La drogue, c'est mal. Tout mon enfance, je l'ai passée à me prostituer dans les faubourgs de New Reno, afin de trouver les capsules nécessaires pour payer le Jet de mes parents. Quant à mon frère, il raffinait le venin de radscorpion et prétendait vendre du Psycho, mais la pègre local ne tarda pas à s'intéresser de près à son traffic. La descente qu'opérèrent les Familles dans notre squat fut des plus effrayantes. Nous réussîmes pourtant à nous échapper grâce à quelques potes goules qui semèrent la panique dans le quartier (certains étaient mes plus fidèles clients, ils me devaient bien ça).

Nous avions eu très peur. A notre arrivée à Modoc, il fallait qu'on trouve le moyen de débuter une vie normale et donc, avant toute chose, de se sevrer de toute cette dope.

C'est là qu'Amanita Design entre en scène.

Eh oui, cette intro avait pour but de vous faire croire que j'allais parler de Fallout, et je sens que je vous ai bien feintés. Car en réalité, je débute à l'instant même un tout nouveau dossier sur les jeux de ce studio que j'admire au plus haut point : Amanita Design (on y vient on y vient).

Je ne vais pas commencer à vous faire du Wikipédia ni à bêtement traduire ce qu'il est possible de lire avec un niveau d'anglais de collégien branleur sur le site internet de ces messieurs. Tout ce qu'on a besoin de savoir, c'est qu'ils sont tchèques. Et moi, je trouve ça cool, comme j'adore le fait que les mecs qui ont fait The Witcher soient polonais. OK, vous m'avez grillée : je suis d'origine slave =)

Ils sont tchèques donc, et la tête pensante (on va tout de suite zapper tous les noms propres avec des accents chelous) sort de ses études avec un jeu en flash réalisé comme projet de thèse, Samorost. En réalité, ils étaient deux, et le deuxième, j'ai même envie de le citer car j'adore son travail, mais je vais utiliser son nom de scène (pour éviter les accents chelous, toujours) : Floex, compositeur interprète de la musique de tous les jeux Amanita Design. Ce mec est un excellent clarinettiste doublé d'un génie, achetez son album Zorya, vous m'en direz des nouvelles.

J'écoute cet album en boucle et je ne m'en lasse pas. Testez-le et faites un bon geste ! Ca le motivera peut-être à venir faire un concert en France, comme je l'en tanne depuis des mois.

 

Et oui parce qu'en plus, c'est mon ami facebook ! Je suis comme ça moi, je fréquente des stars.

D'ailleurs, Samorost est le jeu qui a permis à Jean-Luc Delarue d'arrêter la coke (true story). Il suffit de démarrer le jeu, qui est disponible gratuitement sur le site de ses développeurs, pour s'apercevoir rapidement qu'il n'est guère besoin de se repoudrer le nez pour plonger dans un univers hallucinatoire aussi surprenant que magique.

Samorost, c'est ce petit personnage bizarre avec son bonnet blanc, et il est bien dans le caca, car sa planète va sous peu être percutée par un météore aux dangereuses allures de branche d'arbre. Je vous jure. Donc il prend sa fusée et il se rend sur l'astéroïde pour le mettre hors d'état de nuir, tels les héros de ce chef d'oeuvre du septième art qu'est Armageddon (ouais, c'est le week-end, je suis en forme).

Un astéroïde bien étrange... Les mecs d'Amanita prennent beaucoup de photos dans les forêts tchèques pour illustrer leurs récits ludiques. J'imagine qu'ils doivent y ramasser des champis bizarres aussi...


A partir de l'atterrissage, c'est à vous de jouer... enfin en tout cas à vous de cliquer. En effet, les premiers jeux d'Amanita Design sont des point & click archi simplifiés. Je m'explique. Certaines zones de l'image sont réactives (regardez, votre pointeur se transforme élégamment en main, c'est dingue) : il suffit de cliquer dessus pour voir l'effet donné. En cliquant sur les différentes sections dynamiques de l'écran, on commence à comprendre ce qu'il faut faire pour débloquer l'écran suivant : à nous de tout déclencher dans le bon ordre, et parfois avec le bon timing, pour continuer l'aventure.

