Je suis un joueur facile. Ne te méprends pas gros pervers, cela veut dire que je joue la plupart du temps en facile. Parfois, même pas besoin de choisir le niveau de difficulté car le jeu est easy de base. Le choix de la facilité côté développeurs comme côté joueurs est-il le signe d’une époque où nous sommes tous pressés ?

 

Les années 80, souvenez-vous.

La NES était reine au royaume des consoles et nombre d’entre nous, vieux cons de joueurs trentenaires (voire plus), ont découvert les jeux vidéo grâce à la machine de Nintendo. Mais à cette époque, peu de continue et encore moins de sauvegarde : il fallait finir son jeu d’une traite si l’on voulait en voir les crédits de fin ; mission d’autant plus impossible que les parents s’en mêlaient toujours à coups de durée de jeu limitée par jour.

Mais si ce handicap était déjà un défi en soi, ce n’est pas pour autant que les jeux étaient faciles. Les Tortues Ninja ou encore Batman, prisés des enfants que nous étions, étaient de véritables jeux hardcore, sans parler du légendaire Zelda II : The Adventure of Link, dont peu d’entre nous ont vu la couleur du dernier donjon, malgré un système de sauvegarde archaïque qui n’aidait pas vraiment.

Et pourtant, on y jouait à ces jeux, tout simplement parce qu’il n’y en avait pas d’autres. Les sorties étaient rares, les jeux chers, et il fallait se contenter de ce qu’on avait, chose impensable aujourd’hui pour les joueurs gâtés que nous sommes. Parfois, même la plus infâme bouse nous tenait en haleine des mois faute de mieux. Est-ce donc la rareté des jeux qui faisait qu’on s’y accrochait, peu importe la qualité du soft ? 

 

Génération spoliée.

Aujourd’hui, faute de temps et de patience, je joue en mode « facile » lorsque la difficulté peut être choisie. A la limite en « normal » si c’est modifiable par la suite. Ouais, je suis une fiotte. Mais quand ta pile de jeux « à faire » ne cesse de grandir, rester des heures bloqué dans un niveau comme « au bon vieux temps » n’est plus une option. C’est triste, mais c’est comme ça.

Malgré tout, jouer en facile me plaît. J’aime progresser, découvrir l’histoire, la narration des jeux, jusqu’à leur fin. Certes au prix d’un assistanat de gameplay un peu trop poussé, mais au moins le triste ego de gamer en moi est satisfait. Et parfois, il n’est même pas nécessaire de choisir une difficulté abordable tant les jeux qui ne laissent pas le choix tendent vers une expérience fluide (comprenez « sur des rails jusqu’à la fin »). C’est le cas de GTA V, dont les missions se déroulent la plupart du temps sans réel accro, tels ces gunfights où Bruce Willis s’en sort sans une égratignure face à 50 terroristes.

Seraient-ce les développeurs qui en ont assez de travailler des années sur des jeux dont seule une infime partie des joueurs verra la fin ? En effet, cet article de Juin 2012 rapportait que 90% des joueurs ne finissaient pas leurs jeux ! Un chiffre à tempérer mais significatif d’une tendance bien réelle, dont on parle de plus en plus ces derniers temps.

Le jeu vidéo tendrait-il alors vers des univers sans mort et des challenges forcément réussis ? Bien sûr, tout dépend du type de jeu dont on parle, mais à l’heure du bilan de la génération PS3/X360 le constat est quand même là.

 

Jeu sans enjeu ?

Et puis il y a la sauvegarde automatique, ce luxe invisible qui nous évite de jolies sueurs froides (souvenez-vous de cette partie de Final Fantasy VII effacée par erreur, causant un violent encastrage de manette dans le mur). Aujourd’hui, chaque action, chaque checkpoint, chaque combat est ponctué par une sauvegarde automatique, généralement assez fréquente, qui permet de reprendre le jeu à un point récent en cas de mort (mais je ne vous apprends rien j’imagine). Une option qui aurait transformé notre expérience d’un Tortues Ninja sur NES à l’époque.

Avant, le continue était un réel enjeu alors qu’aujourd’hui, la sauvegarde automatique fait tout le travail.

 

Mais l’évolution est quelque chose de positif et si l’on a abandonné codes de progression et continues limités, nous avons grandement gagné en qualité de narration et richesses d’expériences de jeu, vous ne trouvez pas ?

Sur ce, je m’en vais rebrancher ma NES et tenter un Mega Man en une heure… Adieu.