Petite et courte réflexion estivale que je me faisais l'autre jour. Ca vaut peut-être pas grand chose, mais la pluie des derniers jours m'a regonflé un peu le cerveau, même si un poil confus cela dedans demeure. Sûrement ça été dit et redit je pense. Et puis avant de partir en vacances je me dis, pourquoi ne pas laisser un dernier billet sur la chose qui peut faire rigoler ou pleurer le joueur, à savoir les mauvais jeux?

De la formation du goût

Si on avait que des bons jeux, qu'est-ce qui nous ferait dire qu'on est face à un mauvais jeu? Argument quasi spécieux déclareront certains, parce qu'ils s'écrieront qu'il existe toujours du bon et du mauvais. En fait, on s'aperçoit assez rapidement que c'est un apprentissage du goût.

Soyons caricatural. Imaginons juste un instant que sans le savoir, vous ayez joué uniquement à des mauvais jeux durant toute votre vie, ceux qui sont en général mal noté par la critique. N'ayant pas d'échelle de valeurs, à la longue vous les trouverez tous bons, puisque vous n'aurez joué qu'à des mauvais jeux. Et un jour, vous découvrez le jeu qui surpasse tous les autres, comme Zelda Ocarina of Time. Subitement vous vous rendez compte que tout à ce quoi vous avez joué auparavant était en fait mauvais. Le choc !

Avant je ne jouais qu'à ce carnage cosmique...

Et un jour, j'ai vu la lumière !

Pour autant ce à quoi vous avez joué auparavant a participé à la formation de votre jugement, puisque vous avez trouvé le jeu qui surpasse tous les autres. Pour autant, vous ne renierez pas ces premiers jeux : normal il s'agit des premières fois, et ces premières fois, on a tendance à bien s'en souvenir, voire à être nostalgique devant. Il n'y a qu'à voir les test du joueur du grenier pour s'en rendre compte : que les expériences de notre prime jeunesse nous paraissaient bonne alors ! Remercions-le au passage, ce dernier participe à la nanarisation de votre esprit, rendre marrante les choses affreuses.

Les mauvais jeux sont moches et méchants

Tout le problème des jeux mauvais est qu'ils ont une tendance à polluer ceux que nous aimons. Par exemple, les linéaires. Les jeux qui disposent d'une licence ont la fâcheuse tendance à être mauvais, pour des questions d'achat de la licence pour des délais de production assez courts ainsi que d'un budget restreint. Mais ils prendront d'assaut les rayons où se trouvent les jeux, car ils se vendront et ils ont une aura rassurante vis-à-vis du consommateur lambda (peu pour le joueur aguerri en tout cas).

Je ne parle pas aussi des effets de mode qui fait qu'on fabrique de la pâle copie d'un concept qui a marché (l'exemple le plus flagrant fut l'invasion des jeux destinés au "joueur occasionnel", au passage "soit disant" peu regardant sur la qualité de la marchandise sur laquelle il joue, parce qu'occasionnel et donc ne se rendant pas compte à quoi il joue). A la limite tant mieux, ça pourra que mettre en valeur le bon jeu. Oui, mais voilà, dans le nombre, le bon jeu se noie et au final il n'arrive que peu souvent à ressortir pour le quidam, celui qui ne connaît pas notamment la presse spécialisée (encore que celle-ci a tout de même une indépendance limitée, sauf pour les vraies daubes, et encore !).

La quête du mauvais jeu est plus facile que l'on croit en boutique. On voit en premier les quelques blockbusters, puis on a le reste ensuite. Après avez-vous envier de dépenser votre argent dans quelque chose de mauvais? De temps en temps, je déclare que c'est bien pour santé mentale !

Enfin, les mauvais jeux ont cette tendance certaine à mener à la frustration. Je veux dire par là, les incohérences du jeu (bugs, erreurs techniques, etc.), la difficulté, le manque de profondeur du jeu que ça soit en terme de jouabilité ou de possibilité sur les mécaniques et le sentiment de s'être fait pris par derrière et entubé tout le long d'un jeu qui vous fournit au final qu'un simple écran de fin. Au final, est-ce que cela incite vraiment à jouer à d'autres jeux, même si ceux-ci sont excellents? A mon humble, cette question mérite d'être posé, et je pense que c'est une des barrières qui empêche des gens qui jouent peu ou prou d'aller plus loin dans leurs expériences.

