi, tout est maintenant récompensé par une seule
et unique « monnaie » d'échange : les sceaux de la guilde. Monnaie
que l'on gagne aussi en effectuant des quêtes et en interagissant avec la
population au moyen des fameuses emotes propres à la série (mais nous
reviendrons sur ce point dans un autre passage du test). Alors oui, j'ai envie
de crier à la simplification du système de jeu mais je ne le ferai pas (pour
cet aspect là en tout cas).

Ce nouveau système est plutôt une réussite dans la
mesure où il permet d'aborder le jeu de façon différente ; se la jouer
assistante sociale vous permettra d'acheter autant de compétences que
d'endosser le rôle de guerrière barbare. Pensez-donc alors que faire les deux
deviens un réel plaisir. Adieu aussi barre de vie et de mana, le jeu adopte la
mouvance actuelle de l'ouille ouille ouille l'écran devient tout rouge j'évite
de me faire toucher quelques secondes et je repars frais comme un gardon. Pas
vraiment gênant pour la santé, je trouve par contre que l'absence de gestion du
mana vient drastiquement simplifier les combats, qui se transforment en
véritable zone de « spamage » des sorts. Bref, dommage pour ce point
là. Au final, les combats sont dynamisés par des ralentis et des finish move assez
bien mis en scène mais relativement répétitifs dans leur déroulement et
(trop ?) facile dans leur prise en main. Néanmoins, je n'ai pas envie de
pourrir le jeu sur cet aspect, après tout, lorsque vous achetez une licence
Fable, vous savez pertinemment que le jeu ne s'adresse pas spécialement aux
hardcore gamers dans ses affrontements. Non, c'est autre chose qui fait le
charme du titre de Lionhead Studio, qui porte même toute la saga : son
ambiance.

 « -Vous avez vu Jasper, je me suis tendue une perche
de dingue pour le prochain point de l'article, là juste en dessus !
Brillante, je suis brillante ! 

-         Oui Madame, mais était-ce bien nécessaire de
couper votre rédaction pour ce commentaire ?

-         Oui euh...mais euh...comment dire euh.... Rabat-joie
va ! »

Je vous prend quand je veux ! 

Le sandwich au jambon.

Autant l'ambiance générale du premier volet m'avait
emballé (découverte du jeu oblige), autaut celle dégagée par le second m'avait
presque laissé de marbre. C'est dire que mes craintes étaient réelles
concernant ce troisième opus. La série Fable c'est avant tout, dans mon esprit
gamer, un univers mêlant avec talent le sérieux du jeu de rôle à un humour
omniprésent. L'arrivée dans les premiers campements a très vite dissipé mes
doutes, et d'une très poilante manière qui plus est ! Je ne sais pas pour
vous, mais je me marre devant l'écran tant certaine situations, dialogues et
quêtes sont épiques dans leur écriture comique. Chapeau bas aux équipes de
Lionhead Studio pour avoir réussi à redonner vie à la licence d'une manière si
fraiche et légère. Il plane sur un le jeu, un subtil humour British  de tous les instants transformant la
situation la plus dramatique en une tragi-comédie hilarante.

Poulet womanCostumé en poulet,
vous devrez retrouver une armée de gallinacés voulant conquérir le monde, aider
un conclave de sorciers fanboy d'heroic fantasy dans leur jeu de plateau, aider
un collectionneur de nains de jardin à se faire livrer son paquet « acheté
sur catalogue ». Un tas de situations burlesques conférant au jeu cette
patte propre aux Fables. Et pour moi, c'est toute la force du titre, bien même
avant son gameplay. Notons aussi que les écrans de chargement sont agrémentés
d'affiches de propagande ou bien publicitaires à l'humour noir particulièrement
incisif et désopilant. Une bon scénario entre deux couches de tragique et de
comique, tel est le sandwich au jambon.

Affiches durant les temps de chargement

Au niveau des choix moraux, on retrouve toujours la
possibilité de privilégier le bien ou le mal dans ses décisions. Bien que
transparents, ces choix ont le grand mérite de faire évoluer le scénario, la
réaction des personnages et votre destin en tant que futur souverain d'Albion.
Vous allez devoir vous engager auprès de vos alliés en signant régulièrement
des promesses d'action venant sceller votre partenariat révolutionnaire. Une
fois le trône sous vos miches, libre à vous de les respecter ou non et ainsi de
faire monter ou descendre l'estime que tel ou tel groupe vous porte. C'est un
bon point pour le titre et cela va fréquemment 
vous enseigner que régner impose des choix impliquant des sacrifices.

