Dramatique, démoniaque, destin, démence, diabolique, damnation, donne moi le sel...euh je m'égare. Mais que veux bien vouloir dire "D", qui est, il faut le reconnaitre, un nom bien singulier et plein de mystère. Et bien la réponse ne sera pas dans ce test, car elle constitue un spoiler bien trop grand. Alors, l'aventure vaut-elle le coup de prendre tant de risques ?

 

AU COMMENCEMENT ETAIT LE FOLIE

L'histoire nous conte les pérégrinations d'un homme, médecin et très renommé en plus, qui dans un élan de folie furieuse, s'est mis à tirer sur les patients et ses collègues. Pourtant, rien ne semble perturber cette soudaine flambée de violence armée. Et, comme il est un homme intelligent, il a pris d'autres personnes en otage, empêchant ainsi la police de pouvoir tenter une quelconque négociation, et autres interventions plus ou moins musclées.

De l'autre côté du pays, Laura, sa fille étudiante, entend cette information à la radio. Sans vraiment réfléchir, elle saute dans sa voiture de sport (son père est médecin, hein), et se dirige pied au plancher vers l'hôpital ayant succombé à cet accès de démence. Son but ? Tenter de comprendre comment son paternel, d'ordinaire si doux et gentil, a pu sombrer dans une telle effusion de sang.

Les décors sont véritablement somptueux, pour l'époque c'est le nec plus ultra.

En arrivant devant l'établissement de soins, elle décide d'entrer de suite, non sans une énorme apréhension. A l'intérieur, des corps gisent sur le sol, baignant dans leur sang. Une forte odeur de violence s'en échappe, et en arpentant les couloirs, Laura tombe nez à nez avec une sorte de téléporteur qu'elle hésite à toucher du doigt. Mal lui en a pris, car à peine effleuré, le vortex l'aspire dans une réalité totalement absente. Elle se retrouve dans une grande salle à manger, dans ce qui semble être un manoir classieux.

 

COULOIRS, ENIGMES ET PIEGES SYMPATHIQUES

Le jeu ressemble beaucoup à un point 'n click en 3D et en vue subjective, avec une ambiance proche d'un Silent Hill et d'un Resident Evil. Pourtant, vous ne rencontrerez aucun monstre, ni une autre créature bizarre (à part une armure animée), mais il flotte une odeur oppressante dans ce jeu, et chaque détour d'un couloir ou d'un escalier saura vous stresser.

Le but du jeu est simple. Il faut trouver le moyen de sortir de ce manoir, et ce durant les deux heures que vous octroit le maître de ces lieux, qui n'est autre que votre père. D'ailleurs, dès le début et à plusieurs reprises par la suite, il vous parlera dans votre tête (et en apparaissant au plafond), vous demandant de repartir de cet endroit qui n'est autre que son imagination. Il est gentil papa, mais il est un peu concon aussi, car il n'y a aucun moyen de repartir, mise à part avancer dans l'aventure...donc, ces avertissements ne servent à rien et il le sait, vu qu'il est le propriétaire de ce rêve étrange.

Bien souvent, vous devrez résoudre des énigmes, plus ou moins tordues, sachant qu'il existe toujours un indice dans un endroit du manoir. Par exemple, la première désigne une commode dont il faut ouvrir les tiroirs dans un certain ordre. Pour connaitre ce ordre, il faut d'abord y trouver une feuille, qu'il faudra tremper dans une assiette d'eau se trouvant dans la salle à manger. Simple non ? Malgré leur évidence, il faut reconnaitre que certaines d'entres elles sont très originales, comme cette espèce de machine à sou avec laquelle il faut reproduire un chiffre en actionnant une manette, et sachant que le chiffre des unités est très instable.

Les énigmes ne sont pas rétorses, mais il faudra quand-même se creuser un peu les méninges.

A chaque petite action de Laura, une scène cinématique se déclenche, accentuant ainsi le côté aventure sombre et oppressante du soft. Une grille pleine de piques se jetant sur vous, une pierre énorme vous poursuivant dans des escaliers, un tableau changeant brusquement ses traits, des pièges remplies de morts, une main tentant de vous attraper au travers d'un miroir,...les situations sont nombreuses, et elles vous ficheront quelques sureurs froides.

