Après le bon petit succès d'Alundra, Activision a eu l'excellente idée de sortir sa suite, appelée logiquement Alundra 2. Mais là, on peut s'interroger brièvement sur ce titre, car le héros n'est pas Alundra. Enfin...un petit voyage au milieu de la piraterie moderne ne serait pas pour nous déplaire, et pourtant...on ne pouvait pas faire plus cauchemardesque comme aventure... Récit d'une sinécure qui peine en longueur.

 

LA QUESTION QUI TUE

Déjà, commençons par le nom du protagoniste qui, me semble-t'il, n'apporte rien de commun avec le titre du jeu. Pourquoi appeler un jeu Alundra 2, sachant que le premier opus portait le nom du personnage principal, alors que maintenant, il s'appelle Flint. Il y a une logique qui nous échappe là... Mais bon, ce n'est pas grave en fin de compte, juste un petit détail.

Vous êtes donc Flint, un adolescent insignifiant évoluant dans un monde technologique proche du nôtre. Je dirais en fait que l'environnement ressemble beaucoup à un pays industrialisé, mais en voie de développement, un peu comme la France du XIXième siècle. Notre héros est un chasseur de pirate reconnu, et passe son temps à courir après une multitude de bougres, détrousseurs de vaisseaux et de voyageurs.

Les angles de caméra rendent les phases de plates-formes trop difficiles. Un réajustement permanent doit-être fait.

Dans ce monde quasi-moderne, Mephisto en est le gouverneur, et y appose une discipline de fer. Ses sbires sont des robots, mûent par une clé dans leur dos, mais étaient d'anciens humains emprisonnés. Manipulé par ce vil personnage, le Baron s'est accoquiné avec la guilde des flibustiers qui saccage tous sur son passage. La fille du Baron, Alexia, est une guerrière éméritée, et part à la recherche de Flint, pour mettre fin au pillage des pirates.

Mais rapidement, vous comprendrez que ces corsaires ne sont pas le véritable problème du royaume. En effet, en pleine mission, vous tomberez sur Zeppo, un chef d'une unité pirate qui, malgré son caractère colérique et sa grande maladresse intellectuelle, est une bonne pâte. De plus, sa fille, promue à ui succéder, tombe littéralement amoureuse de Flint, et le spoilera à maintes reprises.

 

CLICHES MAL PRIS

Je sais que pour nous faire deviner que nous nous adressons à des pirates, il est des techniques relativement faciles. Mais là, les clichés sont trop énormes. Bandeau sur l'oeil, cigare aux lèvres, jambe de bois, crochet à la place d'une main, tee-shirt rayé jaune et noir,... sérieusement, cela devient vraiment ridicule de stygmatiser autant la flibusterie.

A la fin de chaque donjon, il faut affronter un boss avec une technique plus ou moins élaborée.

Le jeu est est totalement en 3D, et heureusement, nous pouvons manipuler la caméra dans (presque) tous les sens. Le but du jeu est principalement d'atteindre les hauteurs d'un donjon afin d'y affronter un boss, puis de redescendre en catastrophe via quelques mini-jeux pas mal fichus.

En aprentant des couloirs ou des salles, des énigmes nous sont proposées...et quelles énigmes...souvent, il s'agit de trouver le moyen d'atteindre un endroit précis du labyrinthe. Pour ce faire, il faut comprendre le mécanisme pour y arriver. Frapper des blocs magiques, passer aux bons moments, éviter des pièges ou des projectiles, détruire tous les ennemis environnants, se confectinner un escalier de fortune avec des éléments qui lévitent et bougent sans cesse,...de quoi bien s'amuser et s'arracher les cheveux (encore une fois, décidement, vous risquez la calvatie si vous enchaînnez cet opus avec le premier).

De par le placement discutable de la caméra, ce mini-jeu sympa devient assez injouable.

