Participer à la vie de votre quartier, tout en gérant la vie de votre héros et en menant une enquête de longue haleine, ça vous dit ? Mais attention, l'échec n'est pas permi, et il vous faudra des trésors d'adaptabilité pour la mener à bien. Si tout ceci ne vous fait pas peur, Shenmue vous tend les bras pour vous proposer une expérience unique en son genre...et quelle expérience...

 

PETIT SCARABEE A LA RESCOUSSE

Ryo Hazuki est un jeune homme de 17 ans tout ce qu'il y a de plus banal. Pas fortiche pour les études, mais très doué dans les arts martiaux, il vit avec son père, son frère adoptif et sa gouvernante dans la maison familiale, au fin fond de la ville de Yokosuka. Son paternel, justement, est un grand maître des arts martiaux, et il entraînne régulièrement son fils, ainsi que Fuku-san, son élève qu'il considère comme son autre fils. Les deux jeunes hommes s'entendent à merveille, et se considèrent comme frères.

Ryo, donc, court sur le chemin le menant au dojo familial, et aperçoit une voiture noire et la plaque de l'entrée de la propriété à terre. Se dirigeant précipitamment vers le dojo, il voit Fuku-san voler à travers le jardin si paisible d'habitude. En pénétrant dans la salle d'entraînnement, il sera confronté à un homme chinois, vêtu d'une robe verte et demandant à son père un miroir mystérieux. Après un combat vite expédié, l'inconnu s'empare du jeune Ryo, et s'en sert comme monnaie d'échange. Acculé et dans l'impossibilité de négocier quoique ce soit, le maître se doit de révéler son secret. Puis, dans un éclair de fourberie infâme, l'homme se faisant appelé Lan-Di frappe d'un coup mortel le père du malheureux garçon. Dans un dernier souffle, il donnera un dernier (et totalement inutile) conseil à son fils et élève.

Votre relation avec la jolie Nozomi sera ambigüe...du moins pour elle.

Après quelques jours de deuil, le pauvre Ryo ne parvient pas à oublier cet homme étrange et si véloce. Soudain, une lettre arrive au courrier, et après sa lecture, cela le conforte dans son entreprise initiale : la vengeance. Commence alors une longue quête vers la découverte de cet homme et le pourquoi du meurtre de son père.

 

CHERCHE PETIT, CHERCHE

La première chose à faire est de récupérer des indices quant à l'évênement qui a boulversé tout le quartier. En effet, en interrogeant ses camarades et amis, Ryo découvrira bien vite qu'une voiture noire et puissante aurait failli renversé une jeune fille, et aurait écrasé un chat. Puis, un autre habitant des environs a vu ce même bolide tourner vers le marché. Ainsi, de fil en aiguille, Ryo retrouvera la trâce de ces mystérieux hommes en noir et de ce fameux Lan-Di.

Les rencontres louches et menant à des rixes seront nombreuses.

Vous l'aurez compris, ce jeu est une sorte d'enquête policière où il faudra interroger différentes personnes et fouiller différents endroits pour découvrir des indices. En fait, le jeu se découpe en plusieurs parties. Après les interrogations, vous pourrez faire ce qu'il vous plait dans cette petite ville tranquille. Achetez des cassettes audio pour votre balladeur, de la nourriture pour le pauvre petit chat orphelin recueillit par votre voisine, du consommable (piles, ampoules, chips,...), mais aussi des petites figurines pour votre collection. D'ailleurs, en achetant certaines choses, vous participerez à un concours de grattage, visant à vous offrir des jeux vidéos pour votre console (et là, il y a comme un léger anachronisme...le jeu se passe en 1986, aux environs de noël, et votre console est...une Saturn).

Certains combattants sont redoutables, mais deviendront, par la suite, vos alliés.

Sinon, pour passer le temps, vous pouvez jouer à des jeux d'arcade made in Sega, comme Space Harrier ou Hang On, mais aussi un jeu de réflexe et de fléchettes (où vous pouvez aussi gagner un prix ne battant le record). Mais, ces pertes de temps sont inutiles me direz-vous...pas tout à fait, car vous obtiendrez différents rendez-vous, et il faudra bien faire passer le temps entre deux horaires...

