Les jeux basés sur des légendes ou des faits historiques peuvent constituer une idée sympathique. Je parle, notamment, de Chronicle of the Sword, jeu sur la légende des chevaliers de la table ronde, plutôt bien fichu pour l'époque. Mais, lorsque la fiction dépasse l'Histoire et lui donne un côté granguignolesque, apportant au passage quelques problèmes de scénario, le scandale n'est pas bien loin...tiens, d'ailleurs, le voici qui pointe le bout de son nez...

 

LASERS CONTRE EPEES

L'histoire raconte l'arrivée de robots par un téléporteur dans le monde de Camelot, au temps du Roi Arthur. Ce dernier détient l'épée magique Excalibur, et les envahisseurs futuristes veulent la récupérer (on ne sait pas pourquoi). Après une tonne lasers dans les dents, les chevaliers périssent et les méchantes machines ramassent l'arme tant convoitée (avec un gros plan sur une main humaine tatouée du mot "hate").

Craignant pour le futur, Merlin envoi sa nièce dans ce même téléporteur (ils sont mal élevés ces robots, ils pourraient refermer la porte en sortant tout de même). Arrivée dans un monde futuriste (en 2555, donc), elle doit récupérer l'épée, puis revenir dans son siècle d'origine.

Vous serez d'accord avec moi, elle ne ressemble pas à grand chose. Ceci est la version américaine de l'héroïne.

Déjà, le scénario est excellent...de médiocrité. Non mais, je te demande un peu, des robots qui volent Excalibur... Et puis, j'aimerais savoir quel est le pouvoir de cette épée...apparement il est nul, vu qu'elle n'a pas pu défendre Arthur et les chevaliers... Et puis, c'est trop tard, maintenant, tout le monde est mort...sans compter les soucis de continuum espace temps (ben oui, le fait de tuer les chevaliers de la table ronde n'a pas d'incidence sur la suite de l'histoire ?)

 

DEUX MONDES EN COHABITATION

En arrivant dans le futur, ce dernier ne semble pas si futuriste que cela. En effet, le monde qui l'entoure est sous-terrain. Plusieurs siècles auparavant, un météore est entré en colision avec la Terre, obligeant les habitants de la planète bleue à creuser des galeries et des villes caves. 450 ans plus-tard, les survivants de cette catastrophe ont battis une ville souterraine, et ont établis une hiérarchie sociale des plus évoluée.

Il y a, de temps en temps, quelques effets de lumière, mais ils sont totalement inutiles.

Pour ainsi dire, on penserait que deux mondes cohabitent parfaitement, entre préhistoire et futur proche. Et c'est dans les premières galeries que vous attérissez (si je puis dire), devant une porte en bois massif. Cette dernière (comme toutes les autres d'ailleurs) s'ouvrant à la manière du vaisseau Enterprise (Star Treck, vous connaissez ?), cela donne un petit cachet science-fiction au tout.

Bref, au détour des premiers couloirs de pierre, vous tomberez sur un homme blessé qui vous révèle qu'il y eu une révolte des paysans Ort (une race peu évoluée d'humains), et qu'il en est le dernier survivant. il vous demande de lui dénicher de quoi le soigner, en arpentant la petite ville grossièrement creusée.

Ce sera là votre principale quête, trouver des objets pour les ramener à des personnes qui les demandent. Elles vous donneront d'autres items à troquer contre des clés ou autres talismans, servant à résoudre des énigmes simplistes comme ouvrir des portes, par exemple. Donc, vous devrez faire d'innombrables aller-retours, scruter les textures pour y découvrir un item caché, comprendre certains mécanismes,...un peu comme un Tomb Raider en fait, l'exploration des hauteurs en moins.

 

RIXES INEGALES

Bien entendu, vous devrez également vous confronter à des créatures plus ou moins hostiles. S'il persiste des humains qui vous aideront (enfin, ils vous exploiteront surtout), vous rencontrerez aussi des ennemis qui vous aggresseront. Dans le premier niveau, vous vous batterez contre des paysans Ort, qui ressemblent à des orques ou des hommes des cavernes. D'abord, le cri qu'ils poussent en vous voyant est très éloquent quant à leur intelligence potentielle. Puis, leur tactique de combat est loin d'être au point, surtout lorsqu'ils sont plusieurs... En fait, ils attendent chacun leur tour pour vous frapper, bien sagement. Vous n'aurez jamais deux adversaires en même temps...à croire qu'ils ont tous pris un numéro à l'entrée et qu'ils attendent q'on les appelle.