Si vous êtes bloqués dans un puzzles, ou que vous ne savez pas où vous rendre, vous disposez d'un poudrier dans votre sac (c'est bien une femme ça), qui vous donnera un indice précieux quant à la suite des évênements. Mais, vous ne pourrez pas l'utiliser plus de trois fois, car il volera en éclats au terme de ce nombre d'utilisation. Et puis, en fait, il ne vous montrera qu'une image de votre prochain objectif, ce qui risque de ne pas vous être grandement utile.

 

UN VRAI GRAND HUIT

Pour se déplacer, Laura utilise des chemins prédéfinis, comme si elle était montée sur rails. Comprenez que si vous la faites avancer en appuyant une seule fois sur "avant", elle marchera pour traverser une bonne moitié de la pièce. Il n'y a aucun soucis pour le moment, mais lorsqu'il faut approcher d'un objet, comme un pupitre par exemple, cela devient rapidement énervant, car il faut d'abord trouver le bon angle , et ce n'est pas toujours très logique. Par exemple, pour regarder le portrait de la chambre à coucher, il faut d'abord s'approcher de la porte du fond, puis revenir en arrière pour pourvoir s'apporcher de la peinture. Bizarre, et peu intuitif...

Certaines scènes sont éprouvantes pour vous, mais surtout pour Laura.

De même, certaines énigmes sont un peu tarabiscotées, comme ce jouet qui doit ouvrir une porte, mais ne se déclenche que lorsqu'on tente de l'ouvrir (la porte). Et d'autres puzzles n'en sont pas du tout. De temps en temps, il suffit de ramasser une clé dans les mains d'un mort, ou dans une cheminée. A ce moment, une scène se déclenche, mais souvent, il ne se passe rien au final, et on est un peu sur notre faim niveau sensation.

Heureusement, il faudra retrouver quatre scarabées pour comprendre un peu plus l'histoire de Laura. Chacun d'entres eux vous montrera un petit film de type souvenir, vous relatant le passé de la jeune femme, sous forme de scénettes en images subversives, dans le ton d'un flashback cinématographique. Réellement, ces petits passges sont assez angoissants, ne serait-ce que par les bruitages très stridents. Sachez aussi que, en retrouvant les 4 coléoptères, vous aurez droit a un bonus en toute fin de jeu...mais chut...c'est une surprise...

 

UN VRAI FILM INTERACTIF

La première impression qui se dégage de ce jeu, c'est sa volupté graphique incomparable. En effet, nous sommes devant le plus beau jeu jamais fait pour l'époque, avec des graphismes proche de la cinématique. Les décors sont somptueux, froids, et dégagent une ambiance glauque et sombre qui ne dénote pas du tout avec l'esrit des développeurs. On passe allègrement de couloirs en brique et de pièces décorées de peintures rupestres, à des endroits plus fantastiques comme des salles étroites et remplies de corps. Les énigmes sont bien pensées et les nombreuses cinématiques, qui sont parfois inutiles, sont souvent impressionantes de par leur côté gore sobre (comprenez des morts, mais pas de sang à outrance). D'ailleurs, en parlant de mort, vous ne pouvez pas mourir dans ce jeu, sauf au bout des deux heures imposées par le jeu.

Ne me dîtes pas que vous ne trouvez pas cette main bizarre...

Par contre, Laura est assez ridicule. D'abord, elle n'arbore aucune expression faciale distincte. Si elle est impressionée, elle ouvrira simplement la bouche, mais ses yeux garderont cet éclat inexpressif qui caractérise les vaches en pleine rumination. Et, il faut dire qu'elle est mal proportionnée notre charmante étudiante. Je passerai sur ses cheveux qui traversent allègrement ses épaules, mais pas sur ses grands bras, ses jambes raides comme un piquet de bois, et surtout, sur ses mains malformées (franchement, elle est incapable de plier ses doigts sur sa paume). Et pour bien enterre le problème de son physique (la pauvre), elle semble bien dodue pour une californienne...limite bossue dans certains plans...