Camp des gitansAmbiance assurée du côté des décors et des univers
explorés aussi. En arrivant au camp des gitans, sous la neige, j'ai posé la
manette et j'ai repensé à Fable 1 et à son port enneigé. Voilà une direction
artistique qui me parle ! Tout n'est pas rose techniquement parlant (mais
nous y reviendrons) mais, artistiquement, le jeu propose de beaux univers,
relativement variés et ouverts. Je dis relativement ouvert car je les trouve
toutefois superficiellement ouvert. Je m'explique : le chemin lumineux des
quêtes est toujours présent (désactivable dans les options), celui-ci simplifie
grandement le jeu mais offre aussi la possibilité de s'en éloigner et de partir
explorer certains recoins et embranchement des maps. Et qui dit embranchement
non inclus dans le parcours lumineux, dit souvent trésor, clé ou endroit ou
creuser. Bref, vous l'aurez compris, s'écarter de la route initiale vous mènera
vers des récompenses ; c'est bien oui, mais c'est systématique ! Je
trouve que cela diminue le plaisir de la découverte d'objets cachés. Mentions
honorables à Bowerstone, industrielle et crasseuse ressemblant à Londres ou
Paris du début du siècle passé et suintant la crasse et la puanteur.

Oh un trésor, je m'y attendais !

« - Si Madame la Princesse le désire, je lui ai
apporté son repas.

-         Merci Jasper, mais je pense qu'il serait plus
approprié de donner ce plateau repas au peuple.

-         Oh, Madame est si généreuse envers ses
sujets ! Je vous félicite de tant d'altruisme.

-         Hein ? Ah ! Non, c'est juste que je
n'aime pas les haricots. »

 

Century 21.

Seul un petit village resisteVoyons maintenant un autre aspect du titre, celui de la
gestion immobilière et sociale. Une fois quelques pièces d'or en poche, gagnées
au fil des quêtes, des trésors et des petits jobs effectués, vous pouvez, tout
comme dans les précédents volets, acheter des maisons et des commerces dans le
but de les revendre ou mieux, de les louer. Et là, la folie m'a envahie !
J'ai commencé par acheter une modeste maison que je me suis empressé de
réaménager grâces aux nouvelles options assez bien pensées, puis, je l'ai loué
à prix fort (risquant par la même de faire baisser ma réputation au sein du village
du fait de ma cupidité). Toutes les cinq minutes en jeu, le loyer tombe et
vient vous enrichir. Et la spirale commence ; j'ai acheté une seconde
propriété, puis un commerce, puis deux, puis tout le village ! Je suis
devenu le Stephane Plaza d'Albion ! Jamais un Fable ne m'avait tant
emballé sur ce point, la gestion est certes assez simpliste, mais elle est
réellement prenante et cohérente avec l'univers. De plus, elle permet d'amasser
des sommes considérables fortement nécessaire à la gestion du royaume une fois
celui-ci en votre possession (je ne spoil pas plus sur ce point vous laissant
le plaisir du « rule the world »).
 

Interaction socialeL'interaction sociale a été revue par Molyneux et ses
équipes ; en effet, adieu la roue des emotes et bonjour les deux ou trois
actions effectuables en face d'un pnj afin de gagner des sceaux de la guilde.
En pratique, approchez un villageois, appuyez sur A, des options apparaissent
au dessus de sa tête correspondant à une touche de la manette, appuyez ou
mieux, laissez appuyer sur la touche de l'action désirée jusqu'à ce que la
manette vibre et pouf, vous venez de réaliser un acte social parfait vous
rapportant la précieuse monnaie d'échange. Je suis mitigé sur ce point, autant
il apporte sa dose de fun par des actions assez bien mises en scène (roter,
trois petits chats, danser etc.) autant cette simplification ajoute une
certaine répétitivité à ces phases de jeu.

Simplification aussi au niveau des menus et de la gestion
de l'inventaire. Bye bye HUD, adios inventaire et tchao menus des compétences.
Salut à toi oh sanctuaire du héros, véritable batcave baroque dans laquel,
d'une simple pression sur start (et cela à tout moment du jeu, même en plein
combat !) le joueur pourra accéder à tout son attirail, armes, costumes,
carte du monde, partie xbox live, boutique en ligne, jeu en coop etc. Le
principe est plutôt sympathique et tranche radicalement avec les menus archis
mal pensés des précédents opus. De plus, la présence de Jasper dans le
sanctuaire apporte une nouvelle fois une touche British raffinée à l'ensemble
(bref, il commente tout ce que vous faites avec un accent mondain). A noter que vos différentes tenues n'agissent plus sur votre degré de sympathie ou d'empathie envers les foules, vous permettant de vous habiller comme bon vous semble mais, en contrepartie, n'offre aucune augmentation de statistique. Augmentation que l'on retrouve sur nos armes, évolutives sous certaines conditions détaillées dans l'armurerie.