Les dialogues sont traduits de fort belle manière, mais le jeu d'acteur est minable.

Pour vous défendre contre eux, vous pouvez frapper de 3 manières différentes. Un coup droit, un coup à revers et un coup  la verticale (ohla, on est au tennis là ?) Etrangement, il n'y a aucune différence entres ces trois frappes, elles ont le même impact sur l'ennemi, que ce soit au niveau des dégâts qu'au niveau de la stratégie. En laissant un bouton de coup appuyé, vous déclencherez une frappe plus forte, et une belle gerbe de lumière inutile.

La stratégie des affrontements est simple. En touchant une fois un ennemi, vous pouvez, en trouvant un rythme adéquat, enchaînner trois coups à la suite. Puis, l'adversaire se protègera et, en calculant bien votre timing, vous pourrez recommencer, sans que ce dernier puisse réagir. Vous pouvez aussi parer les coups adverses, puis enchaînner les vôtres. Rein de plus facile...sauf que...

...et oui, il y a un petit hic, totalement idiot et incompréhensible. Certains adversaires seront immortels, et rien ne vous l'indiquera réellement. D'ailleurs, ces Highlanders protègent souvent une caverne vide, et sont, qui plus est, armés jusqu'aux dents. Si quelquefois, ils sont dans des endroits que vous n'êtes pas obligés de visiter, ils sont souvent dans des couloirs de grands passages (voire de passages multiples). Vous perdrez donc des points de vie inutilement, sachant qu'il sera impossible de les mettre à terre. Alors, une seule question viendra à nos esprits vifs et véloces : pourquoi ?

 

A QUOI TU JOUES ?

Les dialogues sont légions, un peu comme un point'n clic standard. Mais, en général, les doublages sont excellents dans ce genre de jeu (Les Chevaliers de Baphomet, par exemple). Par contre, ils sont d'un ridicule ici, et de deux manières qui plus est.

Comme à la sécu, les adversaires font la queue devant vous...quelle galanterie...

Soit les acteurs sont peu motivés, et débitent des paroles sans intonnation quelconque (le barman), soit ils sont surmotivés et parlent avec des exagérations vocales stupides (le marchand). De plus, quelques bizarreries voient le jour, comme le soldat blessé qui commence sa phrase en disant son nom...il n'a pas du approcher beaucoup de femme celui-là... De plus, il faut en temps de chargement pour chaque échange vocal, et il est quelquefois très long (jusque plus de dix secondes pour les plus longs). Pour des jeux d'acteurs aussi mauvais, ça ne vaut pas trop le coup d'attendre.

Beth (c'est la nièce de Merlin, très médiéval comme nom) se dirige simplement avec les touches directionnelles (pas encore de stick analogique), mais ses mouvements sont d'une raideur icomparable. Là où Lara Croft pouvait faire des mouvements très souples et intuitifs, Beth à l'agilité d'un tronc d'arbre centenaire. Lorsqu'elle court, cela ressemble à une marche en accéleré (c'est le cas d'ailleurs), et les commandes ne sont pas adaptés, ce qui rend les virages impossibles à négocier.

La caméra reste derrière elle, sauf lorqu'elle est dos à un mur ou une porte. Heureusement, un second point de vue est disponible, et éloigne la caméra de l'action, la rendant plus visible. Mais, si vous avez le malheur de vous déplacer avec cette dernière, le caméraman devient complètement bourré et ne vous suivra plus du tout. Crises de fous rires (et de nerfs) garanties...

