Seulement quatre ans après sa sortie, la Nintendo Wii U s’est déjà trouvé une remplaçante : la Nintendo Switch. Parfois critiquée à juste titre,  la Wii U a aussi souvent fait l’objet de moqueries. Malgré cela, elle ne s’est pas découragée et a quand même cherché à se rattraper. Des faiblesses, oui, elle en a. Mais ce qu’on oublie souvent, ce sont ses forces.

La Wii U - Une console aux airs asymétriques :

Sortie fin 2012, c’est à l’E3 2011 que la console de Nintendo, la Wii U, a été officiellement annoncée. Esthétiquement très proche de ce que l’on pouvait trouver du côté de la Wii, c’est sa manette aux airs de tablette qui la distingue. Le Gamepad, ou mablette, comme on aime ainsi la nommer, est équipé de boutons classiques, d’un écran tactile ainsi que d’une caméra. Un bel objet, bien que totalement recouvert de plastique, qui est dans l’air du temps et qui semble déjà venir défier le marché des mobiles et tablettes. Mais cette tablette ne fait pas office de machine portable, ou du moins, de façon très limitée. Non, cet objet est là pour proposer une expérience de jeu salon et ce, de façon complémentaire. Une belle idée qui sera qualifiée d’asymétrique par Nintendo et qui consistera plus précisément à inciter le joueur à alterner entre son écran de télévision et l’écran du Gamepad. Ce dernier affichera des informations différentes selon les jeux comme la carte ou encore l’inventaire et parviendra à satisfaire les joueurs qui en profiteront.

Nintendo a donc essayé de créer une console innovante, différente et intelligente de par son approche du gameplay. Toutes les bonnes idées sont là, alors que s’est-il vraiment passé ?

Une machine Nintendo incomprise par… Nintendo :

Expliquer ses forces sans parler de ses faiblesses n’aurait finalement que très peu de sens. C’est pourquoi nous allons un instant revenir sur les erreurs de Nintendo concernant la Wii U.

Et oui, avoir les bonnes idées ne suffit pas, il faut savoir les expliquer, les défendre et les justifier. Dans l’approche de Nintendo, la Wii U leur semblait être étrangère, donc impossible pour eux de faire ressurgir en quoi la console était potentiellement attractive et différente. En effet, en annonçant la console, Nintendo a entraîné bon nombre de joueurs dans un trou noir puisque peu avaient compris ce qu’était réellement la Wii U. Console de salon ? Console portable ? Les deux ? Nouveau périphérique pour la Wii ? Et oui, le gameplay asymétrique, aussi innovant soit le concept, nécessite d’être correctement expliqué. Et là, ce n’est que l’une des nombreuses erreurs commises par Nintendo. La véritable première erreur de Nintendo est d’avoir souhaité conserver l’intitulé « Wii » dans le nom de sa console. Une erreur qui reflète peut-être que Nintendo a souhaité pour une fois se reposer sur le succès d’une machine sortie antérieurement. Et s’ils avaient vraiment voulu se reposer sur leur lauriers jusqu’au bout, l’appeler Wii 2 aurait été plus vendeur que le « U » qui ne parle en rien aux joueurs.

Finalement, chacun des points que nous évoquons rejoint un seul et unique problème : la stratégie de communication de Nintendo. Que s’est-il réellement passé ? Impossible de le savoir. Peut-être que l’idée d’un gameplay asymétrique était trop complexe à faire comprendre là où la Wii, en son temps, avait frappé fort, très fort, de par sa simplicité. 

La rétrocompatibilité comme argument ?

Nous y reviendrons plus tard mais la Wii U a grandement manqué de jeux lors de sa première année de commercialisation. Pour compenser cela, la console permettait en revanche de lire la totalité des jeux Wii, mais pas uniquement. Car oui, la Wii U a rendu compatible la grande majorité des périphériques de sa grande sœur. On pensera notamment aux Wiimote et à l’horrible sensor-bar. Est-ce que la rétrocompatibilité est nécessaire à chaque nouvelle machine ? Non, mais ce qui est sûr c’est qu’elle n’est pas de trop, surtout pour la Wii U qui aura été une machine sous-alimentée durant de trop longs mois. Mais cette rétrocompatibilité n’est-elle pas surtout la preuve réelle que Nintendo ne voulait pas totalement se détacher de sa Wii ? Car rappelons-le, elle est la console de salon made in Nintendo la plus vendue dans le monde. Preuve supplémentaire, Nintendo renouvelle le Motion Gaming avec sa « Nintendo Swiitch ». Enfin bref, passons à présent aux vrais jeux destinés à la Wii U. La rétrocompatibilité c’est bien, la nouveauté, c’est mieux.