Car dans cet épisode, la difficulté à été mieux dosée...du moins au début. Mais rapidement, vous tomberez sur des casses-têtes qui porteront admirablement bien ce nom. Et l'ajoût de la 3D ne facilitera pas la chose, mais alors pas du tout. En fait, votre position dans l'espace sera assez compliqué à déterminer, car la caméra sera bien trop éloignée de votre personnage. Et si vous la rappochez, vous n'aurez plus de point de vue assez vaste pour vous permettre de voir quelque chose. Bref, il faudra jouer avec le positionnement droite/gauche de la caméra sans arrêt, et cela deviendra un véritable calvaire, d'autant plus que cette dernière est d'une lenteur exaspérante. Ce n'est pas ennuyant dans les phases de plates-formes conventionnelles, mais cela le devient lorsque le temps vous est compté. Vous devrez effectuer des sauts périlleux à l'aveugle, ne sachant pas si vous êtes bien positionné pour vous recevoir en toute sécurtié. Et, comme de bien entendu, vous subirez des dégâts en vous ramassant en bas.

 

ELEMENTAIRE MON CHER JOUEUR

Si vous n'avez que peu de coups pour vous défendre au commecement de l'aventure, vous n'en aurez pas davantage par la suite. En effet, Flint ne frappe avec son épée ou d'autres armes que de la même manière. Seuls les dégâts sont différents, ainsi que la rapidité des assauts. Vous avez un inventaire du même type que celui du premier volet, avec des items en nombre limité, et des effets à équiper (armure, bouclier, arme).

Malgré que les énigmes ne soient pas si compliquées, la maniabilité les rendra difficiles.

Par contre, en évoluant dans le scénario, vous obtiendrez le droit d'utiliser la magie élémentaire. Et les énigmes demanderont un emploi judicieux de celle-ci. Outre les sempiternels orbes magiques à allumer, les blocs magiques auront également besoin de magie pour pouvoir se mouvoir. Alors avec les problèmes de caméra, cela vous donnera de bons maux de têtes, et encore moins de cheveux à arracher...

Deux jauges seront présentes à l'écran. Vos points de vie et votre mana. De plus, votre arme et votre bouclier seront représentés par deux icônes, ainsi que votre argent en poche et une boussole représentant aussi l'élément magique séléctionné. Si certains de ces éléments sont pratiques pour vous repérer, d'autres sont totalement inutiles. Pire, ils gêneront fortement la visibilité à l'écran, et vous demanderont, encore une fois, de positionner la caméra différement, rendant ainsi les phases délicates encore plus impossibles.

En extérieur, les couleurs sont plus chatoyantes, mais reste assez pixélisées. Ce gros livre vous permet de sauvegarder, et ne se rencontre pas souvent.

Outre ces phases de plates-formes, de résolution d'énigmes et de destruction d'ennemis, vous avez également des petits mini-jeux sympathiques en général. Mais, et au risque de radoter, la caméra se placera de manière obligatoire (souvent devant le personnage, et donc en reculant), ce qui rendra ces phases souvent riches en adrénaline pas bien maniable. Par exemple, la descente du premier donjon sous forme d'une course poursuite avec un boss en forme de boule géante sera vraiment riche et rapide. Mais cette vue de devant rendra l'évitement des pièges (des trous) et le ramassage des items (des pièces, mais aussi des bonus) complètement aléatoire...à moins d'avoir des réfelxes de ninjas surdopés aux EPO...ou de s'appeller Armstrong...

 

THE PIRATE'S BAY

Afin de s'accomoder de la mode du moment, le jeu est tout en 3D, décors comme protagonnistes. Certes, les couleurs sont plutôts chatoyantes par moments, et apportent un style assez acidulé aux graphismes. Mais justement, là où le premier opus était bien noir et adulte, on retombe en enfance ici, avec un héros très gamin qui ne parle pas. De plus, le mélange de certaines couleurs est tout simplement hideux, et le mariage de certaines d'entre elles ne prend absolument pas et devrait se finir par un divorce houleux. Sans compter que le constraste entre des personnages colorés et des décors bien plus ternes et gris ne nous enchante pas la rétine. Pire, les protagonistes sont tous bugués à mort et voient leurs textures clignoter sans cesse. Si ce genre de problème peut passer sur des jeux en 3D de génération passée, tels Tomb Raider ou Soulblade, c'est complètement inexcusable ici. On est en 2000, tout de même...