 

AU BOUT DE L'ENQUETE

Toutes vos investigations vous mèneront dans des endroits plus que louche. Un bar enfumé, une ruelle crasseuse, un appartement cachant un tatoueur illégal,...tout ceci sent assez mauvais pour notre jeune Sherlock. Et c'est le cas, car d'innombrables combats se délcencheront de temps en temps sous deux formes distinctes. Des QTE (appuyez sur des boutons prédéterminés dans un laps de temps plus ou moins court), ou des affrontements en temps réels. Là, il vous faudra battre différents adversaires en même temps en les molestant de coups de poings et de pieds. Ces rixes sont molles, mais s'intègrent parfaitement au scénario et ne cassent pas le rythme, au contraire.

Vous aurez la chance de participer à des courses de fenwicks...d'une lenteur exaspérante.

Pour parfaire vos mouvements, vous pouvez vous entraînner avec Fuku-san (il fallait bien qu'il serve à quelque chose celui-là), ou acheter (et trouver) des coups spéciaux dans certains magasins. Quelquefois, vos amis ou connaissances pourront vous apprendre quelques feintes (comme Tom, le vendeur de sandwichs très cool, ou le clodo du port). Chaque jour, en quittant la maison, votre gouvernante vous donnera un peu d'argent pour amortir vos dépenses. A vous de gérer votre pitance de poche...

De temps à autres, vous tomberez sur des personnages secondaires qui vous demanderont de l'aide ou vous metteront dans une situation spéciale. Aidez-donc cette petite grand-mère à trouver la maison de sa famille, aidez ces jeunes gamins qui se font embetter par quelques voyous sans envergure, essayez de percer les sentiments de Nozomi, votre meilleure amie,...il y a de quoi faire, et ces petites scènes sont aléatoires, et ne se déclencheront que si vous êtes au bon endroit, au bon moment. Cela assure une bonne rejouabilité donc...

 

ET ENSUITE...

En avançant dans votre enquête parsemée de combats et autres réjouissances du même genre, vous devrez investir le port et y trouver vos entrées. Trouver un petit boulot sera une excellente idée, et vous voici manutentionnaire en fenwick. Là, le jeu prendra une toute autre dimension, car il vous faudra gérer votre travail en plus du reste. Tout cela engendrera un mini-jeu où vous devrez déplacer des caisses d'un endroit à un autre, et où vous serez payé en fonction de vos exploits. De plus, et pour égayer le tout, vous assisterez à des courses de fenwicks les cinq premiers matins de votre arrivée dans l'équipe, où vous essayerez d'arriver le premier, bien sûr (ça ne s'invente pas). Petit conseil : tentez de finir à chacune des 5 places pour avoir la collection de fens complète, c'est important pour le second opus du jeu...

Les visages sont ultra-réalistes. Du travail d'orfèvre...

Bien entendu, les dockers ne verront pas d'un bon oeil votre arrivée et vos investigations successives, et les affrontements se feront de manière plus fréquentes. De plus, et pour étoffer l'expérience de jeu, vous devrez vous infiltrer dans un hangar étroitement surveiller par la police, sachant que l'échec vous fait perdre une journée complète...

 

LE CHENE N'EST PAS SI DUR

Graphiquement, on n'avait jamais rien vu d'aussi joli. Il faut dire que c'est une véritable claque visuelle, avec des personnages hauts en couleur et des animations de folie. Les rues se remplissent peu à peu de monde, et chacun vaque à ses occupations journalières. Pouvoir gérer autant de personnages en même temps tient de la prouesse, même encore maintenant. Les visages ont subis un travail tout pariculier, et les déformations musculaires sont impressionantes. Franchement, on croirait voir de véritables personnes, c'est dingue...Les décors sont aussi très soignés, avec des échoppes vivantes, des maisons très fidèles aux habitations japonaises urbaines, et la possibilité de visiter un grand nombre de magasins et de discuter avec tout le monde, que ce soit en ville, comme dans le quartier résidentiel. Bien sûr, beaucoup de protagonistes n'ont rien à dire d'intéressant, mais la grande diversité de ces derniers nous plongera faicelement dans le japon contemporain. Des ménagères le matin et l'après-midi, des étudiants en milieu de journée, des employés saoule, déambulant maladroitement dans les rues la nuit tombée,...on s'y croit sans difficulté... Et le temps qui change en temps réel, technologie appelée Magic Weather...C'est plus qu'un réussite, c'est plus qu'impressionant, c'est...magique...

Malgré la molesse des commandes, les combats sont dynamiques.