Beaucoup (trop) de jeux… au lancement :

Avoir un line up riche et complet est le rêve de tout constructeur. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que Nintendo a mis les bouchées doubles pour proposer à sa Wii U l’accompagnement idéal en matière de jeux lors de sa sortie. En effet, ce ne sont pas moins d’une vingtaine de jeux divers et variés qui seront proposés. En partant d’Assassin’s Creed III, Batman Arkham City, Mass Effect III ou encore Call of Duty Black Ops II du côté des éditeurs tiers puis en passant par New Super Mario Bros U et Nintendo Land du côté de Nintendo. La Wii U a été plutôt bien servie lors de son arrivée. Je n’ai pas évoqué Zombi U qui est un jeu d’éditeur tiers, exclusif et qui s’accorde le luxe d’être le meilleur jeu du lancement pour plusieurs raisons. Tout d’abord, il est celui qui utilise le mieux les fonctionnalités du Gamepad. Le jeu étant clairement un survivol-horror, mettre en place une formule nouvelle qui met l’accent sur le côté gestion de son propre équipement était tout simplement ingénieux. Enfin, c’est un jeu qui, en dehors des spécificités du Gamepad, a redonné un nouveau souffle au genre. Oui, le jeu faisait peur, l’ambiance était oppressante sans jamais aller dans le morbide injustifié et n’importe quoi pouvait nous arriver à tout moment. C’est un jeu de lancement qui aura également profité d’une alliance directe avec la console par l’intermédiaire d’un bundle Premium et qui aura certainement su attirer l’attention des joueurs. 
Mais un line-up de lancement doit-il nécessairement être aussi chargé ? Quand on connait la suite, on sait bien évidemment que non puisque la console n’a pas été alimentée en jeux durant de longs mois. En revanche, si la quantité ne suivait pas, la qualité elle était au rendez-vous. Certains titres auront même définitivement marqué le jeu vidéo de leur empreinte, c’est aujourd’hui une évidence. 

Peu de jeux, beaucoup de chefs-d’œuvre :

Super Mario 3D World :

Pour des raisons que j’ignore, ce Mario n’est pas considéré comme un véritable Mario en 3D. Que l’on soit d’accord avec moi ou non, Super Mario 3D World est à mes yeux un digne successeur de Mario Galaxy. Alors certes, les zones ne sont pas comparables de par leur ouverture mais si l’on part uniquement de ce postulat, Mario 64 et Mario Sunshine sont eux-mêmes supérieurs aux Mario Galaxy. Mario 3D World est un titre qui est certes relativement simple sur la première partie du jeu mais je défie quiconque d’aller jusqu’au bout. Viser les 100 % est une nécessité pour comprendre ce jeu car c’est notamment sur sa deuxième partie qu’il éveil son plein potentiel et qu’il démontre une fois encore le savoir-faire de Nintendo. Et non, Mario 3D World n’est pas non plus la version salon de 3D Land sortit sur 3DS. Il est bien meilleur dans tous les domaines. Rappelons au passage que ce jeu ouvre de belles portes au multijoueur solo, jouable jusqu’à 4 en coopération.
Je ne suis clairement pas un défenseur de tous les jeux Mario mais une chose est sûre, ce Mario 3D World est un exemple en matière de level-design. Rare, de nos jours.

Super Smash Bros for Wii U :

Si je devais donner une définition à ce jeu, je dirais qu’il est la représentation parfaite du titre minutieusement terminé. Comblé de personnages et de modes de jeux en tout genre, la proposition des DLC, bien qu’intéressante, reste largement dispensable. L’un des rares jeux ou l’on peut passer des dizaines d’heures sur un même mode de jeu, seul mais surtout en coopération, évidemment. Pour finir, le gameplay est quant à lui toujours aussi fournis et les combos sont toujours intelligemment amenés. Un très bon jeu.

Mario Kart 8 :

Ce Mario Kart représente clairement à mes yeux le meilleur de chacun des volets sortit à ce jour. Il semble piocher ici et là les meilleures idées et étonnamment, le jeu parvient à se distinguer. Il a une identité propre et parvient à apporter son lot de nouveautés. Même constat que pour Super Smash Bros, les DLC sont intéressants mais dispensables. La multitude de nouveaux circuits ainsi que les anciens parfois revisités donnent une idée du travail fourni sur ce jeu. On regrettera peut-être un mode bataille que l'on peut clairement qualifier de bâclé, à mon grand regret.
Bref, avec ce jeu, ce sont des heures de plaisir assurés, mais aussi de rage, de haine, de tristesse et de… Enfin vous l’aurez compris, c’est un Mario Kart, tout ce qu’il y a de plus banal.

