Dans tous les rpg, vous rencontrerez des princesses à sauver, des monstres à anéantir, des mondes à délivrer du joug déspotique d'un quelconque tyran assoiffé de pouvoir et de terreur... Mais ici, c'est la guerre qui restera au centre du scénario. Une histoire bien plus singulière, mais tellement prenante. Alors, en route soldat, et je ne veux voir qu'une tête...

 

LE DESTIN EST CRUEL

Vous incarnez Teel MacDohl, fils d'un grand général de l'Empire de la Lune Ecarlate. Son empereur, le terrible et tyrannique Barbarossa, tient son territoire dans la peur et n'a de cesse que de faire d'innombrables conquêtes, lançant ainsi ses troupes, mais aussi son peuple, dans l'horreur de la guerre. Votre père étant parti renforcer les défenses frontariales, vous voici seul à la maison avec vos serviteurs et votre meilleur ami.

Ne pouvant compter sur le Général MacDohl, l'empereur va se reposer sur vous, jeune fils courageux et maléable, pour vous confier quelques missions pour l'empire. Malheureusement pour lui, vous découvrirez rapidement que les enjeux de cette guerre sont loin d'être ceux que vos supérieurs ont bien voulu vous expliquer. 

Graphiqement, ça n'a pas l'air superbe, mais pourtant, c'est magnifique dans le genre.

Après quelques péripéties, vous comprendrez que vous êtes né pour prendre une armée et organiser la résistance contre Barbarossa, et donc, contre votre propre père. Surtout que, selon un rêve, vous seriez à la base d'une prophétie qui devrait libérer le royaume. Vous voila donc parti pour une quête dont l'issue semble très incertaine, mais qui vous amènera vers une certaine gloire et une ultime guerre.

 

JE SUIS PARTI GUERROYER

Il vous faut donc parcourir le pays, afin de trouver un quartier général (qui sera un vieux chateau au milieu d'un lac), mais surtout quelques amis pour le remplir. 107 amis pour être exact... Traversez les villes, les grottes, les forêts, afin de trouver ces "étoiles" (selon la prophétie, chaque personnage est né sous une étoile). Si une bonne partie d'entre eux vous rejoindra automatiquement, d'autres demanderont quelques subtilités pour vous suivre aveuglément. Il faudra gagner à des petits jeux, parler aux personnages avec quelqu'un de spécifique, effectuer une petite quête anodine (retrouver un chat, par exemple), avoir tel protagoniste dans les effectifs... Les ficelles du recrutement ne sont pas toujours évidentes, mais avec un peu de jugeotte, cela ne devrait pas poser trop de problème.

Les villes sont colorées et proposent un environnement différent. Les magasins sont visibles grâce à une pancarte.

En traversant les différentes zones de jeu, vous effectuerez des combats aléatoires contre une pléïade de monstres ou autres créatures plus ou moins fantastiques. Des elfes, des nains, des kobolds, des arraignées,...tout ceci sent bon l'héroïc fantasy, mais pas trop. Les commandes sont, de prime abord, très communes au genre. Entrez des ordres pour chaque personnage qui obéira au tour par tour. Mais, en combinant certains protagonistes, vous aurez la possibilité d'effectuer des actions spéciales. Des coups plus puissants, des dégâts sur tous les adversaires...beaucoup de petites surprises pour eux. Ces combinaisons de coups sont facultatives, donc à vous de voir si la stratégie est logique.

En réunissant assez de guerriers pour votre armée, vous pourrez entrer dans une phase de combats stratégiques. Vous lancerez des attaques différentes contre vos ennemis, sachant que certaines de vos troupes peuvent déviner les actions préparées par vos ennemis. Et, c'est là le point noir du jeu. Les combats que l'on penserait hautement tactiques, sont en fin de compte des affrontements basés sur de la chance pure et simple. En effet, il faut lancer une action en fonction des plans de l'adversaire. Par exemple, si ce dernier lance une attaque archérique, lancez vos infanteries à l'assaut. Ainsi, chaque action prend le pas sur une autre, et il vous faudra user systématiquement de vos espions pour connaître les projets ennemis (sachant que ces derniers ne sont utilisables qu'une seule fois, le facteur chance va rapidement s'imposer).

Les duels sont en anglais, et fortement aléatoires. Devinez les attaques qui se cachent derrière les phrases.

Enfin, de temps en temps, vous devrez affronter un adversaire plus puissant au combat en un contre un. Là, il faudra riposter avec une attaque appropriée, en fonction des phrases de votre opposant. A chaque tirade correspond un coup. Combinez l'attaque simple, l'attaque désépérée (puissante) et la parade pour défaire le scélérat. Là aussi, il vous faudra de la chance, mais aussi retenir quelles actions se déclenchent avec quelles phrases.

 

MAGIE MAGIE

Comme dans tous rpg, vous pourrez user de magie lors des combats. Pour ce faire, il faut équiper les personnages avec des runes qui, selon leur appartenance, auront différents effets destructeurs contre les adversaires, et bénéfiques pour vos unités. Car, non seulement vous pourrez frapper les ennemis avec des boules de feu ou des éclairs, mais aussi guérir vos amis ou les renforcer. De plus, vous ne possédez pas de points de magie à proprement parlé, mais vous ne pouvez utiliser vos runes qu'un nombre de fois limité. En vous reposant dans votre chateau, vous regagnerez vos magies. Et, en augmentant de niveau, vous aurez accès à d'autres sorts, plus puissants ou ayant un rayon d'action plus large.