En parlant des décors, ils soufflent le chaud et le froid en permanence. Si en extérieur, ils sont bien jolis quelquefois, avec des villes bien structurées, les donjons sont, quant à eux, d'une qualité très inégale. Couloirs trop étroit (difficile d'y pénêtrer, problème de collision), textures pixélisées, placement des plates-formes très imprécises, on ne se bousculera pas pour y entrer. Même le didcatiel est relativement compliqué à finir. Heureusement, si les voix sont en anglais, les dialogues sont entièrement traduits en français. Mais, là encore, le résultat est assez inégal, car il y reste pas mal d'expressions mal traduites. Néanmois, cela reste compréhensible.

Admirez le chara-design inspiré des pirates... Crochet, bandeau, pull à rayures, ça c'est original...

Au niveau de la bande son, les musiques sont audibles, mais ne cassent pas trois pattes à un chaton. Pour comparer, elles sont oubliables par rapport à celle d'Alundra 1er. Les voix digitalisées sont un peu crachotantes, mais sonnent assez justes, bien que surjouées quelquefois. Par contre, Flint ne parle pas, mais fait quelques bruits ou profèrent des onomatopées de temps à autres . Toutefois, elles sont bien trop rares pour parler d'expressions. Et cela ne donne pas assez de crédit au personnage, ce qui le rend bien insignifiant face aux pirates collants qu'il rencontrera.

Le scénario est d'une conventionnalité exaspérante. Sauver un monde mené d'une main de fer par un magicien noir et tyrannique, on ne l'a jamais vu... Mais le pire reste que l'univers édulcoré et le héros bien trop infantilisé le rendent bon-enfant, surtout que toute la dimension tragique de son aîné a totalement disparue ici. Quant à la jouabilité, elle est horriblement mal définie. Les changements de point de vue demandent que Flint soit immobile, sinon son changement de direction ne se fera pas automatiquement. Cela devient quasiment injouable, et cela jouera méchamment avec vos petits nerfs déjà mis à rude épreuve. Ajoutez à cela une sacrée difficulté dans les énigmes, mais aussi dans les combats, et vous obtiendrez un soft insipide et indigeste. Dommage, car la durée de vie est conséquente pour qui aura le courage (je serais même tenté de dire la témérité) d'en venir à bout, mais la longueur du scénario est surtout due à la difficulté générale du jeu.

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Je n'attend pas souvent quelque chose de bon dans les suites de softs ou de films. Mais là, toute l'essence du premier Alundra a tout simplement disparue. Pas de quête épique, pas de rebondissement dans l'histoire, aucune goutte dramatico-tragique ne suinte du scénario. La maniabilité est exécrable, et ce, dès le début du jeu. Même dans les villes, la caméra est mal placée et on ne voit quasiment rien. Alundra 2, qui porte très mal son nom au vu du nom de son héros, ne fait pas du tout honneur à son grand-frère. Et c'est réellement dommage, car les puzzles à résoudre sont de bonnes factures, et les quelques mini-jeux sont sympathiques. Mais, comme pour achever une bête abbattue par un chasseur, les graphismes trop colorés, mal agencés entre eux, et truffés de bugs d'affichage, finissent de ternir le tableau. Préférez-lui le premier épisode, car il ne représente pas une suite digne de ce nom.

 

LA LEGENDE EST NEE : énigmes bien pensées, mini-jeux sympas, quelques éléments de RPG, localisation française.

LA LEGENDE EST MORTE : graphismes bugués et trop colorés, décors ternes et trop contrastés avec les personnages, scénario trop gnan-gnan, héros insipide et insignifiant, aucune ambiance, caméra mal gérée, jouabilité d'un autre âge, des clichés effarants.

 

Graphismes : 08/20.

Sons : 14/20.

Jouabilité : 06/20.

Scénario : 10/20.

Durée de vie : 16/20.

 

Sentence

09/20

 

Genre : action/aventure.

PEGI : tous publics.

Année : 2000.

Développeur : Matrix Software.

Editeur : Activision.

Difficulté : inimaginable.

Qui se ressemble : aucun soft, je l'espère...

 

Pour changer un peu, voici une petite vidéo du jeu assez marrante.