Donkey Kong – Tropical Freeze :

Et oui, c’est lui mon jeu favori de la Wii U. Ce titre est une leçon au jeu vidéo en termes de plateforme. Pour être entièrement transparent avec vous, je n’en attendais pourtant pas grand-chose. Le jeu est beau, dur, intelligent et surtout doté d’une bande son inoubliable. J’ai eu beau chercher, je n’ai pas trouvé de défauts à ce titre. Aimant le challenge, je ne considère pas la difficulté comme un défaut mais il est vrai qu’elle peut en rebuter plus d’un. Il y a une vraie volonté d’inciter le joueur à apprendre de ses erreurs pour le faire progresser. Idem que pour les jeux précédemment cités, il est jouable en coopération jusqu’à quatre. Un véritable coup de cœur et marqué à vie par ce jeu. A ma grande surprise.

Splatoon :

Probablement la plus grande prise de risque de Nintendo depuis des années. Une nouvelle licence n’arrive pas tous les jours, surtout du côté de chez Nintendo, et le moins que l’on puisse dire est que Splatoon est à priori arrivé bien armé. Et oui, par manque de temps je n’ai jamais pu m’essayer ne serait-ce qu’un peu à ce jeu qui, pourtant, a tous les atouts pour me convaincre. J’espère pouvoir très vite réparer le tir avec l’arrivée prochaine d’un certain Spatoon 2 mais je ne doute pas des qualités qui émanent de cette licence rafraichissante et haute en couleur.

The Legend of Zelda – Breath of The Wild :

Et non, ce jeu n’est à la base pas destiné à la Nintendo Switch. C’est un jeu conçu sur Wii U, pour la Wii U. Même si Nintendo a réussi son coup marketing en le rattachant fortement à la dernière-née, je ne tomberai pas dans le panneau (et pourtant j’y joue sur Switch…). C’est pourquoi je le range aux côtés des jeux Wii U. Que dire si ce n’est que ce jeu a beaucoup d’atouts pour plaire ? Je ne reviendrai pas sur ce que j’ai déjà pu dire dans de précédents articles mais il s’agit clairement du plus grand jeu de la console pour quiconque ne voudrait pas de Switch. Mention spéciale pour son sens du détail qui flirt avec le jamais vu.

Bayonetta 2 :

Terminons avec ce jeu au parcours un peu compliqué. Vous ne le savez peut-être pas mais sans Nintendo, cette suite n’aurait jamais eu lieu. Et quelle dommage quand on voit le résultat final. Pourtant, le premier volet, qui était aussi un chef-d’œuvre, n'ayons pas peur des mots, n’était en rien un jeu destiné à une plateforme Nintendo. Cette alliance aura en tout cas donné un beau résultat à cette suite qui profitera d’une certaine richesse de gameplay et d’une héroïne que l’on n’est pas prêt d’oublier. Un immanquable (au même titre que Splatoon !).

Et ce n’est pas tout à fait terminé…

Et oui, malheureusement il m’est impossible de détailler chacun des bons et grands jeux de la Wii U alors je vais me contenter de les lister, probablement de façon non-exhaustive : The Wonderful 101, Cpatain Toad Treasures Tracker, Pikmin 3, Super Mario Maker, Xenoblade Chronicles, Paper Mario Color Splash, Kirby et le pinceau arc-en-ciel, Yoshi Woolly World…
Vous l’aurez compris, la Wii U dispose de véritables pépites mais aussi de « simples » bons  jeux. Le seul problème réside dans la façon dont les sorties de ces jeux ont été ventilées tout au long de ces quatre années. Cela permet en revanche de relativiser sur la politique actuelle de Nintendo avec la Switch concernant le planning de sortie. En effet, au lancement, c’est environ cinq jeux pour la Switch contre plus de vingt pour la Wii U. Et vous voyez où cela a emmené Nintendo… Est-ce que la Switch aura le soutien des tiers ? A cette question, j’ai une idée bien précise. Je pense qu’à moyen et long terme, les jeux multiplateformes ne pourront plus être supportés par la Switch. Par contre, je crois que la Switch pourra compter sur le soutien des éditeurs tiers pour produire des exclusivités. C’est en allant dans cette direction-là que Nintendo ouvrira définitivement ses portes aux tiers sans qu’eux ne les lui ferment. Il s’agit, de plus, du meilleur moyen de se démarquer, Nintendo étant clairement dans cette optique-là. La console semble être sur une bonne dynamique et d’elle se dégage une volonté de (re)conquérir plusieurs publics. Pour le reste, seul le temps nous donnera raison ou non.

Une future relique du passé ?

Si aux yeux de beaucoup de joueurs et de Nintendo lui-même la Wii U est considérée comme un échec du passé, il semble qu’elle soit devenue un boulet pour le géant japonais. Vous savez, un peu comme ce sujet tabou que l’on essaye à tout prix d’éviter. Car en effet, si Nintendo a abandonné cette console si prématurément, ce n’est pas sans raison. Et vous vous en doutez, un abandon n’est jamais une fierté, surtout pour une entreprise du ressort de Nintendo. Pourtant, peut-être par naïveté, je reste persuadé que dans quelques années cette console sera le Graal d’un plus grand nombre d’entre nous, au même titre que la Game Cube, et dont je ferais certainement partie…