Vous avez adoré Alundra, et êtes arrivé à la fin par pur miracle ? Le second opus vous a largement laissé sur votre faim, et a provoqué en vous une sorte de manifestation violente contre les développeurs de ce dernier ? Vous aimeriez avoir un jeu surfant sur le genre, avec un monde tout nouveau, tout beau ? Technomage vient a votre rescousse à point nommé...mais est-il réellement un sauveur ?

 

HISTORIA XENOPHOBIA

Vous êtes Melvin, et vivez dans un monde totalement imaginaire, où les moeurs ne le sont pas tant que cela. Vous habitez avec votre mère, dans une petite maison du village paisible de Dreamertown. Dans ce royaume, il existe deux types de civilisation. Les Dreamers sont des magiciens et ont droit au savoir universel qui les rend érudit. Leur langage est assez soutenu, et les habitants de cette ville sont plutôt maniérés. Plus loin, il y a Steamertown, peuplée des Steamers qui sont des ouvriers et des mineurs. Eux, ils contrôlent l'industrie et la métallurgie, sont relativement sales et jurent à tout bout de champ. Entre les deux peuples, ce n'est pas l'entente cordiale, au contraire.

En faît, ils vivaient en harmonie, jadis. Mais leur cission fut mal vécue par chacune des deux communautés, s'accusant l'une et l'autre de tous les maux en résultant. Bref, une petite guerre froide s'est installée progressivement, et personne ne sait vraiment quel est l'origine de cette dispute dorénavant.

Le jeu gère le temps qui passe, le jour et la nuit, ainsi que la météo. Mais cela ne sert pas à grand-chose.

Et le problème est que vous êtes un croisé de ces deux peuples. Votre mère est une dreamer et votre père un Steamer. Le résultat est un personnage érudit en magie, et très débrouillard pour le combat et la technologie. Jaloux de vos capacités mixtes, les autres habitants n'auront de cesse de vous railer à longueur de journée. Seuls quelques enfants, et votre oncle, tolèreront votre présence. Mais soudainement, des séismes commencent à dévaster le royaume, n'épargnant pas la petite ville tranquille. De plus, des monstres attaquent des convois commerciaux qui alimentent Dreamertown. Histoire de se rassurer chimériquement, le peuple des Dreamers vous accusent de ces disfonctionnements, et vous chassent allègrement de la ville, dans la joie et la bonne humeur. Vous décidez donc de rejoindre votre paternel, dans la ville voisine et ennemie : Steamertown.

 

CHERCHE LYCOS, CHERCHE...

Dès le début de l'aventure, vous comprendrez votre situation très précaire de personne indésirable. En parlant aux autres personnages, beaucoup vous répondront comme si vous étiez un lépreux, ou un quelconque malade contagieux. Bref, l'égalité des peuples n'est pas de mise par ici...

Des boss à vaincre, de l'action, de la plate-forme...pas de doute, c'est un clone d'Alundra et de Zelda.

Pourtant, ces mêmes gens n'auront aucun scrupule à vous demander de menus services, mal (ou pas) payés, et sans aucune gratitude par la suite. Bien entendu, il s'agira de petites quêtes simplistes comme rapportés des livres, donner le goûter d'une petite fille, tuer des rats dans une cave... Passionant donc...

Des petits services simples qui vous demanderont tout de même quelques compétences, comme le don de voir à travers la bouillie de pixels omniprésente. Certains décors sont si laids que voir un objet posé à proximité vous décollera la rétine. Et le mariage de la 2D (les items, les personnages) et de la 3D (les décors) se fera avec pas mal de heurts. Cela devient flagrant surtout lorsque le joueur bouge la caméra de droite à gauche (ou inversement). Si les décors tournent sans problème, les personnages n'auront que quatre angles de vue différents (devant, derrière, sur les côtés).

Les combats sont tout aussi préhistoriques. La commande de frappe s'exécute avec un petit temps de latence qui vous sera souvent fatal, et le frame rate du jeu est très saccadé lorsque l'écran est quasiment vide. Alors, imaginez lorsqu'il y a plusieurs ennemis présents... Bref, c'est presque inouable.

 

IL Y A DE L'IDEE

Et c'est fort dommageable, car il persiste quelques bons points de ce jeu. Tout d'abord, il y a de vrais éléments de rpg, et pas seulement une gestion de l'inventaire avec des items à récolter et à revendre. En terminant des quêtes annexes et en éliminant des adversaires, vous engrangerez des points d'expérience qui, une fois en nombre suffisant, vous octroieront des points de compétences que vous distribuerez dans différentes caractéristiques, comme la force, le mysticisme, l'intelligence ou la constitution. A vous de faire un personnage plutôt Dreamer, plutôt Steamer, voire les deux en même temps.

Les éléments de rpg sont sympathiques, mais ne relèveront pas le jeu.

Puis, vous gagnerez des compétences spéciales au fil de l'aventure, comme le droit d'utilitser la magie. Et en défaisant les ennemis, vous ramasserez de l'argent qui vous permettra d'acheter des armes, des armures ou des potions et autres ingrédients. Tout comme un jeu à la Zelda, vous devrez faire des allers-retours dans votre inventaire afin de choisir le ou les éléments qui vous aideront à avancer dans l'histoire.