Le sanctuaire du Héros

Une fois assez de sceaux de guilde en votre possession,
vous pouvez accédez à a la route du pouvoir, chemin sur lequel vous trouverez
des coffres contenant des améliorations et des nouvelles aptitudes de combat ou
sociales. Ces coffres s'ouvrent grâce à un certain nombre de sceaux et c'est à
vous de les choisir selon votre style de jeu. Malheureusement, la variété des
sorts est fortement réduite par rapport aux anciens opus de la série. On peut
certes dorénavant combiner deux sorts à la fois et utiliser des potions de
sorts mais je continue à penser que plus de magie n'aurait pas fait de
mal !

Simplifié oui, mais pas bêtement, ces nouveaux systèmes
de jeu apporte un vent frais sur la série en gommant certains défauts
persistants mais en balayant aussi quelque peu la diversité des choix dans les
techniques entraînables.

« -Voudriez-vous aller me cherche mes gants de
pouvoir Jasper, j'ai besoin d'une boule de feu pour rallumer la cheminé, il
caille là dedans.

-         Madame ferait bien d'user de ses pouvoirs à bon
escient, car un grand pouvoir implique de grandes responsabilités vous savez.

-         Gnagnagnagna, que vous êtes protocolaire
Jasper !

-         Sans ça Madame aurait déjà incendié le château
des dizaines de fois.

-         Bon, d'accord, apportez donc des allumettes.

-         Bien, Madame devient raisonnable.

-         Et mes gants pour les allumer ! »

 

Le peuple est à la rue, le moteur graphique quelque peu aussi...

De la lumièreLe jeu est agréable mais loin d'être bluffant techniquement
et, je ne vais pas y aller par quatre chemins, le moteur de Fable 2 utilisé
pour ce troisième opus est à bout de souffle le pauvre. Quel dommage ! Je
constate pas mal de ralentissement et de chutes de framerate durant mes
sessions de jeu. Ce n'est certes pas handicapant mais c'est dommage pour un
titre de cette ampleur. Toutefois, certains effets de lumière sont splendides et
ajoutent une touche de poésie à la direction artistique du jeu. J'avais peur
que le jeu soit trop sombre dans le choix de ses couleurs dans mon pré-test, et
bien, il l'est ! Alors oui, la noirceur convient parfaitement à l'ambiance
morne des cités industrielles, mais un peu moins à la luxuriance d'une forêt
ensoleillée. Ce phénomène est encore une fois dû au moteur graphique qui a la
fâcheuse tendance de ne pas rendre grâce aux couleurs en les assombrissant
beaucoup trop. Messieurs et Mesdames de chez Lionhead, pour Fable 4, travaillez
sur un nouveau moteur s'il vous plait !

Symphonie royale.

Un travail remarquable a été effectué sur les musiques du
jeu. Les différents thèmes accompagnent à merveille les décors explorés et l'on
ressent le souffle épique des compositions à tous les instants. La bande son se
rapproche énormément de celle des précédents opus en lui ajoutant une note plus
sombre, voire plus tzigane avec l'utilisation de nombreux violons apportant
leur dose de mélancolie. On sent que l'Albion à changé, que l'ère industrielle
détruit peu à peu la magie dans ses contrés et que les compositeurs se sont
inspirés de ces thèmes pour créer des symphonies regorgeant d'émotions.
L'ambiance sonore générale est assez fouillée notamment dans les villes où l'on
peut passer beaucoup de temps à se délecter des dialogues et autres
élucubrations des habitants. Le doublage français est de qualité, convainquant
et convaincu dans son interprétation.

« -Il serait peut être grand temps de vous lever Madame, le peuple attend votre discours.

-         Bon sang mais oui Jasper, il se fait déjà
tard ! Vite, sortez promener le chien, repassez ma robe, faites mon lit,
préparez-moi un café, briefez les gardes et écrivez moi mon discours.

-         Hum... tout compte fait, vous ne préférez pas
rester au lit Madame, il fait si froid dehors.

-         Euh...ben...euh...oui d'accord, mais racontez moi une
histoire alors !

-         Mieux qu'une histoire Madame, une
Fable ! »

Conclusion :

YesMalgré ses défauts et sa peut être trop grande
simplification, je ne peux qu'être conquis par Fable 3 tant l'ambiance générale
du jeu est fantastique. La licence de Lionhead Studio parvient presque toujours
à faire pardonner ses lacunes grâce à la création d'un univers dans lequel le
joueur prend un réel plaisir à vivre, agir et contempler les conséquences de
ses choix. Il efface ainsi la déception que fut pour moi Fable 2 en redonnant
au scénario une réelle portée épique et comique. A croire que l'univers de
Fable réussira toujours à m'envoûter. Toutefois, suis-je réellement objectif
quand je parle de Fable ? Difficile à dire tant le plaisir peut voiler le
jugement...mais vais-je m'en plaindre ?

Edit: je n'aborde nullement le jeu en Coop dans la test du fait que je n'y ai encore pas touché. Si quelqu'un veut d'ailleurs partager l'aventure en live je suis disponible :)