Hommage aux mauvais jeux

Ce n'est pas tout cependant, mon titre faisait allusion au fait que les mauvais jeux étaient nécessaires à notre bon fonctionnement. Ouais, je ne sais pas si ça vous arrive à vous, mais à force de voir ce qui est excellent, il m'arrive de me mettre à jouer à une petite daube des familles ou au moins moyen pour juste me rappeler ce que le terme bon signifie. Pas vous?

Pour une fois, je profite de ce billet pour rendre hommage à des éditeurs qui ont produit à la chaîne des daubes (on pourrait d'ailleurs les appeler les serial-daubeurs ! Bon il leur est arrivé de produire de bons jeux, mais c'est plutôt peu fréquent dans leur catalogue, et généralement ceux que je cite ont malheureusement disparu de la circulation aujourd'hui). Voici donc ma petite liste non exhaustive : Cryo, le THQ des années 90 et début 2000, Mindscape (un bon paquet avec leurs adaptations de licences télévisuelles d'ailleurs), un peu Titus aussi, Davilex, Enjoy Gaming. Je n'oublie pas aussi les gros éditeurs comme EA, Ubisoft, ou encore Activision sans Blizzard qui ont dans leur catalogue quelques belles perles à surtout ne pas mettre en avant (nous les joueurs, on pourrait pourtant le faire pour leur plus grand bien).

Je ne fais pas d'hommage à des jeux en particulier, ça serait quand même fastidieux de le faire ici et si vous vous les dénicher, allez voir les plus mauvaises notes décernées aux jeux de ces éditeurs ;)

Messieurs les éditeurs, je voudrais conclure en vous faisant une demande. Produisez-moi le mauvais jeu parfait ! J'ai sélectionné quelques critères pour le coup qui devrait vous aider à y arriver.

- Un jeu à licence (de préférence chère, très chère la licence et encore mieux si c'est tiré d'un film);

- Un jeu non fini, sans test de débuggage ;

- Des couleurs criardes, voire psychédéliques ; n'oubliez pas aussi de digitaliser les personnages, c'est vraiment un signe de mauvais jeux ; par contre la pixelisation n'est plus quelque chose de nécessaire, mais si on peut mettre du clipping et du brouillard (mais est-ce encore possible), ça pourrait être quelque chose ,

- Des incohérences (level design, sauts approximatifs, mauvaise jouabilité...) qui provoquent par elles-mêmes une énorme difficulté, bref quelque chose à vous dégoûter de finir le jeu ;

- Un scénario catastrophe et/ou manichéen au possible, avec les gentils très gentils, le méchant qui se révèle gentil en fait mais qui n'arrête pas de jouer le faux méchant, et le vrai méchant parce que je suis le trop gros méchant (bon on l'exclut quand même cette option pour les jeux de sport, parce que c'est pas la panacée de faire des scénarios pour ce genre de jeux) ;

- Quelques scènes marrantes et/ou insultantes pour faire tenir le joueur (mais pas trop, vous faîtes un mauvais jeu!) ;

- Des musiques répétitives, en boucle sur deux ou trois accords, à vous rendre fou ;

- Une fin toute simple, se terminant par un écran miteux. (Un conseil, ne mettez pas les noms des gens qui ont fait le jeu, afin qu'ils puissent retrouver un emploi après).

Je suis sûr qu'en mettant en avant ces arguments anti-commerciaux (et en me citant quand même, hein faut dire d'où ça vient!), vous êtes certains de vendre des exemplaires de votre jeu merdique. Parce que, surtout durant ces mauvais jours de crise et de pluie, le rire et la moquerie, elles ne se paient pas ! Alors, à quand le Didier Super Vidéoludique ?

Bon le danger du mauvais jeu parfait, c'est qu'on risque de tous mourrir...

Post scriptum : je profite du billet pour annoncer que nous avons passé les 10000 accès le week-end dernier. Et ceux-ci en deux mois à peine, alors que plus de six mois avaient été nécessaires pour franchir les 5000 ! Merci donc à tous ceux et celles qui sont venus faire un tour ici alors que j'ai presque rien dit pour la suite et que j'étais inconnu au bataillon il y a encore peu. Allez, juste avant de partir en vacances, je vais me lancer dans un teaser kojimaesque sur mes plans (bon aussi avec les moyens du bord, je ne suis ni graphiste, ni codeur, ni réalisateur et ni riche d'ailleurs, ce n'est pas moi qui ai gagné les 180 millions). Rendez-vous le lundi premier août ici-même, disons vers 18h, enfin si ça vous va...