Heureusement, les items de quête s'utilisent automatiquement lorsque vous vous trouvez au bon endroit. Mais la difficulté reste de découvrir ce que vous tenez en main, et se repérer dans les villes et autres donjons. Ces derniers sont plutôt bien agencés, mais les graphismes se ressemblent tellement (notamment les sprites de personnages) qu'il est bien trop facile de se perdre bêtement. bien sûr, une carte est diponible, mais elle est également illisible, même avec des icônes explicatives.

 

POURQUOI TANT DE HAINE

Les petites scènes cinématiques sont bien sympathiques, même si on a vu bien plus joli dans des jeux de même génération (FFIX par exemple). Mais c'est lorsque le jeu commence que nos yeux sont attaqués par tant de bouillie pixélienne, aussi bien au niveau des décors que des protagonistes. Franchement, c'est d'une laideur sans nom, et l'accouplage de la 2D avec la 3D est horrible. Non, ça ne colle pas du tout. Je n'ose donc imaginer ce que cela donnerait sur un écran HD, avec de l'upscaling... On ne voit quasiment rien  l'écran, surtout les ennemis qui se fondent trop facilement avec les décors en mode zoom. Même les dialogues écrits sont totalement illisibles, tellement ils sont pixélisés. Heureusement que le jeu est totalement en français.

Le soft est entièrement traduit de fort belle manière, mais le jeu d'acteur plombe le tout.

Les voix sont crachotantes, mais elles sont tout de même de qualité. De plus, il y en a un paquet, car chaque personnage, aussi non-important soit-il, dispose d'une petite phrase. Par contre, le jeu d'acteur est vraiment de série Z. On se croirait devant un film d'horreur des années 80, ou d'une production de collège perdu dans les montagnes vosgiennes. Les musiques sont de bonnes factures, quant  elles. De la bande son symphonique, des milliers de bruitages donnant une réelle ambiance, ça nous chatouille agréablement les tympans. Dommage, la bande son est trop effacée par rapport aux dialogues...

Si contrôler Melvin est d'une simplicité enfantine sur le papier, il en est tout autre sur le terrain. En effet, notre héros est bien trop rapide dans ses déplacements, mais pas assez véloce lors des combats. Un paradoxe qui vous coûtera souvent quelque crise de nerfs bien senties. La caméra est d'une grande fluidité, mais peine énormément lorsqu'il persiste beaucoup d'animations à l'écran. Surtout que, tourner autour de sprites en 2D, c'est moche. Finir les mini-quêtes, qui sont nombreuses mais redondantes, deviendra un véritable sacerdoce, car il sera difficile de distinguer quelquechose, et même en bougeant la caméra. De plus, il est possible de zoomer sur l'action, mais cela pixélisera encore plus le tout, alors on s'abstient...

Quelques mini-jeux sympas agrémentent l'aventure, mais l'animation est à la hauteur du reste : famélique.

Le scénario est plutôt soigné avec des questions existentielles et des thèmes abordés proche de ce que certains peuvent vivre de nos jours. Xénophobie, intolérance, stygmatisation, de véritables problèmes que beaucoup rencontrent dans la vie quotidienne. Et la durée de vie est conséquente, pour qui aura le courage de prolonger l'aventure, et n'aura pas peur de finir avec une cécité grave...

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Tant de bonnes idées qui passent quasiment inaperçues à cause de tares vidéoludiques récurentes, cela me donne la nausée. De bons éléments de rpg, un scénario riche et bien développé, une bande sonore magnifique en adéquation avec le style de jeu et l'ambiance, voila ce qui aurait dû ressortir de ce soft. Mais Technomage multiplie aussi les erreurs impardonnables. Les graphismes sont hideux et pixélisés, au point que l'on ne voit rien à l'écran. La jouabilité est digne d'un mauvais jeu Atari 2600, et le jeu d'acteur fait rire tellement il est mauvais. Du coup, la qualité d'intégrer un bon nombre de voix digitalisées devient une tare. C'est réellement navrant. Plutôt que de plonger dans cette histoire pourtant bien menée, préférez ressortir un Zelda ou Alundra...enfin le premier...

 

MAGIE FLAMBOYANTE : bande son de qualité, scénario travaillé, plein de mini-quêtes, éléments de rpg bienvenus, plein de voix digits...

PETARD MOUILLE : ...mais très mal jouées, graphismes préhistoriques, jouabilité pleine de rhumatismes, mariage 2D/3D râté, personnages sans saveur, du gâchis vidéoludique.

 

Graphismes : 06/20.

Sons : 12/20.

Jouabilité : 08/20.

Scénario : 18/20.

Durée de vie : 16/20.

 

Sentence

11/20

 

Genre : aventure/rpg.

Année : 2001.

Développeur : Sunflowers.

Editeur : Infogrames.

PEGI : tous publics.

Difficulté : moyenne.

Qui se ressemble : Alundra, Tail Concerto, la saga Zelda.

 

Trailer de Technomage.