La traduction française est exemplaire, et sans faute de style qui plus est.

Dans les villes, vous rencontrerez des forgerons qui vous donneront la possibilité d'upgrader vos armes (ici, on n'achète pas d'autres armes) et d'y inclure une rune pour lui donner des propriétés magiques. Et, ces augmentations ne se feront qu'au titre du niveau du forgeron. Il sera donc impossible d'upgrader une arme à son maximum dès les premières heures du jeu.

En défaisant vos adversaires, vous gagnerez des points d'expérience (rien de nouveau de ce côté), mais aussi de l'argent. Mais, il existe un autre moyen de se faire des pépettes rapidement, c'est le troc. En effet, vous pouvez acheter des ingrédients dans une ville, et les revendre dans une autre, avec des taux différents. Bref, le métier de commerçant s'offre à vous, et vous comprendrez peut-être un peu mieux les rouages qui définissent le commerce d'occasion qui régit notre monde actuel...

 

C'EST DE LA FOLIE

Bien sûr, beaucoup de joueur diront que le jeu est assez moche pour une machine 32 bits. Et ils auront raison, car les gramphismes fleurtent avec l'époque précédente, malgré des couleurs relativement jolies. Pourtant, quelques détails font toute la différence, comme les animations en arrière plan ou les reflets sur le parquet du chateau. En regardant tout ceci de plus près, on remarquera que le design général est tout de même magnifique, surtout le portrait des personnages lors des scènes de dialogue. Les animations des protagonistes et des décors sont sympathiques, et peut-être un peu hachées, mais ont le mérite de rendre le tout bien vivant. Seuls les graphismes lors des phases tactitques sont plus décevants, avec des personnages symbolisant les unités tous similaires. Ce qui fait la véritable force de Suikoden, c'est le character design qui, sans être exceptionnel, propose une grande diversité.

Les combats vous donnent jusque six personnages jouables. Attention toutefois de mettre les archers derrières et les guerriers devant, sinon, ces derniers seront inutilisables.

Musicalement, c'est assez destabilisant. On est loin des musiques symphoniques qui encadre souvent ce genre de jeu, mais la touche hautement folklorique donne un cachet extrèmement réaliste au tout. Les voix sont en anglais, mais sont traduites en français par le texte, et de fort belle manière. C'est tout simplement exemplaire. Seuls les dialogues lors des phases de duels sont en anglais (bizarre non ?). Les bruitages sont, quant à eux, dans l'ambiance générale du jeu, mais  ne cassent pas des briques en bois non plus.

Le scénario est, à mon sens, l'un des meilleurs dans tout le paysage vidéoludique. Riche, adulte, intelligent, avec des rebondissements forts, il vous scotchera durant des heures devant votre écran. Et la chasse aux étoiles vous tiendra également en haleine quelques heures de plus, sans compter les quelques mini-jeux disponibles dans votre quartier-général ou dans certaines villes, ainsi que le troc. Le jeu est long, comptez une bonne trentaine d'heures en ligne droite, et dix de plus si vous vous attardez un peu.

Chercher tous les personnages pouvant vous aider dans votre quête...il y en a 107 en tout (plus vous).

Les différentes phases de combats sont une excellente idée. Proposer des combats banals, des affrontements duellistes et des batailles stratégiques constitue une véritable évolution dans le monde du jeu de rôle japonais. Malheureusement, ces dernieres batailles sont loin d'être tactiques et se reposent plus sur la chance. Mais il s'agit d'une petite entrée en matière intéressante, et sera applaudit par les apprentis joueurs d'échecs.

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Il s'agit là de mon meilleur rpg (ou l'un des meilleurs tout du moins). Graphismes simples mais accrocheurs, animations sympathiques, scénario éblouissant, mise en scène parfaite, musiques fabuleuses et originales, différentes  phases de gameplay, tout me paraît proche de la perfection. Pour ceux qui aime les histoires fortes et loin des standards du genre, et pour ceux qui sont prêts à faire un sacré trou dans leur porte-monnaie, je conseille ce jeu sans aucune hésitation, car tout est bon ici.

 

ARMEE MAGIQUE : scénario fort et original, ton très adulte, graphismes et musiques donnant une ambiance unique, plusieurs types de gameplay, les possibilités dans les combats, plein de personnages différents, les petits à côtés.

PAYSANS OPPRIMES : dimension tactique à revoir, quelques longueurs dans l'histoire.

 

Graphismes : 16/20.

Sons : 18/20.

Jouabilité : 15/20.

Scénario : 20/20.

Durée de vie : 17/20.

 

Sentence

18/20

 

Genre : J-Rpg.

Année : 1997.

PEGI : 12 ans.

Développeur : Konami.

Editeur : Konami.

Difficulté : moyenne.

Qui se ressemble : Suikoden 2 (forcément), la saga Final Fantasy, Dragon Quest, Grandia, Vandal Hearts...bref, tous les bons rpg.

Post-scriptum : le jeu est rare dans les boutiques, mais aussi sur le net. Il faudra compter plus d'une centaine d'euros pour se le procurer (prix constaté dans différents magasins rértogaming).

Voici un exemple de bataille. Le joueur est mauvais, car il choisit ses ordres de façon aléatoire. Il devrait envoyer des espions d'abord. Mais cela illustre parfaitement ce côté chance de ce système.