Aucun inventaire à gérer, aucune combinaison d'objets complètement absurde à réaliser, : il suffit de cliquer. Les amateurs d'énigmes tirées par les cheveux ne s'y retrouveront pas vraiment, et ceux qui critiquent les jeux de David Cage pour leur absence d'interactivité feraient mieux d'aller voir ailleurs si j'y suis car Samorost n'a pas un gameplay des plus époustouflants, j'en conviens (ouais, je trolle les trolls, je fais ce que je veux, c'est mon blog).

Un écran tout à fait normal dans l'iconographie de Samorost. C'est de la bonne !

 

Par ailleurs, on remarque rapidement que l'on n'incarne pas vraiment le petit lutin puisque souvent, on peut agir sur des endroits auxquels il n'a pas du tout accès. Le jeu utilise une focalisation tantôt interne, tantôt externe, ce qui n'a absolument aucune logique en terme de game design, mais je pense qu'on s'en tape royalement car l'expérience est avant tout un trip esthétique complètement loufoque. L'aspect "jeu" est clairement au second plan, peut-être même au troisième derrière le trip musical (cette composante n'ira de toute façon qu'en s'intensifiant au fil des créations Amanita Design).

Samorost ne présente aucune difficulté et se pliera en un quart d'heure pour les plus lents d'esprit. Il permet de découvrir des thématiques visuelles très chères à nos amis tchèques : la nature, les insectes, les champignons et... les narguilés. On retrouvera tous ces éléments ou presque dans les jeux à venir.

Tiens, ce petit robot qui apparaît au début de Samorost 2 me dit quelque chose...

 

Parce qu'après, ça devient sérieux. Samorost 2 sort deux ans plus tard, et s'il reprend la suite des aventures du petit gnome de l'espace, c'est avec davantage de technicité aux graphismes et au son. L'équipe s'est entre temps étoffée, et cela s'en ressent à plusieurs niveaux : le jeu prend de la durée de vie les écrans y sont plus animés, la qualité sonore est maintenant irréprochable et la direction artistique continue ses expérimentations sous LSD avec un brio certain.

Cette fois-ci, c'est le petit toutou trop mignon de Samorost qui s'est fait enlever par des extraterrestes ! Ni une ni deux, notre lutin enfourche sa fusée rouge et part à la poursuite des kidnappeurs. Cette suite propose l'exploration de nouveaux décors complètement azimutés, dans lesquels il sera encore nécessaire de faire appel à sa souris et à son cerveau, pas des masses mais quand même. J'ai buté quelques minutes sur certaines énigmes, mais il faut dire que je suis peu douée. Je ne doute pas que des gameblogueurs aussi célesto-cosmiques que vous parviendrez sans peine à torcher ce jeu sans une hésitation (un peu de lèche à mes lecteurs au passage, ça fait jamais de mal).

Ici j'ai bien bloqué 5 minutes avant de comprendre comment utiliser correctement la pompe à eau... Ouais je suis blonde.

 

Cet opus-là n'est pas gratuit, cela dit. Une poignée d'euros vous permettra de récupérer une version jouable en navigateur sur le site des développeurs. En même temps, si vous avez été malin, vous n'êtes passé à côté d'aucun des Humble Indie Bundle, et vous avez donc récupéré tous les jeux Amanita sortis à ce jour au cours du Humble Botanicula Debut (il y a un mois ou deux).

Bon, si vous n'achetez pas les boundles (comme dirait RaHaN), vous n'avez rien à faire sur mon blog, parce que vous n'êtes que des pingres de l'extrême doublés de pirates nécrophiles amateurs de poneys en gelée. Alors je vais prétendre que vous possédez tous ce bundle et donc vous enjoindre à découvrir l'univers complètement barré de mes tchèques préférés. La poésie qu'on découvrira dans leurs titres suivants s'ébauche dans les Samorost, mais c'est avant tout la tendresse et l'humour graphique qui font de ces deux petits jeux des moments très agréables et simples, comme on aimerait en passer plus souvent. Vous qui vous plaignez toujours que vos gonzesses n'y entendent rien aux jeux vidéo, essayez de leur mettre un Samorost dans les mimines et je suis sûre qu'elles le finiront avec le sourire.

Faire péter des espèces de phoques célestes dans un tuyau pour gonfler un ballon, ça me paraît évident.

 

Il sera toujours temps, ensuite, de les enchaîner avec un Machinarium... et là, le piège se refermera ! Merci qui ? Merci la drogue ! Car si nous avons réussi à décrocher en jouant à ces Samorost de substitution, je ne suis pas sûre que les mecs d'Amanita, eux, soient parfaitement cleans =)