On est dans la période du 11 novembre, et même s'il reste que deux poilus encore vivants de la Grande Guerre, je vais ni vous parler de FPS et ni de stratégie pour mener les Zergs à la victoire. J'ai envie de vous parler d'une page d'Histoire, mais façon Histoire tragi-comique : la bataille de Karansebes qui s'est déroulé le soir du 17 septembre 1788.

Un hussard dans l'armée autrichienne au XVIIIe siècle

L'armée autrichienne, forte de 100 000 hommes, est alors en guerre contre les Turcs. Elle se trouve aux marches de son empire, vers la ville de Karansebes (aujourd'hui Carensebes en Roumanie). L'avant-garde de l'armée, un contingeant de hussards, partit en éclairage pour voir si l'armée turque était en approche et traversa la rivière dénommée Timis. Pas de Turcs en vue, mais des roulottes de Gitans qui virent l'opportunité d'offrir à ces soldats fatigués des femmes et du schnaps contre monnaie sonnante et trébuchante.

Bien entendu, les hussards profitèrent de l'occasion pour tout rafler, ce qui ce fit au détriment de la troupe d'infanterie qui les précédait. Ils leur refusèrent de partager l'alcool si chèrement acquis. A un point tel qu'ils entreprirent une fortification improvisée du camp et qu'ils en chassèrent la troupe d'infanterie. Idée en apparence amusante et qui aurait pu en rester là.

Loin de se calmer, les choses s'envenimèrent. Une dispute éclata et un soldat excité tira un coup de feu. Une bataille s'enclencha dans l'obscurité. Lorsqu'il parut clair à certaines unités de l'infanterie qu'ils ne pourront pas étancher leur soif, ils s'écrièrent "Des Turcs ! Des Turcs!" Les hussards, prenant les choses au sérieux, fuirent. L'infanterie virent dans ce geste la réelle présence des Turcs. Des officiers qui désiraient arrêter les heurts criaient "Halte! Halte!" Certains l'interprétèrent comme des Turcs chargeant au nom d'Allah.*

Dans le camps se trouvaient des chevaux de trait. Face à raffût, ils paniquèrent. Dans un éclair de génie, un officier pensait qu'il s'agissait d'une charge turque et ne trouva rien de mieux que de bombarder le camp à coup d'artillerie. Le chaos s'installa, le camp de l'armée autrichienne fut réveillé en sursaut. Plutôt que d'attendre ce qui allait se produire, les soldats fuyaient dans tous les sens. La paranoia était telle que les tirs fusaient, tentant d'abattre la moindre ombre turque qui se profilait**. Le paroxysme fut atteint lorsque l'armée dû faire retraite à un ennemi imaginaire. La débâcle fut telle que l'empereur autrichien Joseph II, chef des armées, fut renversé de son cheval pour faire trempette dans un ruisseau.

Fin mot de l'histoire : les Turcs arrivèrent à la bataille avec deux jours de retard. Ils ont du bien rire en voyant les 10000 soldats morts ou blessés, alors qu'ils n'avaient rien fait. Bien entendu, ils prirent sans difficulté la ville et la campagne environnante. Tout ça pour un baril de schnaps !

* Rappelons l'armée autrichienne était alors multinationale et que les langues parlées étaient multiples.

** En langage actuel, on appelerait ça des tirs amis.

Sur ce, je vous salue !

Et promis juré, la prochaine fois, je parlerai jeux !!