L'ambiance est au rendez-vous, avec les bruits calmes des quartiers résidentiels, les brouhahas du quartier commerçant, et l'animation des docks. On y sentirait presque l'air marin...Là aussi, c'est la claque, avec des bruitages tout simpement exceptionnels, et des musiques bien dans l'ambiance japonaise des années 80. La musique, d'ailleurs, est un savant mélange de musique pop et traditionnelle...et ça marche sans aucune anicroche. Et chaque scène, chaque évênement, comporte sa musique, tantôt douce et mélancolique, tantôt plus péchue et accompagnant les moments d'action. Et les développeurs ont été jusqu'à mettre une ambiance de noël occidental en approchant du 25 décembre...c'est fou quand-même...Le seul soucis, et c'est ce qui gâche un peu cette ambiance nippone, ce sont les voix qui sont en anglais, avec un sous-titrage...en anglais. C'eût été mieux de proposer des voix en japonais pour les dialogues, qu'importe les sous-titres...du coup, on se tape des expressions typiquement anglaises...pas très japonais tout ça...

Les commandes sont un peu molles, surtout lors des phases d'affrontements. Les coups sortent avec un petit temps de latence, et la manette particulière de la Dreamcast ne sied guère aux combats. Même constat pour les QTE, les boutons sont un peu trop sensibles, et on rate souvent une action parce-que l'on a légèrement poussé la touche avant son apparition à l'écran. Heureusement, ce sont des patterns prédéfinis, et ils seront toujours les mêmes. Il suffit donc de les apprendre par coeur, et c'est marre...Sinon, le reste est tout de même largement jouable, et que ce soit à la croix directionnelle qu'au joystick. Par contre, le fait de courir rend notre héros un peu plus difficile à contrôler...bah, rien de grave...

Dans cette salle, vous pouvez jouer aux jeux d'arcade, mais aussi aux fléchettes.

Le scénario est riche, bien qu'il n'avance pas rapidement. Souvent, on s'en écartera volontairement pour visiter les autres possibilités du jeu. Du coup, la durée de vie peut être énorme, comme elle peut n'être que famélique, c'est selon vos désirs. Sachez simpelment que, contrairement à d'autres jeux ouverts comme GTA, vous ne pourrez pas continuer votre vie en terminant ce premier chapitre des aventures de Ryo. Les dizaines de petites scènes itermédiaires feront rallonger la durée de vie, car elles ne se délcencheront pas toutes dans une même partie. Un bon moyen de nous faire refaire le soft, surtout que l'on attend le dénouement amoureux entre Ryo et...à votre avis...

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Fort d'une expérience unique, Shenmue est diffcile à classer. Mélangenant allègrement, et avec brio, les genres comme la baston, l'enquête, l'aventure, la discrétion,...c'est un jeu à posséder absolument dans sa ludothèque. Graphiquement irréprochable, même encore de nos jours, possédant une ambiance unique en son genre mélgangeant le japon contemporain et traditionnel (mise à part cette Saturn légèrement en avance sur son temps), l'aventure de Ryo se doit d'être au moins essayée par tous les amoureux de la culture japonaise et des jeux vidéo. Sachez simplement qu'il commence à être difficlement trouvable dans les magasins, et que son prix avoisine les 90 euros tout de même. Et les fans, comme je le suis, attendent avec une impatience morbide la suite...on peut toujours rêver...

 

FIN LIMIER : graphismes superbes, ambiance géniale, scénario riche et long, plein de petites quêtes et de mini-jeux, des scénettes à foison, animation démente.

FLIC FRANCAIS : des commandes un peu molles, une histoire qui peine à avancer, addictif au possible.

 

Graphismes : 20/20.

Sons : 20/20.

Jouabilité : 14/20.

Scénario : 19/20.

Durée de vie : 20/20.

 

Sentence

19/20

 

Machine : Dreamcast.

Genre : aventure/action.

Année : 2000.

Difficulté : pas mal, mais progressive.

PEGI : 12 +.

Développeur : AM2.

Editeur : Sega.

Qui se ressemble : Shenmue 2, Yakuza (PS2).

 

Post-scriptum 1 : un quatrième disque regroupe des reportage sur le jeu, des images et des vidéos, ainsi que des musiques déblocables en assistant à certaines scènes du jeu.

Post-scriptum 2 : le jeu devait intialement tourner sur Saturn, mais les possibilités de la machine bridaient trop les idées et les volontés de son créateur. C'est sans-doute pour cela que l'on remarque la présence d'une console Saturn dans le jeu, bien que ce dernier se passe en 1986.

Post-sriptum 3 : il devait y avoir 11 chapitres à l'origine, se déroulant sur trois jeux en tout. Il serait peut-être temps de développer le dernier opus, monsieur Suzuki...On est en droit d'ésperer, car le financement serait déjà en marche...

 

Voici la superbe introduction de ce jeu.