 

LA CHANDELE SANS VALEUR

D'un point de vue graphismes, c'est assez propre. On reconnait les différentes textures et les couleurs, bien qu'assez ternes et utilisant souvent les mêmes jeux de couleurs. Mais les protagonistes sont laids au possible, et ont des animations mal calculées (il persiste beaucoup de bugs de collision). Pire, ils se ressemblent tous, que ce soient des amis ou des ennemis. Par contre, les items sont souvent de la même couleur que les décors, ce qui rend leur découverte relativement difficile. Mais la palme revient à Beth, qui a la tronche d'un orang-outan mal formé, et qui, dans la verison japonaise et américaine du jeu, avait un string. Mais, la censure française est passée par là, et a remplacée ce "coupe crotte" par une couche pleine...au moins, elle ne se gèlera pas le cul dans ses souterrains... Quelques effets de lumière sont sympatoches, mais trop peu nombreux. Quant aux différents décors, ils se ressemblent souvent d'un niveau à l'autre, et sont presque tout le temps vides.

Pour ouvrir certaines portes, il faudra assembler des items improbables, quelquefois.

Musicalement, c'est une purge. Des thèmes vaguement technos en boucle, sans aucune saveur, accompagnent des voix mal jouées et qui sont toutes similaires. Les cris des ennemis sont ridicules, et souvent énervants à la longue. Brf, si l'ambiance physique est à peu près bonne, l'ambiane sonore est une catastrophe, et la bande son est loin d'être en accord avec le ton médiévalo-futuriste du soft. Coupez les enceintes de votre console...

Si Beth se contrôle assez facilement lors des phases d'exploration, les combats sont, quant à eux, dénués d'intérêt. Frapper, parer, frapper, parer, frapper...c'est trop simpliste tout ça, surtout que les adversaires ne vous attaquent pas à plusieurs, et attendent leur tour gentillement. La caméra est peu fluide, et se déplace de votre dos si vous êtes contre un mur. Et ce n'est pas la deuxième vue qui vous aidera plus, car elle s'éloigne bien trop de l'action, et devient complètement folle et incontrôlable. Les mouvements de l'héroïne sont raides, et ses animations sont mal décomposées.

Le scénario ne vaut pas grand chose, vous l'avez compris. C'est quasiment du viol historique à ce niveau, et les développeurs auraient pu être poursuivis pour ternir ainsi une des plus grandes légendes de notre temps. Quant à la durée de vie, elle est grande si vous survivez aux ennemis immortels, car il n'y a pas de sauvegarde possible, même entre les niveaux. Seuls une série de symbôles vous donnera le droit de recommencer le dernier niveau. On se croirait revenu plusieurs années en arrière...à l'époque 8 et 16 bits (et encore, les premiers jeux 16 bits, un système de sauvegarde existant par la suite sur les cartouches).

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Mon Dieu, comment un tel désastre a pu voir le jour... Avec un scénario proche du trou noir, des animations saccadées et mal calculées, des combats trop faciles ou carrément impossibles, une musique complètement inaudible (même si vous aimez la techno), des acteurs terriblement mauvais, rien de bon ne semble emmerger de ce jeu...est c'est bien le cas. Même les quêtes sont ennuyeuses, car il faut toujours trouver des objets afin de les remettre à un personnage qui nous donnera un autre item. Une vraie histoire de Sysiphe (condamné par les Dieux grecs à poussé une boule de pierre géante en haut d'une colline, qu'elle dévalera par la suite, inéxorablement). Seuls les décors tirent un peu leur épingle du jeu, bien qu'étant plutôt dans la moyenne, surtout que certains objets arborrent les mêmes textures que les décors environnants. Un conseil, préférez la série des Tomb Raider...

 

EPEE MAGIQUE : graphismes dans la moyenne, personnages marrants, beaucoup de voix digitalisées...

EPEE BRISEE : ...mais terriblement mal jouées, scénario risible, jouabilité mal pensée, durée de vie trop aléatoire, quêtes similaires entre elles, bande son inaudible, et tout le reste en fait.

 

Graphismes : 11/20.

Sons : 02/20.

Jouabilité : 10/20.

Scénario : 03/20.

Durée de vie : 06/20.

 

Sentence

05/20

 

Genre : aventure/action.

Année : 1997.

PEGI : 12 +.

Développeur : Tempest Software.

Editeur : Telstar.

Difficulté : fluctuante entre trop facile et impossible.

Qui se ressemble : Tomb Raider, Resident Evil, Alone in the Dark, Silent Hill, Chronicle of the Sword (pour l'ambiance).

 

En cadeau, je vous laisse découvrir la vidéo du Joueur du Grenier sur ce même jeu... A consommer sans aucune modération.