Au niveau de l'ambiance sonore générale, ça ne casse pas des briques. En fait, vous entendrez, le plus souvent, quelques sons distordus en boucle, ressemblant beaucoup au tic-tac d'une immense horloge mécanique désacordée et cliquetant au ralentit. Mais lors des scènes plus angoissantes, vous entendrez quelques notes bien plus dans le ton du jeu, symphoniquement éprouvantes. Bref, et sans grande prétention, l'ambiance sonore est assurée. Surtout que les interventions de votre père sont en français, avec des voix bien jouées, quoiqu'un peu trop dramatiques. L'angoisse est présente, et ça le fait...Le seul vrai soucis, est que la synhronisation labiale est passée complètement à la trappe. Lorsque votre paternel parle, il ne fait qu'ouvrir la bouche continuellement, sans se soucier des paroles dites. Un peu comme dans "Le manoir des âmes perdues" pour ceux qui connaissent. De même, certaines réactions de votre personnage sont assez surprenantes, voire peu logique. Toutefois, elle en aura des sueurs froides notre Laura, et ses réactions seront quand-même compréhensibles la plupart du temps.

Alors les animations sont peut-être détaillées le plus souvent, mais pourquoi cette jeune femme est-elle aussi lente ? Sérieusement, elle se déplace à deux à l'heure. Je peux comprendre qu'elle marche lentement à cause d'une certaine angoisse et appréhension quant à ce monde qui l'entoure, mais là il y a un peu exagération non ? On croirait qu'elle rampe, tellement elle avance comme une tortue pleine de rhumatismes...Et le pire dans tout ça, c'est qu'il est impossible de la faire revenir en arrière lors de l'un de ces déplacements. Il faut attendre qu'elle est finit de marcher pour refaire un "rewind". Pareil pour les énigmes, quelquefois il faut appuyer sur un bouton, quelquefois il faut avancer...c'est illogique ça !!! Et puis le bruit de défilement des items dans l'inventaire est tout simplement insurportable...ça ressemble à une abeille coinçée dans un tuba...

Voici le seul moment d'action du jeu, une QTE avec un chevalier...et chiante la QTE en plus.

Je l'ai déjà dit plus haut, le jeu vous impose un temps limite de 2 heures pour le finir. Mais, en fait, vous le bouclerez en une heure maximum, et ce malgré la grande lenteur de notre grand-mère de 19 ans. Et comme le jeu est très court, les développeurs nous ont fait un petit cadeau sympa : il n'y a aucune sauvegarde !!! Si vous dépassez le temps imparti, c'est la mort de Laura et le retour au début du jeu. Et comme certaines commandes sont très succeptibles (notamment le combat en QTE avec l'armure, qui demande des réflexes au micro-poil de mollet), vous abandonnerez (comme moi) probablement l'aventure en cours de route. Et, encore mieux, il n'y a pas de pause non plus, donc vous devez finir le jeu en vous retenant le plus possible, ou en vous pissant dessus...et cerise sur le gateau, il y a deux fins différentes, donc il faudra recommencer le jeu de toutes façons...

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Pour un ovni, D se pose là. Un jeu entre aventure, horreur et point 'n click, une héroïne peu probable, un scénario travaillé et mystérieux (mais la fin est très décevante, lorsqu'on comprend ce que veut dire "D"). Des graphismes époustouflants de réalisme, avec ses textures de type cinématique et des décors superbes, une ambiance glauque à souhait, des scènes angoissantes, tout semble être fait pour nous permettre de passer un bon moment. Malheureusement, les tares sont bien trop nombreuses pour rendre ce moment magique et vraiment horrifique. L'héroïne est d'une lenteur exaspérante, et les bugs d'affichage contrastent rageusement avec les décors si magnifiques. De plus, la durée de vie seulement de 2 heures maximum (comptez la moitié pour le finir) pèsera trop lourd sur la balance des problèmes. Néanmoins, D est un jeu plaisant à découvrir tout de même, car sa réalisation est tout simplement somptueuse pour l'époque, et les 3 cd sont plein à craquer.

 

Dément : graphismes superbes, ambiance glauque, énigmes bien pensées, quelques effets excellents.

Des chiottes : Laura est trop lente, déplacements scriptés, quelques bruitages assourdissants, durée de vie trop faible, commandes souvent trop rétorses.

 

Graphismes : 17/20.

Sons : 15/20.

Jouabilité : 08/20.

Scénario : 16/20.

Durée de vie : 05/20.

 

Sentence

14/20

 

Machines : Playstation (3 cd), Saturn (2 cd), 3DO (2 cd), PC (2 cd).

Année : 1995.

Genre : aventure/horreur.

Développeur : Warp.

Editeur : Acclaim.

Difficulté : bof, pas trop.

PEGI : 12 ans.

Qui se ressemble : La manoir des âmes perdues.

 

Voici l'introduction du jeu, en anglais.